Pendant le weekend

Carnet de voyage(s) #103

 

Toi qui entres ici abandonnes tout espoir de billet court – 33 images augmentées d’un millier de mots et quelques jours ailleurs…

 

l’occasion crée le voyage, sans la moitié du tiers d’un euro – découvert bancaire abyssale – le travail à jour on s’en va quand même et tant pis pour le reste – les affaires sont en suspens, les abruties sont de sortie et le monde ne cessera pas de tourner non plus – escale à Vienne – mais avant ça gare du nord

il y avait ce type qui chantait « Stand by me » (« oh darling, darling, stand… » etc…) une vraie merveille

« i won’t be afraid, no no no, I won’t » etc … adorables auspices, descente vers la voie 44 quelque chose, là

magnifiques prologues – celui qui l’accompagne, qu’on voit à gauche de l’image, s’en est presque échappé le temps qu’opère l’opérateur – train, la demi-heure, chercher sa porte, s’enfuir (en fait c’était la voie 43, pardon – en grec signomi)

croiser le #330 (on le voit mal, tant pis hein) puis changer, attendre, boire quelque chose ? manger ? voir

regarder

quelque chose de l’angoisse parfois – la chute de l’avion, l’aile le réacteur le train d’atterrissage qui ne se déclenche pas, qu’en sait-on de ces peurs irraisonnées – on ne la voit guère mais là, la lune en croissant, une rangée pour soi seul, lire « l’affaire Moro » (Leonardo Sciascia, 1978) tout en notant les noms des apparitions, les onorevole et autres goules

puis vers une heure trente (locale) à Larnaca, emprunter (8 euros) un minibus à destination de Nicosie, nuit noire et le lendemain la chaleur, le calme la tranquillité… puis passage de la ligne verte (dite Attila par les Turcs, tu vois le topo) pour aller en territoire occupé (Ankara règne) : ici une statue du commandeur (Mustapha Kemal Atatürk, en manteau)

juste à côté de la gare des cars – mini-autobus type douze places parfaits – direction Kyrenia (sur le bord de la mer, côté nord, à une vingtaine de kilomètres, la chaleur amoindrie par un vent doux assez présent tellement agréable – la tentation, et le but, c’est se baigner; la tiédeur le sable bouillant l’écume qui frissonne et les vaguelettes qui adoucissent la vie : bernique) – le klaxon prévient les piétons s’ils veulent aller dans la direction : parfait, les sourires, peu de femmes certes, mais des sourires et de la gentillesse

on a changé des euros – grâce à la politique magnifiquement intègre du nouvel élu (dimanche dernier, bourrages d’urnes et intimidations faisant, à peine, allez, il n’a mis en prison que cinquante mille « opposants ») à la présidence, si on obtenait pour 10 euros, 20 lires, on en a aujourd’hui cinquante…

la route longe la montagne

on discerne le vent dans les palmes, mais derrière, la propagande veille

un drapeau qui défigure le paysage, imprime sa marque, force le respect de la souillure… Chacun pensera ce qu’il veut – mais le truc est éclairé la nuit – tu comprends bien qu’il faut que ça se sache : cette partie de l’île, appropriée en 1974, n’est reconnue que par Ankara comme étant turque…  Le col est plus loin, on arrivera en ville, on cherchera durant de longues heures accès à la mer – tout est bétonné… – il est dit que près de cent mille personnes d’Anatolie ont été déplacées ici – on finira par trouver une place (le parasol – qu’on n’ouvrira pas, trop de vent – augmenté de deux transat, douches wc, cabines pour se changer : 10 lires la journée…- l’eau d’une douceur magnifique mais envahie de minuscules morceaux de plastique, on s’en ira… Chaud, trouver un havre, au port, un café frappé  (tarif 20 lires), ici un jeune homme qui contemple le passage du temps

une vraie gentillesse (j’ai pensé au côté Asie d’Istanbul, je me souviens de cette gentillesse d’un chauffeur d’autobus, tout autant) puis on rentrera, tranquillement, croisant ici ou là, d’autres manifestations de ce patriotisme imbécile (lapalissade)

à la nuit, quelque vieil homme assis sur une chaise de bureau

on le distingue à peine mais la qualité du bleu de la nuit, oui, on aura rencontré des amis, dîné croisé cette manifestation tout de même

, dormi, et on sera reparti dans la même direction, en passant par un caravansérail assez touristique

café turc (un euro), lampes à huile authentique, loukoum et piments en poudre

j’ai cru comprendre que l’effigie, double ici, représentait un libraire dont la boutique jouxte celle du café

on attendit un moment pour le cliché mais non il ne sortit pas

puis nous repartîmes, même direction pour trouver une plage, peut-être à l’ouest de la ville, mais non, bernique, même punition, béton, casino hôtel de luxe résidence de quatre quatre béton… alors derrière le fort

en dessous du terminus des cars (escalier multicolore, descente en pente douce)

havre de douceur, mais sur l’eau point de vaisseau sinon ce ferry au loin immobile… Au retour sur la quatre voies, on sera doublé par une procession d’une quinzaine de voitures klaxonnant à tout va, drapeaux turcs pavoisant aux fenêtres, hurlant leur joie et leur volonté de voir renouvelé le mandat du dictateur lors du scrutin de la semaine suivante… Le lendemain, on s’en allait déjà – sur le tableau de bord, le chauffeur avait coincé sa carte

une gentillesse, calme et tonique – vraiment quelle chance… – une vie douce peut-être (on avance en âge, on se dit qu’on irait bien vivre ici, sans souci du lendemain… mais quel rêve, quelle illusion)

on emporte avec soi l’épaisseur des ombres

la présence anglaise de STGME2 lors de sa première visite ici, juste après son sacre (j’en étais encore au liquide amniotique, mais bientôt (neuf jours plus tard, exactement) je verrai le jour) dans le musée sans images sinon celle-ci, et puis tarmac (non, ici c’est Roissy, au départ)

(ça ne change rien) escale à Munich (ainsi que dans le labyrinthe, on oblige à déambuler, la porte G1 est semblable à la 42 – on croise là des dispositifs neufs et étranges

des petits métiers dans l’ombre de gros avions

d’autres plus dans la lumière

et des gros avions

de multiples écrans

un encas (on embarquait en K10) très probablement typiquement teuton (on doit à la vérité de dire qu’il fut accompagné d’un verre de prosecco)

pour revenir à Paris en autobus (le chauffeur à moitié cinglé n’aime pas être photographié – aucune importance)

(la chance…)

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3 Comments

    avais presque autant de photos mais beaucoup moins de mots, et ici mots et images ont du sens (pas le cas dans mon cas) – merci de nous embarquer un peu avec vous

  • Vous avez ma procuration pour faire le tour de la terre si vous le souhaitez (mais à condition de tout nous raconter).

  • On ne va pas chyproter… Bel aller et retour et les photos donnent une image de la « gentillese » qui semble régner malgré le régime à la turque (comme on dit de certaines toilettes).

    Les images d’avions prises d’avion ont toujours un jeu « spécualaire » (et spéculatif) intéressant…

    Je ne connais pas cette île où le combat a cessé, dirait-on.