Pendant le weekend

Carnets de voyage(s) #92

 

 

 

Ca a été, on allait tranquillement avec la société nationale jusque Arras, et puis bien sûr la correspondance venant de Montpellier je crois avait un retard de 20 minutes, on a été boire un café en face

(l’intitulé du café, on ne va pas commencer à perdre le nord – les hauts de France pardon – l’intelligence du cafetier qui sait que le train a (par essence contemporaine, évidemment) du retard), qu’est-ce que vingt minutes dans la vie ? rien, sauf que la correspondance à Bruxelles n’attendrait pas (rien à foutre de cette saloperie de société de chemin de fer – voir le Paris-Granville, par exemple, entre tellement d’autres) enfin, le temps était au beau, on a flâné, puis on a pris le train suivant à Zuid (ça veut dire Sud, et en français on traduit par midi) on est passé par Bruxelles central (là où Anna avait ses rendez-vous, enfin quelques uns, c’était tellement beau) on a continué, les écoliers collégiens lycéens allaient venaient, vendredi après midi, on passait le temps en lisant (quelque chose sur l’Italie et Venise probablement) et puis le train  allait

on oubliait les contraintes

du rose du vert dépaysaient un peu

tout est pareil, tout mêmement reste semblable : on s’assoit, on regarde passer le temps, les quais s’éloignent

(il y aura, sans qu’alors je le sache vraiment, quelque chose comme de la série), une trentaine d’heures à l’étranger, regarder le temps s’en aller (on zoomme pour qu’il ne fuie pas trop vite)

nous étions partis, un petit sac brosses à dents brosse tshirts pour la nuit voilà tout, un livre ou deux, quelques billets de banque, désargentés comme on sait tant pis, et arriva le terminus

il y a quelque agressivité dans ces matériaux nouveaux, modernes, contemporains, ce verre, ce béton très armé,  et cette ferraille repeinte, la tenue est plaisante sans doute une esthétique de l’épure

savons-nous nous-mêmes comment nous vieillirons ?

Pourquoi le demander aux choses ?

Il faisait si beau, il faisait si doux, on a parcouru les rues, on a marché le long de la Meuse, en cette ville, Liège, l’île se nomme Outremeuse

on emprunte une navette peut-être touristique (un euro l’escale, s’il en est six ou sept, je crois, autant pour le prix quand même), mais pour faire une petit saut

cabotage, ici, puis là, un très lointain air vague de Venise, le soir on a encore marché, puis on a mangé des pâtes à la sauce tomate, de l’houmos, on a  reçu des cadeaux

on a bu du vin rouge acheté dans une grande surface qui fit un peu penser à ce Coop Food d’il y a quelques semaines, on s’en est allés dormir à l’auberge de jeunesse, puis on s’est éveillés, le matin ensuite une visite au musée (12 e quand même)

au vrai, les photos y étaient interdites

alors que le lieu est supposément magique, on a quand même outrepassé la consigne du gardien (car Outremeuse on outrepasse sans doute et sans la moindre vergogne) : certes, le point n’y est pas – la lumière assez absente y est sans doute pour quelque chose, mais la presse due à l’interdit aussi – donc ici cependant « La drève ensoleillée (soleil de septembre) » due Franz Courtans 1872

et là un Claude Monet. Le Bassin du Commerce, Le Havre, 1874

décadré, on s’en est allés, il y avait là une espèce de bar, on s’est installés sur la terrasse, ombreuse, le jardin se déroulait à nos yeux – au fond coule la rivière –

un type sac au dos dépassait un buis mis en cône

plus loin celui-là

ou bien est-ce une femme, je ne vois pas, j’en suis loin, et puis le vert qui monte aux arbres

et ce coureur du samedi, on a marché, regardé ici ou là, déjeuné d’un « boulet à la liégeoise » ici (11 euros)

(le Georges a vu dit-on le jour ici (je veux dire en cette ville), petit, vers six ans, il courait à la nuit, seul, pour faire l’enfant de choeur dans quelque église, mais était-ce Outremeuse ? je ne sais), il s’agit de deux boulettes de viande assaisonnées servies avec des morceaux de pomme de poire et des raisins secs des oignons, des frites fatalement, on a encore marché, le bateau à nouveau ou bien était-ce avant ?

un type en chapeau, le pont, la Meuse

ici son môme sur le tricycle (je passe sur les tongues et le bermuda du père)

au fond courait torse nu bermuda rouge une espèce d’athlète (accoudé gauche cadre) et un cycliste tandis que le père au téléphone

ils courent, s’en vont peut-être, je ne sais plus (gauche cadre encore, mais en bas, au premier plan, le vélo de E.), on a opéré un panoramique gauche droite à quatre vingt dix degrés pour poser gauche cadre l’embarcadère et la voici

dans l’image qui bondit (où va-t-elle, ses courses à la main et son sac à son dos, sa robe au vent ? on n’en saura pas plus) puis un peu plus loin le long d’un quai vide

voguera le navire

reflets aux bords des vagues

une escale vers l’école plus tard, quelques kilomètres supplémentaires dans les jambes, quelques heures passées ailleurs

tandis qu’on boira un jus de fruits plus une eau gazeuse (4,20e) (les deux, tu vois) dehors le type à la casquette jaune attendra, l’autre sur son escabeau nettoiera les baies de la brasserie

la vraie gentillesse de certaines personnes, une ambiance calme, tranquille, on dirait presque heureuse, on regagne la gare

un coiffeur pour dame se sera saisi (il se trouve rue du Paradis, on ne peut pas se tromper) de l’allure générale de la construction pour embellir

sa plaque (« Lady coiffure » : il est à l’invent’hair, qu’on se rassure), il fera doux, il fera beau on attendra le train qui, dans les rouges et les bordeaux nous reconduira vers la gare du nord et aux ciels comme à l’accoutumée dans un si léger vrombissement soyeux passera l’aéronef

on dit que la gare est un des monuments les plus photographiés de la ville, ce sera une série

pour finir. De retour à Paris, vers vingt deux heures trente


 

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1 Comment

    et c’était un beau voyage, d’autant qu’outre l’esthétique, les trains roulaient même avec des risques de retards… on ne saurait tout avoir