53 novembre 1029
voilà qu’il pleut – au balcon, peut-être Noël, mais avec un parapluie… – comme il faut travailler j’y fus, avec les désormais habituelles entraves à la bonne marche du bazar (depuis le temps que j’y bosse, je commence à connaître pas mal de monde, ici ou là, j’entreprends et je continue sans baisser les bras) (cette année qui s’en va, je fatigue plus que de coutume) – je vais mettre un photo d’Aznavour qui nous a quittés, tiens, ça fera un peu trêve des confiseurs et une chronique « nos grands (et si chers) disparus » – ça reste un journal, n’est-ce pas –
je l’aimais bien (pas tant pour ses opinions politiques, tu me diras, ou ses démêlés avec le fisc – qui n’en n’a pas ? – ce ne sera pas Johnny qui me contredira…) il faisait partie de ceux que j’entendais en métropole dans mes jeunes années (il y avait les Compagnons de la chanson aussi et la môme Piaf comme on disait et Enrico Macias), et aussi sur les bords du lac, chez L. il y a plus d’un demi-siècle (c’était l’été cependant)
(image copyright quelqu’un d’autre) c’est égal parfois, on se sent un peu floué par ce monde (le nombre, c’est important – on en parle ou pas des saluts nazis suceurs de quenelle etc. de Montmartre ou on laisse ça au caniveau ? on tait ce qui se passe en Hongrie (en effet, c’est tu) ? ou les exécutions sommaires ailleurs ? ou tant et tant d’autres méfaits, mais nous n’aspirons qu’à la paix…) je repose ce petit bateau qui derrière lui ainsi qu’un avion laisse sur son passage cette petite traînée d’écume
on va marquer la trêve, quelques jours de repos, puis on remettra mille fois sur l’ouvroir son métier pour parvenir à passer le cap (entendu Raymond Depardon hier soir dans le poste de radio (france q) qui disait à Jean-Luc Monterosso « mais en mars non, Jean-Luc, pas en mars… » sous le prétexte qu’il n’en avait plus qu’une dizaine à vivre – il tape soixante quinze quand même, le Raymond – il est de 42, non soixante seize)
dans le poste Roma (Alfonso Cuarón 2018) noir et blanc des années 70 au Mexique (le quartier où vit l’héroïne – une bonne (magnifiquement interprétée par Marina de Tavira) femme de chambre à demeure – ce quartier donc se nomme d’après wiki Colonia Roma, qui donne donc son titre au film) (qui n’est pas sorti en salle, c’est bien déplorable mais c’est la nouvelle mode – nouvelles images nouveaux réseaux – « reste devant ta télé » dira la wtf doxa contemporaine) mais c’est un beau film, qualités et tendresses de l’enfance, force de la femme et trahison de l’homme (la scène finale au bord de la mer : magistrale) (mais le type connaît son cinéma), lion d’or je crois bien à Venise cette année (ce ne sont pas les moyens de production qui effrayent les jurys, apparemment, non plus que les sélectionneurs – et me voilà relais de ces moyens-là…) (en même temps (comme dit l’étriqué à sa bobonne) le cinéma est peut-être (et avant tout) de nos jours une émanation du pouvoir et du grand capital (qui nous mène dans le mur…))
Joyeuses fêtes, comme on dit.
nous restera qu’à lire que le film est beau, voir les images, en rêver (vous me direz il y a longtemps que c’est cela pour moi le cinéma, parce que je ne supporte pas de faire la queue, ça et les vieux en DVD ou sur Arte, mais bien sûr ça ne remplace pas la plongée dedans que l’on fait dans le noir face à l’écran)
pour le reste nous cramponner au peu que nous pouvons à contre courant nauséabond
Roma (pas celui de Fellini) = Netflix, autrement dit l’obligation d’être abonné à ce truc, donc un film exclu, censuré (!) des cinémas par son producteur même, un beau paradoxe !
Bientôt, il n’y aura plus qu’à fermer les salles et tout le monde restera chez soi pour voir des films réduits au format timbre-poste (qui n’existeront d’ailleurs plus) !
C’est beau le progrès. Godard doit rire en Suisse…
Bonnes fêtes de fin d’année !