Cent quatorze
(ça a tellement l’air de quelque chose d’inutile – c’est aussi ce qui peut en faire la joliesse – et de hors de propos, cette affaire-là, mais ça ne fait rien, je continue à rendre compte) (toujours dédié, OSEF)
Il n’y a rien qui ressemble plus à un aéroport qu’un autre
surtout vu de dessus (c’est à Séville, c’est en Espagne), on s’approche comme d’habitude (c’est la quinzième étape si je ne m’abuse)
des aéronefs comme s’il en pleuvait
rangés comme il faut
colorés afin qu’on les distingue
un bimoteur, des hélices, puis des avions militaires (le gris, ce gris-là, qui fait penser à ces coupes de cheveux, ces uniformes et ces idées disciplinées, muettes, raides, une seule tête, ce gris-là
celui de la défense, de la guerre, de la mort évidemment) on regarde, les autres (deux pilotes l’un dans l’habitacle – c’est Bébert qui tient le manche, comme on dit délicatement – l’autre au sol – c’est Arthur -où t’as mis le corps ? c’est une chanson – texte Boris Vian, certes – (addendum de 21h22 : foutre! jme suis plante, c’erst pas arthur, c’est Dédé… quelle erreur… Mes excuses, Dédé) (hein) , des millions de dollars, des gens qui suivent à Monaco, d’autres ailleurs, pourquoi ? la promotion de quelque chose, d’une marque ou deux, d’une technique, un exploit une prouesse, quelque chose de l’aventure ?) ils survolent l’atlantique à cent cinquante à l’heure, quelque chose de tellement hors des préoccupations (qui sont, sans les ordonner, cette affaire de manifestation statique – on aime les oxymores, sous le pouvoir – l’état de santé de Romain D., celui des merveilles du monde, cesser de tousser, de pleurer à tout bout de champ, cesser de se lamenter prendre soin de soi, se lever aux aurores en été quelle merveille, les études des filles, la dernière épreuve du bac, TNPPI mon amie) heureusement aussi, l’attrait pour les hasards des lignes
Séville est en Espagne apprend le site (ainsi il en est aussi de ceux – et celles – qui perçoivent la géographie avec les équipes du jeu qui se joue à onze et où l’Allemagne gagne à la fin) (on aime: à se marrer aussi quand même) on découvre alors un joli rond-point (qu’on dédie, il n’y a pas de raison, à l’hôte du Tiers Livre)
on se dit « chouette on va aller voir au niveau du sol, plancher des vaches etc…. », et puis les choses ne sont que ce qu’elles sont, ainsi que les affaires, les militaires ou la guerre sur ce vieux monde, on le regarde de haut, on se dit on va aller voir et on découvre
c’est comme ça, la vie parfois, on va continuer (je pars à Melun, c’est loin, certes, mais enfin…) pendant ce temps-là l’autre plane et bientôt se posera sur la terre d’Europe
ici, là, ailleurs, sous le plomb du soleil, ou dans la nuit, qu’en sais-je ? Rien, j’avance et je continue (quelques fleurs capturées dans le cabinet afin d’atténuer les blessures et pour le retour sur Terre)
Vu d’en haut, comme d’un autre avion, et celui qui a atterri en plein dans le mille du rond-point.
Il faut savoir prendre de la hauteur.
sais pas pourquoi, ce billet m’a rendu jubilante