été atelier comme un roman 6
L’hôtel Excelsior apparaît quelque part dans la série « hôtels Modiano » de l’employé aux écritures ((c) Martine Sonnet) – l’épisode du shah est raconté quelque part mais j’ai oublié où – il ne fait aucun doute d’ailleurs que la mémoire retient ce fait par la date (celle de l’année de naissance du rédacteur) – on aurait aimé inclure dans cet énoncé Gamal Abdel Nasser (à cause de son léger strabisme) (et de Bandung) mais ça ne s’est pas fait – la consigne s’est noyée dans le brouillard, comme à chaque fois – Benno Graziani (dit ici « la photo ») fait partie du générique du Projet DF, il y a donc divers ponts (le contraire aurait été étonnant, ou fortuit) entre les travaux en cours, et l’atelier qui en est un autre.
Générique
Prendre les vrais prénoms, c’est ce qui semble importer le plus (importer, comme un verbe transitif : du sens, de la matière, de la réalité). Réaliser la distribution : qui est qui ? L’interprétation; sûrement. Mon père, son père, les siens. Ou alors, quelqu’un d’autre, en beige, lunettes de soleil – en haut de l’avenue se trouve l’hôtel d’où il sort un matin, bien avant dix heures, pour aller prendre son train. J’aimerai bien retrouver l’image mais elle a disparu – elle doit se trouver toujours dans gsv : derrière la porte, sur la place à laquelle accède l’avenue, un hôtel (de Paris ? Excelsior ?
(celui de Rome où se trouvait le Shah d’Iran quand Mossadegh a été renversé – 1953 – et Marcello, oui, qui passe vers onze du soir, dans cette vie si douce sur la via Veneto
Federico et Benno la photo
) – le long de cette avenue, sur la gauche quand on monte, des arcades qui rappellent un lieu de Gênes qui descend de la place Ferrari – probablement pas dédiée au commandatore, Enzo, je ne crois pas, mais je me souviens des émeutes d’un sommet international quelconque, un « G » je ne sais plus combien (il faudrait chercher *), la mort d’un étudiant, la mort, les policiers, les grenades – à Gênes elle se nomme je ne me souviens plus, à T. elle est de France : on en est là, les vrais prénoms, la première lettre majusculée suivie d’un point pour la géographie, qui connaît se reconnaisse (ça manque de générosité) – il se peut que l’homme en grège allant commettre son forfait, remplir son contrat, exécuter son engagement vers dix sept heures, ce jour-là, ait croisé en la descendant, cette avenue, trois femmes furies parques ou sœurs, vêtues en manteau noire, en plein mois de mars il faut quand même le faire, mais il ne les aurait pas calculées, elles parlaient entre elles du mariage prochain du fils aîné de celle du milieu – il faudrait que je regarde si l’étude en beige mentionne la période (je sais pourtant que ça ne se passe pas dans cette ville de T.), le moment, parce que les noms, c’est bien joli, les toponymes, les patronymes tout ça certes, mais le moment, l’époque, la saison, les odeurs et les sensations, les bruits et les musiques et tout le reste qu’il faut mettre en mot pour faire saisir les sentiments, les joies et les haines, les profits et les déboires, pour aider à faire comprendre afin que l’idée de ce qu’on veut transmettre se fasse dans l’esprit du lecteur (ou de la lectrice) (le livre de crêpe Georgette, sur le buffet, offert à l’anniversaire, là) et la musique maintenant – il y avait du temps du confinement (tu vois comme c’est loin ?) une demande à l’un des enfants de nous faire parvenir (finalement ça a été fait par internet) une clé avec quelques centaines de morceaux (elle est là mais c’en est une autre, on a transféré le tout quelque part ailleurs, pour se servir de la trente deux gigas pour un autre usage – c’est cette musique qui tourne à présent) (à qui l’avait-on demandé ? et celle où il y aurait eu des films ? j’avais dit à ma fille si tu trouves « Todo modo » je voudrais bien le revoir, parce que un de ces jours-là l’acteur est mort, je me souviens d’en avoir été affecté – comme j’ai tant aimé aussi le dix huit mai, quelqu’un d’autre, mais qui ? – mais ce n’est pas mon préféré, si tu veux, ça n’aurait pas été celui qui incarnerait le rôle à l’écran, non – le moment où il est dans l’eau de la rivière (c’est l’image de l’affiche aussi bien) et qu’il pêche avec ses doigts des écrevisses – dans Mauvais sang, il était parfait – comme toujours) – c’est aussi le cas du choix de Gian Maria Volonté (ce serait plus lui, si tu vas par là) pour incarner Enrico Mattei, qui est le vrai qui est le faux, qui joue qui ? on se perd un peu, mais dans le panthéon personnel (et donc qui a quelque chose à voir d’extrêmement précis avec la vraie réalité du panthéon) à côté de Stanley Baker, de Sean Connery et Burt Lancaster (pour le Guépard), de Kirky (pour l’Arrangement – la fossette au menton et cette image de lui avec Benno la photo
Kirky et sa fossette et Benno la photo
