Sur le bureau #29
Il semble bien que le monde continue de tourner, toujours à la même vitesse, toujours dans le même sens, et dans le tri opéré pour ce billet qui n’est rien d’autre qu’une façon de rester présent dans une sorte d’univers peut-être inutile, peut-être virtuel, je retrouve des images aléatoires, parfois même je ne suis pas complètement sûr d’en avoir été le témoin
celle-là, si, le camion stationnait devant la boulangerie, un matin, obstruait le magasin comme s’il avait disparu, j’ai pensé (c’était il n’y a pas si longtemps) à cette maison d’édition, à la boutique de la rue Jacques Coeur et je suis allé acheté une baguette, ou un pain rond je ne sais plus, ils l’appellent tunisien
celle-ci je l’aime beaucoup (il y en a d’autres que j’aime et dont je ne me souviens plus), j’ai posté de nombreuses images (j’aime les images, elles m’apaisent, je crois), j’ai vaguement le sentiment, avec tout ce bleu, que l’été sera de retour et ça me tranquilise, souvent je n’en ai pas vraiment conscience mais j’ai cette fébrilité nerveuse, comme si ça ne devait pas arriver, comme si le monde n’était pas ce qu’il est
c’est une image ancienne, la Maroquinerie, je crois, il y avait là Pierre Ménard, (on y reconnait, souriante, madame S.), je crois que le type flou dans l’escalier au fond de l’image est une sorte de député, un homme politique, quelque chose en costume, j’ai traversé Paris tout à l’heure
cette boîte se trouve à l’entrée de ma rue, j’y ai croisé le gardien, j’ai regardé le pont au Change, il y avait une manifestation de greffiers, je crois bien, j’ai le tract en poche, je ne l’ai pas lu, j’ai marché, j’ai posté des mails, j’ai regardé le temps passer et les espaces s’avancer
au loin on démolissait la centrale, on avait placé sur la cheminée cette sorte d’échafaudage, ils détruisaient, ça ne servait plus à rien, à présent le lieu est habité d’immeubles neufs qui vont se dégrader rapidement parce qu’on ne construit plus pour durer, c’est fini, on construit pour que ça se dégrade tout comme se dégradent les relations qu’on peut avoir au travail
« pour votre sécurité, empruntez le passage clouté » on marche en ville, avant hier soir on a été voir cefilm avec Z. Breitman qui égrène dans le supermarché dont elle a la charge les chiffres du compte à rebours avant l’ouverture des portes au public, et justement, tout à l’heure j’étais dans une de ces antres de l’immonde (mais comment faire autrement ?) et une voix égrenait aussi le compte à rebours avant la vente « flash », « surprise » ou « la solde de la solde » et ponctuait son discours inutile par un « ne lâchez rien » et ce type d’injonction écoeurante a glissé sur mon esprit, j’ai laissé tomber
parce que « ça c’est Paris », photo prise du haut de la tour, lors de la remise du prix d’icelle, où l’édile fait le malin, le président du comité des propriétaires le remercie de cette avantageuse présentation et tout le monde est content, j’aime ces photos où au loin gît la Défense, au dessus de l’épaule d’un type tout à l’heure j’ai vu qu’aujourd’hui on inaugurait dans ce quartier une tour suppositoire (le journaliste n’employait pas cette métaphore, je crois qu’elle était plus fruitière quelque chose, je ne sais plus), il y a une même tour à Londres, capitale de l’empire là où on fait marcher les gens plus vite pour qu’ils n’encombrent pas les trottoirs et passent ainsi plus de temps dans les magasins, je marchai dans les rues
empruntant le boulevard, cet immeuble était un garage déconstruit on en a fait un immeuble « social » il y aurait de quoi pouffer si ce n’était aussi sérieux, il se trouve juste à côté de l’endroit où reste assis le Suédois ou l’Irlandais, je ne sais plus exactement, un homme, là, assis, sur son sac, le teint bronzé, buriné, il reste sous son capuchon, assis sur le boulevard devant le siège du parti,
elle était dans la rue, ce que j’aime c’est le « grec » écrit au dessus, pour le reste je pense aux îles Hébrides (une publicité pour une croisière à un prix défiant toutes concurrence : si tu lis les caractères en police 5, tu te rends compte que ce prix n’est valable que pour la 2° personne avec un départ vers le 29 janvier), ce n’est pas seulement que la publicité soit ignoble, que le marketing qui attire par des prix incongrus soit abjecte, c’est surtout qu’il nous force, nous oblige à nous tordre l’âme et les sens pour comprendre ses ruses avilissantes, alors évidemment dans une telle ambiance, on imagine pour produire ce type de trompe l’oeil les conditions de travail dans ce qu’on appelle « services » de nos jours
c’était une galerie, du côté de Beaubourg, je crois qu’on y présentait des oeuvres d’une cinéaste, une femme âgée, épouse d’un réalisateur de cinéma, et l’image avec la coupe de cheveux de l’humain qui est là m’a semblé idoine
regarder par la fenêtre la nuit, je sais à peu près l’heure qu’il peut être si celle-ci est éteinte (vers deux et demi) oui, ça sert à quoi de prendre des photos ?
