Oublier Paris #63 (cent dix neuf) (28)
Aujourd’hui, quand on veut aller dans la rue manifester, on est accueilli par des agents qui vérifient le contenu du sac (c’est Vigipirate généralisé sur tout le territoire de la manifestation)
« y’avait une ambiance genre hall de gare » disait Higelin, il était midi quarante cinquante quelque chose sur la place, le parcours allait d’un bord à l’autre du basin (sur l’eau, les bateaux restaient à quai, les enfants jouaient)
il y en avait partout, comme une infection : des murs
(genre Trump qui veut en bâtir un autre entre son pays et le reste du monde)
rues barrées, on passe tu remarqueras, mais c’est assez engageant
on ferait mieux de s’intéresser à autre chose
(les deux dernières photos sont le fait d’une certaine autonomie de l’appareil, mais elles disent sans doute aussi, probablement, l’effet produit sur l’opérateur par le dispositif)
ici le faubourg Saint Antoine et la rue de Charenton
ici le boulevard Richard Lenoir
puis là le même, avec dans tous les premiers plans de dangereux malfaiteurs laissés en liberté
la rue de la Roquette (spéciale dédicace à paumée) avec au premier plan, tout de jaune vêtus, deux fauteurs de troubles, immobiles mais particulièrement nocifs
édifiant ? assez, on en a marre (j’ai fait le tour de la place, j’ai acheté 5 euros un sandwich -2 merguez, des poivrons des oignons, de l’harissa en tube, le sourire du vendeur : c’est l’heure de déjeuner comme on voit)
l’image est bougée, troublée, mais on a beau être gendarmes, ou quoi que ce soit ou qu’est-ce, on n’en est pas moins affamé : ils mangent du pâté sur du pain – je balance hein) (pas vu de pif mais je me suis tiré, j’en avais ma claque de cette kermesse organisée par nos élites comme on aime à dire), il y avait là une librairie, et là m’attendait l’effigie de ce jour-là, dans cette ville-là (envie de tout bazarder, tu sais)
(je ne sais pas, le type a l’air jeune, mais le mépris se lit il me semble, dans le regard la moue, quelque chose non…) (en tous cas on sait ce qu’il en est de la haine de classe qui habite de nos jours l’un des plus merveilleux représentants de la classe dirigeante de ce monde) il faisait beau, je m’en suis allé (c’était la semaine dernière, aujourd’hui on recommence, je ne passe pas le pont, le dispositif sera impressionnant, deux mille cinq cents policiers mobilisés appointés ne faisant que leur devoir n’écoutant que leurs ordres leur courage leur sensibilité, le parcours ira de la place d’ici à celle de la rive gauche, on ose espérer qu’il se produira rien de tragique…)
(hier des roses pour TNPPI qui mangeait tranquillement un eskimo vanille chocolat) (hier aussi c’était au ciné c’était pas si mal, « Tout de suite maintenant » (Pascal Bonitzer, 2016) (titre idiot mais enfin qui vaut bien « le ciel pour témoin » qui va aussi partout et à n’importe quoi) maniéré et bourge finance mais quoi ? le cinéma ne se fait qu’avec de l’argent) (j’aime pas trop, cependant, le rôle de la bonniche noire et comme il se doit dotée de pouvoirs plus ou moins maléfiques) (j’aime pas non plus beaucoup le nom de la boite de production « entre chien et loup » quand on voit le gimmick passer par trois fois pour effrayer le pékin, allégorisant je ne sais quelle fatalité) (mais enfin, on apprendra au générique (de fin) que madame – enfin mademoiselle – Huppert dispose d’une habilleuse personnelle, d’une coiffeuse personnelle et d’un chauffeur du même acabit – on dit « star star star » mais c’est pas si facile, la solitude)
venez manifester chez nous
les éventuels casseurs ayant depuis longtemps opté plutôt pour l’économie parallèle ou le désespoir calfeutré… c’est très bonhomme, même si cela consiste à apprendre de nouvelles fermetures (comme si on avait trop d’emploi ici)
Oui, il suffisait d’y penser : barrer toutes les rues pour arriver à la Bastille, mai si on était nu ça éviterait de se faire fouiller et montrer le contenu de son sac à dos.
Les manifs sous Hollande et Valls (ça tourne rond) sont devenues des pièges comme pour des souris : entrez dans la cage et la porte cherra !
Pendant ce temps-là, le patron du Medef, Ce Gattaz qui ne manque pas d’air, affirme tranquillement qu’il n’appliquera pas la loi sur la « pénibilité » – il ignore ce que c’est – mais ne risque rien pour de tels propos publics.
Lutte de classes ou définitivement lutte de casques ?
Je n’avais pas le lien sous la main : mais la meilleure c’est vraiment quand ce tordu (ou bossu) de Gattaz parle de cette loi comme d’une « usine à gaz ».
Il n’y a pas à dire : ça se… gâte sérieusement chez lui.