plein est
« Tu n’as rien vu à Boshnyakovo » tu sais c’est tiré de ce film, Hiroshima mon amour (Alain Resnais, 1959) (c’est lui qui lui dit ça, elle lui répond « non, rien ») (lui c’est Eiji Okada, elle Emmanuelle Riva – scénar : Margot D.) – je ne connaissais rien de cette ville (un peu moins de quinze cents habitants) – elle se trouve sur une île, très au nord du Japon, laquelle île appartient, disons, à la Russie (Moscou, où sévit le tsariculet, se trouve à plus de six mille quatre cents kilomètres, à l’ouest) (au sud, le Japon (Hokkaïdo) n’est qu’à vingt kilomètres…) – que sais-je de cette île si loin, si écartée du continent russe, Sakhaline ? – marginale – goulagisée ? – toute en longueur – au sud-est on trouvera les îles Kouriles qui feraient un voyage magnifique en bateau pour du Japon, gagner l’Alaska et l’Amérique – c’est une autre affaire – ici, on se trouve à l’ouest de l’île, on arrive par la route, la terre y est battue
un dragueur peut-être sur la mer (intérieure – c’est celle du Japon)
il se peut qu’elle gèle – on approche, un phare bicolore un peu masqué
puis des grues qu’on ne verra que de loin
un port, à n’en pas douter
mais on ne le verra pas (objectif sans doute militaire ou autre, peu importe) on ne verra que peu de bateaux – l’arrivée marquée d’un cimetière (quand on vient du sud)
et indique la limite de vitesse à ne dépasser nulle part en ville
je n’ai rien vu à Boshnyakovo mais il y avait toutes sortes de ruines
un peu partout, disséminées, très années cinquante, très wtf gosplan
tellement en relation avec ce qu’on peut imaginer (mais qui ça, « on » ?) du pays le plus grand du monde – cette âme slave de la Guerre et la Paix – on passe sur l’arrière d’un bâtiment
debout sur le perron ce garçon – qui ne bougera pas
je lui suppose fumer une cigarette – la voiture passe, lui reste – je n’ai rien vu à Boshnyakovo mais il y avait pourtant un nombre (pratiquement) incalculable de carcasses automobiles
on manque cruellement de roues – mais tentons d’être justes, on répare quand même
il y a aussi des jeunes gens en mobylette
ou proches d’animaux – rien, il n’y a rien – mais des êtres vivants
des enfants au loin
petit zoom qui n’apporte que peu
si ils sont en vélo – et puis des oies des poules des lapins
des chèvres
et quelques chiens
et puis cet autre, là
celui-là
n’est pas seul : ici de loin, on l’aperçoit
sans doute est-ce sa maîtresse
elle attend
on le voyait un peu, gauche cadre (je te la repose, on n’en est plus à une image près)
le petit point noir, derrière le pylône là – c’est lui
peut-être qu’il sifflote
restons discrets (n’importunons pas le pékin) – nous n’avons rien vu à Boshnyakovo, sinon peut-être quelques side-cars
un bateau au port, un autre équipage, peut-être abandonné
dans l’herbe, c’est l’été
ici la température moyenne est de moins deux degrés – il y a un peu partout des tas de charbon, des tas de bois, on se chauffe comme on peut
attend-on le facteur
une vallée perdue
et du lilas ici
là
encore là
et là
plus quelques fleurs
et puis s’en aller
le billet a été réalisé sur les pas d’Olivier Hodasava qui, dans son tour du monde rêvé, mais virtuel, s’arrêtait un jour dans ce petit village. Qu’il en soit, ici, remercié.
toi tu en as tant vu à …. que ça en fait toute une histoire (oui je viens d’aller relire… à Boshnyakovo… dans le film je croyais qu’il disait « à Hiroshima »)
Un bien beau voyage… Cimetières de voitures (il y a aussi des casses d’auto en France, je me demande si les voitures Google s’y retrouvent un jour)… et réparations en tous genres : de quoi monter un garage.
Je me demande pourquoi les têtes des chiens ne sont pas masquées car, d’après leur étude, on pourrait identifier les zombies qui les possèdent. 🙂
superbe, grand voyageur !