Vingt quatre deux cent trente sept
marchant dans la rue, là
un type inconnu deux cannes anglaises à la main (des béquilles aussi bien)
(si je le connaissais, je pense que je le reconnaîtrais sur le cliché), je ne sais pas vous mais moi, je me dis « que ferais-je si j’étais à sa place ? » ou mieux encore « que serait-il de moi si j’étais là avec mes cannes à monter la rue, avec mes sacs ? » où serais-je à son âge (il n’est pas complètement avéré qu’il soit plus jeune que moi, l’abondance de l’appareil pileux parvient à vieillir son porteur quelquefois), je pars et prends le métro, là-bas il y avait du soleil
des arbres aux teintes plutôt pures
comme en automne, c’est sans doute cette saison qui provoque ce vague-à-l’âme (le nec plus ultra du professionnel, c’est de n’en pas avoir – des états, je veux dire – et d’obéir sans réfléchir, au doigt, à l’oeil, comme un seul homme), je vais au travail – tout à l’heure il pleuvra, j’aurais abattu encore le travail d’un jour, et je m’en irai sous la pluie
(j’aime assez ce contemporain au coin droit bas du cadre, j’aurais pu le virer, tu me diras, mais non il est là, souriant sans doute à quelqu’autre de sa connaissance, ici les gens flânent, c’est le week-end on glande un peu, on est vêtu à la va-vite, on ne déjeune guère on passe le temps en se reposant)
tout de même… les canes il les tient d’une seule main comme quelque chose dont on peut se passer…
euh les cannes (les canes se sont envolées avant que je me relise)