) il y a Gian Maria – on ne voit pas de frenchi mais ça… – c’est une autre histoire, justement pas celle qu’on raconterait alors, celle de la fin des années quarante, qu’on inventerait de toutes pièces peut-être (comme fait mon frère, pourquoi pas ?) – Dirk Bogarde aussi pour The Servant et Mort à Venise (un peu James Mason, aussi) – cependant une composante un peu déviante ne me convient pas : je suis, j’ai été, je resterai sans doute toujours hors d’atteinte – ce n’est pas délibéré et c’est une contrainte, et je n’ai rien contre, seulement ce sont des choses pour les autres, il me semble – le monsieur Klein de Jo Losey, peut-être, pour le Samouraï mais je ne l’aime pas, je n’y parviens pas, non – des deuxièmes rôles comme Jean Bouise ou Julien Carette mais ils ne sont plus ici – « je ne suis qu’un homme » tu te souviens, une chanson des années soixante, alors imaginer une femme, pourquoi pas mais c’est compliqué, ça complique et comme je disais tout à l’heure, je suis et reste dans l’orthodoxe qui me conduit, presque immédiatement, de fait, à Salonique, à Smyrne, Samarcande ou Marco Polo et Venise, enfin ailleurs pour le voyage, partir, ne pas laisser d’adresse, disparaître, le quai de la gare et le train déjà disparu (sans y faire attention, cependant, il se trouve que tous ces rôles sont tenus par des morts) (sauf l’incarnation de double zéro sept)
* ce qui a eu lieu en juillet, le 20, de 2001 – à Gênes, lors du sommet – ce sera le dernier en ville publique – du G8 (les 7 plus grandes puissances (financières PIB) du monde, auquel on avait convié l’enflure du Kremlin toujours au pouvoir – il y avait là Chirac en gris sur la photo – il y avait sua émittenza, cette ordure fascistoïde aussi bien qui souriait la main sur le cœur tandis que sa police battait, tuait, torturait : au minimum sur ses ordres, des centaines de personnes : des altermondialistes comme on dit) – Carlo Giuliani est mort ce jour-là, sur la place Alimondia, on condamna plusieurs manifestants à des quinze ans de prison ou moins, tandis que les policiers furent tous innocentés : la raison d’état, la voilà – ça n’a rien à voir, je digresse, je m’évade, je change de point de vue, les lieux sont vrais, véridiques, les actions ont été menées, elles et ils étaient dit-on plus de trois cents mille dans les rues de la ville, ce 21juillet-là –
la ville, l’une des plus belles du golfe, il y avait un peu plus loin vers l’est, il y a toujours Bordighera où Claude Monet peignait une villa vue du jardin Moreno, il suffit d’un bus ou d’une promenade (assez longue peut-être) sur le bord de mer – si je vais par là, le golfe de Naples aussi, cette merveille où se trouve cette petite ville nommée Chiaïa – il en parle dans son cahier, dès la première page, je crois me souvenir et tu vois la gorge se noue, les pleurs montent un peu parce que ce travail, cette nécessité et cette joie de retrouver l’histoire, et dans l’histoire, cet homme, ce travail n’aboutit pas – c’est juste là, non loin : partir d’un golfe pour aboutir à un autre, d’une histoire à une autre – revenir aux noms pour l’incarner, le monde d’ici, Charles Denner surtout peut-être – le cinéma surtout aussi, certainement, se souvenir de celui des débuts dans la vie (cette inconscience des choses qui se font à ce moment-là, on ne sait pas, je me souviens ne rien savoir : je ne comprends rien, toujours tu me diras : oui) c’était Marcel Bozzufi sur le triporteur, et partir alors avec Irène Papas, ou Simone Signoret qui n’est jamais loin (dans le projet de ces jours-ci, elle apparaît un jour du côté de la rue Médicis, allongée sur un lit où elle se repose des suites d’un avortement (une semaine – dans le livre, c’est tu : l’auteur qui alors a peut-être onze ans explique qu’il suffit des mots qu’il emploie pour comprendre – ça se passe avant-guerre) (comme on dit), le lit dans une chambre de bonne il me semble, appartient à un jeune type – presque un enfant , on y croit à peine – parfaitement antipathique de ce fait la tête à claques (d’ailleurs, il se vantera plus tard d’en avoir reçue une,à la terrasse du Flore de la part d’Antonin Artaud pour avoir renversé un jus d’orange, si je me souviens) – mais elle, elle est amie avec ses parents et ils l’hébergent dans un moment difficile et puisqu’elle prend sa place, en un certain sens et d’une certaine manière (dans la réalité, certes) il ne l’aime pas (et son image restera la même) (elle se trouve avoir une autorité naturelle, disons) (dans quelques mois, elle fera de la figuration dans « Les visiteurs du soir » (on prendrait bien Jules Berry – mais non) : alors qu’il s’agit d’une héroïne dans le sens de l’Oscar, dans celui du chéquier et du procès de Goldman, de l’amitié avec Semprun et cette espèce de respect qu’il peut inspirer) – sans doute quelque chose de l’insouciance d’un type comme un de mes oncles, l’insouciance politique laquelle indique « s’ils se réunissent, ces huit personnages (ils sont dix) (mâles ; blancs pour 7 (9) d’entre eux ; dans cette ville de la Côte d’Azur, de la Riviera ; Cannes, Monaco, Menton ; le Biarritz de la femme à napo le petit : développer ? ) ces huit(dix)-là, s’ils sont là c’est qu’il s’agit de l’ordre des choses » sans savoir (bien sûr sans savoir mais en le provoquant l’autorisant le légitimant, au moins pour une part) que cinquante jours plus tard, des aéronefs piratés iront se ficher dans les deux plus hautes tours du monde d’alors – tenterons sans succès de détruire le quartier général de l’armée états-unienne – pour commencer le vingt-et-unième de l’ère
une espèce de tentative de mettre des acteurs pour interpréter le rôle principal du roman – une gamme ou un nuancier (un homme brun, la quarantaine) – l’astérisque (et non l’astérix qui passe dans le langage courant) qui dévie un peu le propos (mais l’homme en beige est encore déjà là) (qui n’a rien à voir avec le rôle principal du roman – mais presque quelque chose quand même – on hésite)