Journal des Frontières (numéro médian)
Ce vingt trois dernier (ce fut un samedi) du premier mois de seize, vers dix sept, se tenait dans le soixante-dix-sept une réunion gratuite et organisée pour une part par l’AiR Nu, festive donc puisque nommée Festival
durant laquelle le collectif a invité quatre artistes, amis encore inconnus d’ailleurs pour certains, à lire quelque texte de leur cru dont le thème ressortait de la frontière, de la ligne, du territoire, des bords ou des quais des limites des horizons d’attente, des fleuves ou des pas, des monts ou des vaux, j’en passe et j’en oublie.
Ici, cet article médian (wtf ?) du journal des frontières afin d’en marquer comme quelque chose qui en serait un témoin.
Voici comme une frontière, un bord, un reflet : le tableau servant à noter points et style de crochets -tout se côtoie – atelier précédent peut-être de couture en cette même salle de la bibliothèque de Veneux-les-Sablons (grand merci pour l’accueil impeccable, vraiment) – miroir donnant image des entours, cachée par un écran (les écrans cachent, ainsi vont nos vies), alentours boisés, voie de chemin de fer qui va, me dira tout à l’heure Mr. Olivier Hodasava à Clermont-Ferrand, voie invisible ici (ou qui en vient) mais qu’on retrouvera au son (capté par l’ami Clément
qui assurait aussi la captation vidéo de nos invités) (au premier plan, public de choix : Gilda F., merci d’être venue…) (et merci à toutes et tous d’être venu-e-s à Veneux, oui) (j’ai abandonné le # au titre du billet/journal qui m’ennuie souverainement, et qui compte qui compte qui compte : je le reprends dès que possible, promis) et la grève passait au transilien R, est-ce un transilien, un RER ou un train Cévenol (du temps d’où je parle, les trains avaient quelque chose comme un patronyme, on vous donnait du Mistral, du Talgo ou du Trans Europ Express -Alain Robbe-Grillet, le centre hospitalier universitaire de Caen, tout cela passe comme aux ciels les nuages -et donc du Cévenol…) (on va dire : ils en ont toujours, Thalys ou Eurostar, certes (FO) brisons là et parlons d’autre chose), le tout était orchestré par l’AiR Nu en la personne de Joachim Séné
aux manettes comme on dit, je ne sais mais la (grande) classe (je le lui redis ici), le grand complet du collectif, l’avancée en âge de la résidence (on pense aux cités-jardins gated communuties d’un autre âge, d’une autre idée, on pense aux bornages, aux passerelles, on pense aux fleuves, toujours, la campagne, le lointain mais la ville le périurbain, l’étalement et le long des îles et des monts, et loin, au loin, l’air pur et la fraîcheur du soir), on allait chercher à la gare les publics en avance du fait des bruits de suspension de trafic ferroviaire, la voiture garée dans la pente, on allait assister à ces lectures, on nous plaça au premier rang afin de protéger le magnétophone
on allait entendre et voir sans doute grâce aux machines
la lumière baissait, on avait descendu les rideaux
et puis les auteurs ont lu, j’avais à l’esprit quelque chose comme ce film magnifique de Julien Duvivier (Olivier passerait en premier, réplique due au collectif, son texte tiré de ses Eclats d’Amérique (inculte, 2013) ici il patiente, traquant un peu)
le public était là, on était installé, ça allait débuter, voilà, ils lisent
la ligne qui sépare le Mexique des Etats, on avait une sorte de joie à les entendre, la chanson du film faisait « Paris au loin nous semble une prison/on a le coeur plein de chansons », (tout à l’heure, l’ami Lucien nous chantera quelque chose) les néons brillaient
il continua d’un texte de son livre à paraître le 28 janvier seize (mercredi, là, oui) (« Janine« , éditions inculte, 2016), musique et images de Joachim sélectionnées par le collectif, préparées mixées formatées mise en codes travail et détente, vint ensuite Benoît Vincent
à l’image sur l’écran la une de la revue qu’il anime, « Hors-Sol« , il lira un texte du collectif Général Instin, écrit à (au moins) sept mains, tiré du volume « Climax » (le Nouvel Attila, 2015) magnifique illustration de notre thème, à nous,
il y avait (voilà quinze lustres, que dis-je quinze, seize lustres…!!)) un certain Montcorget (alias, ou as known as, Gabin Jean) qui chantait (chanson de Duvivier, Maurice Yvain et Louis Poterat) dans ce film et c’était dans un jardin que se déroulait l’histoire, un peu comme ces cités-jardins du siècle encore antérieure au précédent, cette façon de vouloir travailler non loin de son lieu de vie d’habitation, je pensais tout en écoutant ces diverses énonciations des murs qui parcourent la planète), et puis on annonça qu’il y avait une pause, voilà, cinq minutes clopos dehors la lune était pleine (on ne la verrait qu’après) (on pensait aussi à cette chanson-là)
puis vint Virginie Gautier
des lignes, des points des traits, un travail en cours qui la mène d’ici à là, en passant par ailleurs ici là non loin
réseaux complexes et disséminés
les voies de chemins de fer qui longent les cours d’eau, le Loing là-bas, en bas, si je pense à ce film, c’est que voici quatre vingts ans, on était en trente six tu vois, quatre vingts ans que le Front fut populaire et que, depuis, les années passant (aujourd’hui, on remet un rapport sur le code du travail au premier ministre, tu comprends), les choses évoluant (quarante heures congés payés accidents du travail travail du dimanche…), primat de l’économie (il y a un bureau, au ministère, où on se saisit des anniversaires, tu sais bien comme on aime commémorer, et de ce Léon Blum de ce Maurice Thorez, de ces quarante heures, crois-tu qu’ils/elles s’en soucient ? portent-ils des couvre-manches en lustrine ?) et du chiffre, est-ce bien nouveau, j’avais à l’âme ce Corneille et son Cid nous partîmes cinq cents mais par un prompt renfort/ nous nous vîmes trois mille en arrivant au port, la poésie et la littérature), il y avait aussi les jardins dont on avait parlé avec Lucien Suel, notre quatrième invité, qui nous lut, en première mondiale, le texte qu’il a donné aux éditions Qazaq et qui y parait
le Pas-de-Calais traversé par ces femmes ces enfants ces hommes, cherchent-ils du travail ? ces allers et retours, ces navetteurs comme on les appellent, ce « channel » aujourd’hui relié à l’Angleterre d’un tunnel,
texte magnifique, sensible, poétique et poignant, alors, tout ce qu’il peut rester à faire à présent que vont s’éteindre les néons
la lune dehors éclairera le monde, la Seine-et-Marne, le rendez-vous de mi-parcours, la chanson restera un moment dans l’air (elle fait aussi « car y’a pas besoin/pour trouver un coin/ où l’on se trouve bien/de chercher si loin« ), on regardera un peu le jour parti
dans l’air l’humidité, les heures comme des secondes qui sont déjà passées, enfuies, le train sur la voie qui file, lumières allumées cadences des roues aux rails, qui filent loin, là-bas vers le sud, tout ce qu’il reste à faire, ici, aujourd’hui, c’est à remercier ces auteurs magnifiques d’être venus, et d’avoir posé ici quelque chose d’eux-mêmes…
Alors, à eux quatre (cette autre belle équipe), de la part de L’AiR Nu (et de toutes celles et ceux qui ont concouru à leur venue ici), un grand merci.
chic en ai rencontré, plus ou moins longuement, une ou plusieurs fois, deux, et j’ai lu et aimé Climax
ouin je n’étais pas là
merci de nous raconter