En rev’nant de l’expo
J’essaye ici de retranscrire (je n’ai pas pris de notes cependant) ce que le magnifique livre d’Anne Savelli Musée Marilyn qui sort aujourd’hui (chez inculte) m’a inspiré.
Longtemps j’ai interrogé les gens au sortir de leur visite d’expositions – longtemps je me suis aperçu de cette disponibilité d’esprit qu’ils semblent avoir (le mot gens n’a pas de féminin) – en réalité non, ils ne naviguent pas au radar : ils sont simplement là, à se souvenir – on leur demande où ils ont passé le plus de temps (qu’est-ce que ça peut bien nous faire ?) ; quel est l’objet dont ils se souviennent ? dans quelle mesure ce qu’ils on vu leur a apporté quelque chose, quoi dans quelles conditions, ce qui leur a manqué, au point de vue du confort, des gens avec qui ils sont, de quelles informations ils disposaient avant de venir (je cesse, le truc faisait dans les cent cinquante questions – on parlait je posais les questions, le faisais remarquer parfois, souvent dans un ordre différent de celui proposé, ça n’a pas d’importance : ce qui en a, en revanche, c’est que la garde se baisse)
Ainsi ici appartient-on à quelque chose : peut-on espérer comprendre ? Rien de plus simple qu’une image pourtant. Le musée imaginaire de je ne sais plus qui (enfin si : peut-être simplement s’agit-il du mien
et la danse – et les relations de genre : si tu veux savoir, sur cette image Cyd a 31 ans tandis que Fred en a 54 (« Band Wagon », Vincente Minelli, 1953) (en français « Tous en scène ») une merveille bien sûr) – quelques images seulement (il n’y en a pas dans le livre, seules celles que nous nous faisons d’elle) – ici
ailleurs, quelques années plus tard (1964) – non, mais ça n’est pas inscrit dans les images même si on sait bien (on sait fort bien) que cette époque est la nôtre – ce n’est pas si loin – un jeu pour s’échapper – entre ici Jean Moulin disait-il je me souviens – il faut bien que ça vienne de quelque part – et que ça parte dans tous les sens – les gens sont comme ça : on les lance, il faut les relancer sans doute parfois, mais lancés, ils y vont – je poserai sûrement cette image d’elle enlacée par un de ces hommes bruns qu’on lui collait affectueusement dans les rôles qu’elle tenait : parce qu’elle les tenait au cinéma, étazunien peut-être, mais au cinéma : on apprend qu’elle ne vint jamais en France : n’y a-t-il pas là quelque chose d’étrange ? La patrie du cinéma, de la gaudriole, de la baguette de pain et du luxe : quelque chose, une relation, un pont ? Non, enfin si (comme dirait l’autrice de ce monument qui lui est élevé) : double bind et question suivante, s’il vous plaît…
La fin, j’ai adoré : magnifiques, les trente dernières pages
Beaucoup de questions et un guide qui en pose pas mal – un guide comme pour les aveugles – ce serait une chambre noire, peut-être (claire, disait Barthes, obscure avait prédit Aristote) – et des serviteurs de cette chambre : un lit, des mousselines qu’il faudra ôter, un corps majestueux et un sourire qui ne l’est pas moins – des milliers de fois – une vision du monde de terreur, une femme soumise au bon vouloir des hommes lesquels viennent de gagner la guerre, et décident (avec un acte immonde – dit de sécurité, mis en place par l’ordure, favoriser par un autre qui ne l’est sûrement autant) d’une chasse aux sorcières n’est-ce pas – et Marilyn Monroe qui, divine, passe…
Un livre sur ces serviteurs-là : ceux qui manient l’appareil – il y a peu de femmes – et gardent sur pellicule des moments figés arrêtés interrompus – et les ressortent à la faveur d’une publication ou au hasard d’une vente aux enchères.
Après (ce n’est pas dans le livre, mais ça ne fait rien), après la danse, il y a la chanson (et les gants aux coudes et la robe fourreau d’argent) – celle aussi bien interprétée par la Birkin sur les paroles et la musique de son espèce d’époux d’alors – comment savoir et comment faire pour élucider et faire la part des choses entre le « à la ville » et le reste ? – Edgar Hoover (et ses mœurs) et le 5th Helena Drive… – 5 août 62, 3 heures quarante deux – dans l’image, dans l’idée, dans le mood : tout passe – il y avait aussi Ella Fitzgerald et cette boîte de nuit où Marilyn vint plusieurs soirs de rang (le Mocambo)
Les images de rêve, avec Monty Clift (c’est que j’aime (comme on sait) le cinéma) qui, dans Soudain l’été dernier (Jo Mankiewicz, 1959) donne à Liz et ses yeux pourpres la réplique – un musée imaginaire, oui, ces images, celle-ci
ce ne sont que photogrammes – des images –
une espèce de panthéon
(sûrement Ivo qui enlace Norma) on en aura mis une finalement – et on continuera à les aimer
Pour la plupart, les images reproduites ici font partie de la série « dispersion » (une quinzaine d’épisodes, si je me souviens bien) publiée en son temps en maison[s]témoin (il s’agit de clichés réalisé par le rédacteur ayant pour source un magazine quelconque de télévision-radio-cinéma).
Ici, la couverture du livre d’Anne Savelli, taxée sur le site de la librairie Charybde, ce jour.
Bonne lecture… (chez votre libraire, 430 pages, 20,90 euros)
n’avais pas réalisé qu’il y avait ce billet (l’ai juste survolé… y reviendrais après avoir lu puisque je l’attends ce livre)
Acheté hier ! Et je vais partir en vacances avec (c’est que l’été file et je ne suis toujours pas partie en vacances, enfin ça approche)
@L’employée aux écritures :bonnes vacances (montagne ? Açores ? Bali ?) :°)) au retour on se voit au Luxembourg (bises)
@brigitte celerier : on parlait de vous hier au bar avec mesdames Holt Savelli et Diaz – bonne lecture…!