Carnet de voyage(s) #72
Rubrique(s) : Carnets de Pierre Cohen-Hadria / Carnets de voyage(s) / Ville (ma) vue du sol
18 novembre, 2014 1
Le billet sur les arbres viendra un peu plus tard, ici c’est le voyage vers le phare.
Ici, il est matérialisé par des coursives qui vont sur le bord du port vers la Lanterna, immense bazar qui existe depuis des siècles (je crois 1100 quelque chose-je regarde et je vérifie : anéfé) et qui éclaire le monde (quelque 30 kilomètres à la ronde dit-on) (surtout sur l’eau) manifestant la réalité de la terre pour les marins.
Ces coursives (elles sont en bois et ferraille) forment un parcours muséographique, on apprend des trucs en lisant quelques panneaux (je ne les ai que peu lus- il y a un truc avec les musées, moi et eux nous sommes de part et d’autre de quelque chose, et il n’y a pas de pont ni de traverse ni de passerelle, rien, ils sont de l’autre côté et moi, par ici). On marche
on avance
on longe le port et les containers (ou les conteneurs, je ne sais plus), nous étions dimanche et la vie sur le port était un peu endormie. Il y avait là des camions tracteurs sans leur remorque. Il y avait les chauffeurs qui dormaient à leur ombre, pour certains.
Nous avons eu quelques peines à en trouver l’entrée (en réalité, nous avons longé côté mer le port, alors qu’il faut s’y prendre autrement, et longer côté terre l’autre côté de l’autoroute suspendue Aldo Moro : nous nous sommes retrouvés dans des lieux un peu improbables réservés aux autos, mais n’importe, on finit par trouver), on longe, on avance
la Lanterna au loin s’approche (je pensais avoir bien plus de photos mais ça ne fait rien non plus), voilà quarante six jours que nous en sommes revenus, il faisait beau, le temps est à l’automne; il faisait doux, on se serre dans nos manteaux; les voyages (ces travellings qu’on aime tant au cinéma, la mobilité de la camera, les réminiscences de Marcel Ophüls, la riviera et Martine Carol qui à Monte Carlo mourut…) font ces écarts aussi dans l’espace comme ils le deviennent dans le temps.
La passerelle s’arrête : un éboulement, une déviation, le port qui mue, l’ancien temps et les nouveaux bâtiments
une certaine morgue dans l’architecture
des milliers de tonnes de charbon, des marchandises mais la vie assoupie
nous n’avons croisé que deux groupes, trois hommes âgés, qui parlaient, une femme avec son chien qui discourait au téléphone (dimanche, domenica pasta mamma et tomates mozza basilic), arrivée au musée (qui se trouve sous la Lanterna) ouverture à quatorze heures trente, il est midi, on s’arrête sur un banc, de l’autre côté du phare, le golfe Paradiso
au loin la mer les mouettes
le vent qui tourbillonne dans l’ombre du phare (je me souviens de Virginia Woolf, oui), Gênes et ses couleurs
ici le départ vers les îles, la gare maritime, le port le commerce des hydrocarbures
les milliers de tonne de charbon, les centaines de camions, les routes et les voies surélevées, port méditerranée, sous le soleil exactement, on sort le provolone, on croque les tomates, le pain et les raisins, sous le vent, le haut du phare et sa lentille, en plein jour, la femme qui donne à boire à son chien, elle toujours au téléphone, on marchera, on croisera le port
et la gare des voyageurs
on rejoindra les quartiers moins industriels
nous restera la promenade sur le bois et le fer, la Lanterna au loin s’en ira et le soir, de loin, les lumières à nouveau
on sera las mais contents, plutôt