2039 Dimanche 9 Janvier
j’ai l’impression d’être sans cesse en retard – il me faut courir mais je n’ai pas la force ni la capacité respiratoire – je sue et m’essouffle – j’agonis la pluie, je hais le brouillard – allons-nous en, viens –
c’est insuffisamment que je lis – je fatigue et je rêve – je dors trop – je m’essouffle
quelque chose avec le cinéma (très longtemps il m’était apparu comme une impure déchéance, je le ressens toujours)
je me souviens de la vodka de Joseph Losey ou des costumes impeccables de Fritz Lang – pourquoi pas d’ailleurs ? – le cinéma comme l’antichambre des enfers – j’ai eu un jour une amie qui faisait sa thèse sur le film pornographique, et un peu comme pour celui fantastique, il était des genres qui me blessaient
on voyait trois ou quatre films par jour – à la fin ils se valaient tous plus ou moins – dès le générique on savait à quoi s’en tenir – plus ou moins – c’est pour ça les génériques – on se trompait rarement – j’ai oublié, je suis allé écrire une lettre au directeur de l’unité de valeur, parce que lui écrire des résumés de livres pour son anthologie me faisait profondément braire – je n’avais pas le temps, il me fallait « gagner ma vie »comme on dit – « faites ce que vous voulez » m’a-t-il dit – je me suis retrouvé devant la table de montage, à la cave de l’institut puis à monter des boites de films depuis le quatrième sous-sol jusqu’à la camionnette garée au rez-de-chaussée rue Baudricourt, dans un caddy de la compagnie des chemins de fer (la voiture ne pouvait pas descendre sans doute trop haute ou quelque chose je ne sais plus) (j’aurais du passer mon Cap de projectionniste mais je n’ai pas eu la présence d’esprit de me présenter, j’étais déjà en retard…) – « juste une illusion, à peine une sensation » disait le chanteur de Téléphone –
(ici une vue de la Loire à son presque estuaire (à Paimbœuf, pour préciser : très joli petit coin) il y avait là un petit cinéma à l’abandon – Cinema paradiso peut-être) – à présent on porte un masque dans les salles -j’irai sûrement taleur d’ailleurs, « Mes frères et moi » je suppose – « travailler encore » chantait (sans doute la chante-t-il toujours…) le gros Nanar…
Heureusement, Lavilliers tient le coup et n’a pas abandonné sa ligne…
Cinémas de toutes sortes… vivement « Bas les masques » (avec Humphrey Bogart, si je me souviens bien) ! 🙂
« le gros Nanar » : un peu de respect s’il vous plait…
communion avec le début du billet…
pour la suite : mais n’en finirez jamais heureusement avec le cinéma.
@Dominique Hasselmann : oui, Humphrey y portait beau le nœud papillon (Richard Brooks, 1952)
#L’employée aux écritures : ah ce Nanar, ce qu’on peut l’aimer hein…
@brigitte celerier : l’ambivalence que j’éprouve à l’égard de ce mode de communication… merci (et tant mieux) pour la communion