42 novembre 1018
(ces détestables affaires – tout ce sang, ces passages à l’acte effroyables, à des moments délicats pour le pouvoir… – ont le privilège d’enfumer un peu plus nos esprits, et de raffermir les théories florissantes de complot – on n’en veut plus, on n’en veut pas) (trois morts, une douzaine de blessés, combien de familles et de groupes d’amis endeuillés encore – on n’en veut pas, c’est là) (le type qui cavale et qui va finir sous les balles, voyou probablement, récidiviste très certainement, avait vu son logement perquisitionné le matin même – il n’y était pas, c’est con) (effroyables) (en tout cas Franky va bien) on marche dans les rues tant pis
ce sont des images d’avant l’événement évidemment – elles en paraissent un peu fausses, il semble – carte postale pour l’air nu quand même
Diego, Saint Jean Baptiste et son mouton agneau j’en sais rien mais cette lumière magnifique oui – offerte par ma fille dont on a fêté les 28 piges – boucles d’oreille, Murakami en cadeau – se remettre au travail (saisir), faire des chèques aux impôts, à la sécu, avancer en âge comme il se doit – les lumières de Noël installées sur les bords des bâtiments, c’est pour faire joli – mais finalement, dans toute cette glaise, cette boue, cette haine de l’Etat, est-ce que ça ne nous paraît pas tellement inutile et gâché ?
non, il nous faut de belles images et de belles couleurs de la lumière pour y voir mieux (ce qu’on hait, dans le froid, c’est qu’il nous impose des douleurs) on prend l’autobus
on arrive par ici, retour par ailleurs, courses timbres/bijoux/livres/champagne/antibio/calmant/bain de bouche, on invite à dîner, on espère du cinéma (et du bon) on est terriblement triste et affecté – un pied, l’autre, puis encore puis encore – au détour d’une rue, un arbre et des couleurs quand même
si il nous faut de la beauté même de l’ersatz de beauté, au besoin pour nous occuper à la trouver dérisoire… je pense aux gens confinés pendant des heures, et aux réactions bonnes ou piètres qui finissent par créer une micro société… n’oublieront pas
Souvenirs de Strasbourg et de ses Weinstube… Parfois, beaucoup de choses paraissent soudain dérisoires mais elles font aussi notre vie : il faut s’y raccrocher.