2376 Jeudi 29 Juin 2023

Qui ne se souvient de Zyed et Bouna ? Qui a parlé du malheureux Guinéen mort de la même manière le 14 juin de cette année dans ce si beau pays avili défoncé détérioré ? Pour Nahel, il faudrait ne rien dire ? Le petit jésuite et son acolyte violeur pourtant se taisent – est-ce l’étincelle ?

Cédric Chouviat ? Remy Fraisse ? Romain D. ?

pouvoir fascistoïde, chaos, un pays qui n’aime pas sa jeunesse – la honte disait Adèle Haenel tu te souviens ? La honte.

et si nous en sommes redevables, nous n’en vivons pas moins – hier c’était dentiste (il m’a annoncé 5Ke de travaux pour un demi-traitement – j’ai ri et mes dents avaient une teinte un peu jaune) – en sortant, j’ai croisé le président de L’aiR Nu qui officiait en sa bibliothèque – on a ri quand même, on a parlé de la trésorière brûlée par une méduse – je suis allé voir A, B, E et L – croisé cette berline exemplaire

je tiens pour cette marque une espèce d’appétence – plus tard dans la journée on m’a fait souvenir

salade grecque et de betteraves persil oignons frais – une de mes meilleures amies m’a dit « les dents sont un luxe nécessaire », certes – au téléphone  mon frère aussi – je fais une caisse ulule ou signer une pétition ? – je marchais sur l’avenue quand le type m’a abordé (le clochard du haut de Jean Jaurès le plus souvent taciturne et fermé) « vous êtes juif ? » m’a-t-il questionné – oui, fis-je, mais seulement pour les antisémites  – j’étais un peu sur mes gardes quand même si tu veux voir – il a été un peu désarçonné (mais il l’est par essence le malheureux) – « mais c’est fête chez vous non ? » Le matin même j’avais croisé celles-ci

« non, lui dis-je, enfin si mais c’est l’Aïd » (je ne suis pas certain d’avoir prononcé la majuscule)

le regain de faveur de mes contemporains pour les religions me fait pitié – « ah l’Aïd … » fit-il « oui, l’Aïd, oui… » et il s’est tiré (ou du moins l’ai-je quitté perplexe, j’avais rendez-vous)

pour aller au ciné voir le Vers un avenir radieux (Nanni Moretti, 2023) (on est de la même année on aime le même cinéma et celui de 2F particulièrement – et la fin de ce film ressemble (toutes choses égales par ailleurs et mutatis mutandis) à celle du plus beau film du monde et de tout l’univers (8 et 1/2) – magnifique drôle (tellement) sensible (Margherita et Barbora magnifiques d’entre les magnifiques) (générique – lettres rouges sur fond de berges du Tibre  – on dirait du Saul Bass)