Pendant le weekend

Oublier Paris #39

Je me souviens du « Droit au logement », cet immeuble qui fait le coin, cette rue qui va à celle de France, de banque, je me souviens d’il y a trente et un ans, nous en avions presque trente, le voilà le changement, quelque temps avant Barbara (merci  Dominique pour le lien) chantait puis brisait sa voix, t’en souvient-il ? L’hippodrome de Pantin, les fausses Halles de la Villette

capturée sur l’arrière d’un plan, dans le parc, comme les temps changent…

c’était l’époque de la bibliothèque de l’Idhec sur l’autre rive du canal, l’époque lointaine où je ne votais pas.

Tout à l’heure, allant au séminaire (je suis séminariste, donc) j’aperçois cette plaque du grand voyageur.

Puis, faisant le tour allant sur cette place il y a sur cet immeuble qui réalise à lui seul un petit bloc, cet autre plaque

C’est le temps qui veut ça, puisqu’il fait doux, puisqu’il fait beau, puisque enfin le ciel s’est un peu éclairci, qu’on ne va plus faire la chasse aux Roms, qu’on ne va plus se vautrer dans cette ignominie qui voulait, c’en est fini, oui, qu’on reconduise à la frontière (quelle frontière ?) ces trente mille pauvres (car ils sont pauvres, car ils sont faibles, car ils sont sans statut), maintenant que c’en est fini,  espère-t-on, de ces couleuvres, de ces mensonges, de cette haine de la culture

de ces mouvements du menton, de ces tics, de ces sourires qui cachaient ces dents avides, maintenant que ce temps est fini, je suis dans cette ville, à regarder ces maisons traversantes

à regarder ces bizarres festons,

sur cette annexe du ministère du budget,

cette préfecture ou cette perception, je ne sais pas exactement

maintenant que comme il y a plus de trente ans parvient au pouvoir un homme de gauche (HEC, certes, Science Po sans doute, ENA  en faut-il ? peut-être…), bien sûr que l’espoir est là, tout comme le marché, bien sûr qu’on essayera de se montrer à la hauteur, comme les Grecs, comme les Portugais, cette Europe et cet euro, évidemment qu’on espère mais durant ces cinq ans, comme durant les trente un qui sont passés et les autres encore précédents, avons-nous seulement un jour, une fois, à quelque reprise, saboté le travail ? Mis des bâtons dans les roues de ces gouvernements successifs ? Tenté l’obstruction et délégitimé comme ose le faire cette édile les divers occupants de ce palais du faubourg Saint Honoré ? Inique et tellement bas.

Il y a des choses à faire, et quel que soit le gouvernement, le président, la première dame de France, quelle que soit la République ou la loi, ces choses restent à faire. Nous les avons faites, comme nous les faisons et les ferons demain, il s’agit de notre travail et de notre don au monde, de notre envie qu’il avance et que nos enfants participent à son élaboration, à leur mesure, avec l’aide de l’Etat et non sans son soutien, ou pire, en le sachant cynique ou pervers comme il l’est encore sans doute, si nous n’y prenons garde, dans les préfectures et les commissariats, je ne sais pas exactement, croire ou non en ces nouveautés, mais il le faut bien, des lendemains meilleurs, et des ciels plus cléments, c’est le moins qu’on puisse (encore) espérer.

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    En face (que me font décoller ces piles !…) : « Enfer ou Ciel », Joel-Peter Witkin, BnF, galerie Mansart, rue Vivienne