Quatre vingt dix sept
Mes contemporains sont fatigués.
(on ne le voit pas très bien, mais il dort, épuisé ou dans l’ennui, on ne sait ainsi qu’elle
elle a plus l’air épuisé que lui, en tout cas).
Je croise des gens qui dorment, assis
on est fatigués, et on en a parfois marre de ce qui se passe (quand micron prend un oeuf sur la tête, on se réjouit quand même remarque mais quand même, on fatigue), j’arrivai au travail et dans le parc sur le banc cet homme allongé
j’aurai bien intitulé ce billet « ça c’est Paris » mais après tout non. Entrant dans l’ascenseur, j’ai trouvé ce billet
j’ai passé mon chemin, le père de Romain D. s’est manifesté mais on n’en sait pas plus, on retient sa respiration, on écoute les bruits du monde, on avance en faisant des photos floues, le temps n’est pas encore à l’été (j’ai déjeuné avec mon cousin, ma tante rentrée chez elle semble calme, je suspends mon souffle)
et même si on n’est pas vraiment très fatigué on l’est assez pour y trouver moyen d’aider à la fuite dans le sommeil, hors du monde tel qu’on n’y peut rien
oui fatigués (mais une petite voix grise laisse entendre que c’est pas fini) (et puis une autre petite voix aussi, d’une couleur plus criarde ou plus douce, ou les deux à la fois)
« Le droit à la fatigue » : un livre que Paul Lafargue n’a pas eu le temps d’écrire après son « Droit à la paresse »…