Sur les pas de l’Employée aux écritures (Oublier Paris #69)
J’ai quelques scrupules, car enfin ici et là, voilà que je ne cesse de faire preuve d’une sorte de suivisme opportuniste dans la conception même des billets de cette série « Oublier Paris » (soixante dix numéros, au bas mot) pour ne rien dire de ceux qui illustrent la rue Daguerre – désormais Varda – ici même ou ailleurs. Trait d’un caractère peu original mais espiègle, qui se permet de prendre un relais qui n’existe pas, ainsi que dans les poèmes-express de l’ami Lucien Suel ? Sans doute mais surtout tentative de soutient d’une démarche que j’apprécie, et hommage rendu à une espèce de travail d’orfèvre qui me met en joie (et cheminement, donc, et aussi, de concert dans un monde de brutes). Ici donc une nouvelle contribution et un éclairage contemporain d’un lieu parisien où, souvent, me mènent mes pas – la tranquillité d’une île, cernée par le cours du fleuve, ses bateaux et ses lumières (j’y vais à la nuit, très souvent).
En journée, on y court (au fond, tout au fond, les immeubles de la rive gauche)
il s’agit de la rue Poulletier (du nom d’un des premiers propriétaires de ce quartier, qui était un îlot dit-on, l’île aux Vaches qui réuni à un autre, l’île Notre Dame, forme à présent l’île Saint Louis) (on saura tout) c’est à la pointe est de l’île (laquelle est magnifiée par une espèce d’hôtel particulier (oxymore, s’il en est) qui appartenait à un grand de ce monde et du Gotha (zeugme) (l’Aga Khan) désormais racheté par un autre, des pétroles celui-là (les travaux pharaoniques entrepris pour rendre, aux yeux et au goût du nouveau locataire, acceptable le lieu ont défrayé une certaine chronique, je m’en fais l’écho – sans lien – comme j’aime aussi me tenir au courant des diverses frasques (si j’ose) de STGM E2)(elle vient de taper les 91 piges quand même) (dont près de 64 de règne, steuplé) (quelques jours après son couronnement j’apparaissais sur cette planète) (on pourrait, certes, s’interroger sur ce travers dans l’élaboration de cette mémoire, changeante et ouatée, que j’élabore dans cette série : un côté midinette, probablement – bien en phase avec le festival de cinéma de la riviera française, ces temps-ci). Le 5 bis de la rue
(le cliché – daté d’avril 2016 – corrobore le fait qu’il fallait un (bon) coup de peinture à cette porte) est occupé par un couvent (si j’ai bien compris) (ou une école plus sûrement) lequel a été fondé et mis en place par (Saint -il ne l’était pas encore) Vincent-de-Paul (on renvoie au billet de l’Employée aux écritures qui, historienne de son état, en sait un rayon du lieu et de celles qui y prirent des cours de musique) : la porte en est couronnée d’un médaillon
. On y voit aussi une plaque (la municipalité je crois lève sur ce type d’inscription une espèce d’impôt : j’aimerais en savoir plus, mais je n’ai pas le temps) (ça viendra, j’en ferai un J’asq.) : c’est elle qui m’a intrigué.
Au vrai c’est la prise de vue qui a foiré, il faut bien le reconnaître, car que voit-on ici (c’est le cas de le dire) : (je lis) « ICI LE 17 SEPTEMBRE 1652 St VINCENT DE PAUL ETABLIT A St LOUIS EN LISLE ».
Ca ne veut pas dire grand chose, avouez. D’autant que, pour moi, ce saint-là ne s’incarne qu’en Pierre Fresnay (je le revois encore partagent son manteau, on en pleurait…) (Maurice Cloche, 1947, photo Claude Renoir, dialogues Jean Anouilh, enfin la qualité française, encore) (coupe Volpi à Venise pour le Pierrot, oscar du meilleur film étranger…).
Je m’étonne mais je décèle sous le « PAUL » une vague inscription (un artefact ? une ruse diabolique du robot pour m’entraîner dans des méandres dont je ne sortirais qu’indécis et penaud ?) : ni une ni deux, je m’en vais voir à un autre moment, que vois-je ?
(cliché de 2008 je crois bien) l’établissement des Filles de la Charité donc. Me voilà ragaillardi (la concordance des dates – chez l’Employée je lis 1658, ici 1652 – m’émeut mais que sont six années au regard des lustres passés (j’en compte malgré tout soixante treize – ce qui fait un bail conséquent) ? Rien).
Malgré tout, la vision de cette rue dans son entier (car le robot n’est pas chiche et prend tout ce qu’il croise) apporte d’autres précisions, d’importance sans doute moindre.
Une femme brune passe devant la porte puis s’en va
(comme nous tous) vers son destin mais au fond de la perspective
outre la rive droite (et peut-être la bibliothèque Forney qui se trouve sise là-bas, à gauche peut-être) on aperçoit en cette sorte d’uniforme la postière
qui vaque à ses recommandés, c’est bien elle en effet, on dépasse la jeune femme brune (on lui tire un portrait d’ailleurs en passant)
c’est avril, il ne fait pas si chaud.
La question de l’intimité violée par le robot se pose à chacune des photos qu’il prend (« on » floute les visages, certes) : si elle se reconnaît, qu’en dirait cette jeune personne ? Qu’en dirait la postière dans l’exercice de son travail ? S’en amuseraient-elle (ainsi que moi me découvrant ici -image de septembre 13 –
attablé – mais à l’ombre d’un lampadaire, crois-je voir – avec mon propre frère – en pleine lumière, penché, m’expliquant… – un matin au Paris Rome du boulevard des Batignolles) ou prendrait-elle l’option, comme ces énergumènes
de se moquer de la (wtf) machine ?
Avec mon amitié à l’Employée aux écritures et aux passants pendant le week-end.
une passante a savouré (et s’est souvenu en passant du temps où l’hôtel de la pointe, avant ses déboires au 20ème siècle, était connu sous le nom d’hôtel Lambert, un peu marrie seulement d’avoir dû rester en suspens un long moment avant de retrouver ce nom… les ravages du temps et de l’âge)
Le robot a eu la monnaie de sa pièce : bizarre qu’il n’ait pas – ensuite, grâce à un employé bien humain – flouté le majeur dressé !
Effectivement, le coup de pinceau n’était pas du luxe ! Merci de nous le démontrer. Rien ne vaut le travail d’équipe !