atelier Pierre Ménard – ville bibliothèque
texte proposé à Pierre Ménard en son liminaire pour un atelier d’écriture sur le thème de la ville. Qu’il en soit ici remercié
« Quand j’aurais du vent dans mon crâne
quand j’aurais du vert sur mes os »
quand il fera jour
quand enfin on en aura fini avec ces histoires
enfin fini quand ? Je ne sais j’oublie
quand j’avais six ans
quand j’ai eu six ans
quand enfin je m’en suis sorti
jamais
toujours eu cette idée-là jamais
à un moment
mais je ne saurais dire quand
exactement
quand j’avais vingt-six ans
il y a eu un moment deux chemins à emprunter
l’un faisait tirer des fils dans une émission de télévision
animée par un cyborg on ne le savait pas encore
elle a duré au minimum trente ans
l’autre passait par Toulouse
une ville une bibliothèque avait organisé un concours
quand on s’est rendu compte qu’il fallait choisir
quand on s’en est rendu compte et qu’on a décidé de s’en aller
à Toulouse et pas aux studios de la Plaine
quand j’ai eu seize ans
on a embauché à sept heures
un premier juillet soixante neuf
quand on a cessé ce jour-là vers seize heures trente
et qu’on a juré ses grands dieux que plus jamais
plus jamais on y retournerait
jamais plus
et quand le lendemain quand même à sept heures
quand tous les ans ensuite
à la même date aux mêmes heures
pendant deux mois d’affilée
au dépôt à l’usine dans l’entreprise de pantalons
quand au début
quand on ouvrait un compte à la banque nationale pour le commerce et l’industrie
dans la rue des trois cailloux
quand on y déposait la paye en liquide
quand ma mère me faisait un chèque en échange du liquide
ou mon père d’ailleurs
quand il y en eut assez pour s’offrir une California huit et demi soixante six chevaux
quand on passa le permis sur une deux et demi bsa monocylindre
quand tout ça se finit
quand les amis naviguent en cinq cents kawa trois pattes deux temps ou sept et demi Honda
quand aux roues avant n’étaient que des freins à tambour
et aux démarreurs que des kicks
quand au sud de la ville une côte où se disputaient des courses
était nommée Saint-Fuscien (je ne connais pas de Fuscien – mais je connais un Cloud)
quand l’un d’entre eux sortira de la route grande vitesse grande violence et mort
quand on s’autorise à changer de route quand on ne saura plus laquelle prendre
quand il en sera fini de la mécanique
de la poignée dans le coin et des courses de côte
quand on aura jeté aux orties et le casque
et les bottes et le barbour
quand les éléphants de janvier n’auront plus d’existence
ni les vingt quatre heures qu’on appelait bol d’or
quand c’en sera fini de ces affaires de deux roues
quand d’autres routes s’ouvriront
quand à trente-six des enfants
et quand le reste du temps
quarante six cinquante six soixante six
« quand j’aurais du vent dans mon crâne (…)
ptêt qu’on croira que je rigole
mais ça sera une impression fausse… »
AIMe
et j’avais lu la contribution de Caroline Diaz…me demande si n’essaierai pas à Grignan (en postant en rentrant)