Carnets de voyage(s) 123
y’avait longtemps – trop longtemps même – encore que ça n’ait pas été tellement éloigné (je me souviens d’avoir déclamé devant une assistance écologue, il y a plus de vingt ans, alors que Pierre Radanne énonçait sa « prime à la vertu », que nos voyages seraient désormais « moins longs, moins loin, moins onéreux ») – mais c’est au bord de la Manche (ça se nomme la côte d’Albâtre)
il faisait beau, le monde était joli, le vent, les embruns, les galets – quand j’y repense, il y a eu quand même Gênes cet été – c’était l’été – mine de rien, on se dirige vers lui quand même – ces histoires de santé m’exaspèrent, l’opportunisme écœurant du pouvoir pour « basculer » dans le numérique donne envie de gerber et la campagne pour la magistrature suprême dégage cette odeur de pourriture habituelle – alors rien de nouveau sous le soleil – non rien
la douceur des verts des gris des bleus et la pâle langueur du vent doucement, l’iode le sel la chance
les amis étaient charmants, la ville restait la même il n’y avait personne dans la rue de la Plage, dans celle de la Mer, vide aussi celle du Casino (on ne prit pas celle du Phare trop pentue), dans d’autres encore après dix heures du soir, les stations balnéaires hors-saison savent leurs charmes (on est rentrés vers minuit)
on avait apporté du vin et du fromage, le filet-mignon était cuisiné aux olives à la coriandre aux deux pommes – il ne plut pas (du verbe pleuvoir) – soirée de fêtes, sans doute, je pensais aux amis laissés loin en capitale ou non, sanaryote champenois ou autres, bellilois ou bellevillois – l’ingratitude l’amitié l’oubli – une année passée sans travail : continue mon ami, m’encouragé-je inutilement
le temps n’a pas d’importance, celles qui nous ont quittés ceux qui les ont précédées – le bruit des galets qui se frottent à l’eau salée froide écumeuse, quelque chose avec le Pas-de-Calais ? Le vent aux yeux, oui
non mais rien à faire : avec ces ouvertures d’horizon ces frémissements des vagues cette vie de l’eau et ce bruit formidable l’oubli des trahisons des humiliations de l’oubli lui-même, tout arrive tranquillement, j’avais dans les poches de mon manteau marron (d’où vient-il celui-là ?) les mains enfoncées, le pantalon bleu légèrement taché – les chaussures romaines, à mon bras ta main – tellement mieux seuls que mal accompagnés alors l’oubli – vers le phare me souvenir de cet à-peu-près de signature
au dessus de la porte d’entrée – j’ai repensé au cinéma (celui de Paimboeuf d’une année : dis-moi, quand donc étions-nous à Nantes ? celui de Trani – les Pouilles oui, Gargano et la promenade en mer pour l’anniversaire de G. – tous deux abandonnés) et aux travaux à continuer (comme, sans le savoir, ces carnets) – c’est égal il faisait doux, au loin s’étendait un calme horizon droit courbe cependant – j’ai oublié les sournois, repensé aux joies, je portais l’écharpe d’or de Nicosie, la casquette offerte par E. en rigolant (encore merci à toi) (les adresses envoyées, les réponses, les vœux oui, c’est ça – les cartes postales, la famille peut-être) doucement passait le temps de l’année pour aller vers sa fin
dvd La Fièvre (Maya Da-Rin,2019) (formidable – on le chroniquera en Manaus pour Ville & Cinéma)
Fanny et Alexandre (Ingmar Bergman, version télé, premier épisode – 1982) une enfance parfaite (la suite est nettement moins accorte – on reconnait, transposée diverse différente, la vie du réalisateur qu’il raconte dans ses mémoires) (difficile de dire quel cinéma on préfère (celui-là je l’adore) mais ces classements sont iniques – au SILO de Lulu deuch’nord, on en est à 906; en courant tranquillement le long de vingt vingt deux, soit quatre vingt quatorze poèmes; à deux la semaine, nous en auront, à quarante sept semaines d’ici, fini)
merci pour l’écho de cela
La mer toujours commentée.
Comme un ressac du souvenir…
Falaise toujours ! 😉
marrant comme dans toutes ces stations on retrouve ces avenue/rue de la plage, de la mer, à Edenville on a les Tamaris… J’aurais adoré ce reveillon
@paumée, @Chasse-Clou, @Caro : merci de vos visites