Marcher
C’était en descendant le faubourg, nous allions à Beaubourg, ou ailleurs, encore, à traverser le fleuve, à marcher, à voir les gens
il s’agissait de Pâques peut-être, était-ce le lundi, dis-moi, non, nous avions été la veille au Jeu de Paume mais je n’avais pas pris de photo, ou alors seulement une, nous avions marché
il y avait le printemps qui venait, c’était un jour, un soir le soleil qui donnait sur la Concorde, nous avions croisé S. nous avions regardé le jardin, les bassins et les touristes
tous se hâtaient
ou n’était-ce que nous, je ne sais plus
il n’y avait pas grand monde ici
plus ailleurs, ou alors nous avions marché depuis l’hôtel de ville, voilà, le Louvre, nous avions avancé, nous étions bien avancé, j’ai préféré les lieux où on ne va jamais dans l’exposition de Taryn Simon mais pas de photo (sinon celle-ci, les chaises des boulistes
3 chaises et 2 fauteuils au jardin, sacs et vêtements seuls
il y a dans le jardin des Tuileries et sa proximité des musées quelque chose qui est trop droit, le cordeau du jardinier, je ne sais pas, trop proche de chez ma mère sûrement, avançons, viens, c’était le lendemain, oui, le lendemain en descendant le faubourg, pour aller à Beaubourg
il y avait là aussi quelque chose, je ne sais comment j’en fus averti, peut-être un bruit quelque part la radio – la radio se tait, parfois souvent de la musique qui repose de toutes ces paroles, on entend six fois l’heure où on se trouve, j’aime ces moments différents, parfois un animateur, un producteur, un parleur pose son ton d’enterrement pour nous annoncer que non, décidément nous n’entendrons pas l’émission que nous attendions avec tant d’impatience mais non, nulle impatience, non, nous avons simplement besoin que cette lutte s’achève par la mise à la porte de cet olibrius au bureau à cent cinq mille, non, ce n’est pas lui qui a voté ces travaux de luxe, en effet, soyons juste il ne lâchera rien sinon qu’il lui faut virer trois ou quatre cents seniors – qu’on ne touche pas, simplement, à ses émoluments, son break de fonction et ses chaussures pointues – le couturier Smalto est mort à quatre vingt sept balais en villégiature, m’a-t-on prévenu…
J’ai eu la surprise de trouver un cliché de chambre obscure
Vue de Boston,regardant au sud-est, dans la salle de conférences Abelardo Morell
elle est si belle que je la retourne
La même, toute retournée (c’est l’ombre de l’opérateur que j’aime)
j’ai adoré, j’ai vu d’autres choses si belles, le regard de Juan Miro sur une boite d’allumettes contenant des clés des songes
Boite d’allumettes à clefs, Man Ray
une autre boîte dessinée par Man Ray
le début du siècle précédent, la guerre première mondiale, puis le surréalisme, puis sortant de ce lieu, accès gratuit au sous-sol de « la grande maison », vu ce portrait trouble de l’artiste et nette de Nini
Nini et Ugo Mollas, Autoportrait, Vérification 13
vu que l’exposition était soutenue (on soutient les expositions, elles en ont besoin le ministère de la culture n’est plus que de communication) par le pari mutuel urbain (tout comme il me semble que certains films sont produits par les casinos de grattages) : il y a quelque chose, dans ces partenariats (c’est ainsi qu’on les nomme); il y a des gens dont c’est le métier de chercher des lieux où ces entreprises iront poser de l’argent afin qu’on l’entende, dans le bruit de la culture, et qu’on sache enfin que leur image n’est pas celle qu’on croit (échapper à l’impôt – pardon, optimiser sa fiscalité) (pardon, le mécénat, mes excuses les plus plates) (c’est plus joli, et ça veut bien dire ce que ça veut dire) mais qu’elle se targue, cette entreprise, d’aider à l’édification (culturelle) des masses.
Un cadre verdâtre sur la chaussée, photo de l’auteur
Dans le même ordre d’idée, c’est notre monde qui agit ainsi, juste notre monde, j’ai ouï (mais il y a quelques mois) que le chauffeur du président (celui de l’endroit : les présidents ont des chauffeurs, des choses c’est la moindre) avait été rudoyé et foutu parce qu’il avait du retard sur l’horaire (je me souviens de ce président qui n’avait pas la barbe lorsqu’il servait le mari de la reine-mère des pièces jaunes – qui, elle aussi, se déplaçait avec une cour de quelques dizaines de personnes, rétribuées sans doute, de quelques pièces de cet acabit, on peut le supposer) et tout ça pour quelque photos dans un lieu en accès libre ? Cracher dans la soupe, hein…
Une vue de la gare du Nord, prise du métro allant de Barbès à la Chapelle
Non, pas vraiment, le lieu, le hall quelle merveille, en sortant, passer devant le mur où on a collé le poème zéro zéro trois cent soixante trois de Lucien Suel
00363 au chien, rue Saitn Martin, Lucien Suel, photo de l’opérateur
remonter la rue, tourner à droite, marcher encore Turbigo, la « racine carrée » (un salon de coiffure, porté à l’Invent’hair par ma propre fille…), croiser les arts et les métiers, revenir à la nuit, ah Pâques si belle, si douce, et au dehors le monde
au coin du pont Royal et du quai côté Louvre, la plus belle (pour moi, même pressée marquais toujours un temps de pause) vue sur la Cité et le fleuve
me suis précipitée pour vérifier, serai trois jours à Paris mais juste trop tard pour l’exposition (préfère celles là aux grandes machines, surtout l’actuelle) à Pompidou (agacement de ne plus avoir de coupe-file) comme sans doute pour l’affiche de Lucien Suel … mais n’aurais pas eu le temps je pense
J’avais vu la première expos de ce lieu en sous-sol (sur le photographe surréaliste J.-A. Boiffard, mais pas celle-ci, pourtant lu quelques machins dessus.
Tu as eu de la chance (bonjour mystère !) de voir cette affiche de Lucien Suel !
@ brigetoun : cet endroit est magnifique, en effet… (j’aime beaucoup côté rive gauche aussi) bienvenue à Paris donc ! Merci du passage
@ Dominique Hasselmann : la chance (Bienvenue, mister!!) pour l’homme au chien, oui (l’expo est splendide)…
J’ai refait la promenade, marché pendant le weekend, cliqué sur les liens.
C’était agréable, distrayant, reposant (assis à ma table de travil, j’étais !)
@ Lucien Suel : bienvenue (aussi pendant la semaine, va…)