à rien, presque rien, c’est juste pour se souvenir que, à cette époque-là, l’un des « o » était tombé, la propriétaire du local en a repris l’usage, el photographe qui y était s’en est allé sans un mot et elle ne lève plus guère son rideau de fer
ce ne sont que des illustrations, refaire la porte du 4, ce serait comme une inscription sur l’agenda du peintre, ou du patron qui téléphonerait ses ordres, à présent elle n’est que marron mais les chasses-roues ont été eux aussi repeints, ça a quelque chose, quoi ?
on s’en fout un peu (ce doit être le #243 de la collection, celui-là, qui a été capturé dans une boutique de décoration du Cours la Reine, fait penser à ce magasin sur le faubourg Saint-Antoine, Roméo Romuald ou Rodrigo de décoration on a envie de poser des guillemets tellement c’est inapprorié mais enfin n’importe)
le coin de la rue de Belleville et de la rue Denoyer, à l’arrière plan le plus bel immeuble en ville
j’ai reçu hier un questionnaire émanant d’un des « services » d’une institution qui m’indique (je cite, c’est du joli) :
Bonjour,
Je me permets de prendre votre attache suite à l’intérêt que vous avez porté à la consultation
je pose en italique, « prendre mon attache » j’adore ça, j’ai demandé des explications (renseigné le sondage en pièce jointe, je suis pour faire avancer les pratiques) mais on n’a pas jugé bon de me répondre, on remarque d’ailleurs que répondre a quasiment un statut sacré au mail, ou sur les plateformes interactives, c’est étrange mais c’est une façon de reconnaître aussi les personnes sur lesquelles peuvent se bâtir des relations
la main d’un cruciverbiste, sur la ligne de métro qui relie Nation à Etoile par Barbès Rochechouart (je me dis que l’une des infamies les plus symboliques de cette régie est d’avoir transformé le nom des lignes de métro en numéros)
un ouzo, certes, sur le port, un peu de poulpe, quelques olives, le bac qui arrive, les pêcheurs qui rient, que demander de plus à cette existence ? Rien
ah oui, de la musique (ici la verrue, ou le furoncle, c’est selon les avis, c’est au parc et c’est quelque chose qui en ôte la lumière et pourtant la musique ne devrait-elle pas nous en apporter ? – je vais fermer les commentaires, tiens)
Saint-Lazare vue du pont de l’Europe, crépuscule finissant
intérieur noir d’un sac où s’entassent les choses qu’on jette, le gâchis contemporains, devant le supermarché ici, certains soir, là-bas en face du garage à d’autres moments, vers six heures, se réunissent de pauvres gens qui fouillent dans les conteneurs à la recherche d’aliments avariés, c’est en ville, ici le phare du monde, la capitale de la lumière
ça ne fait rien, une aquarelle pour me souvenir de Venise, et le reste des images qui tombent sera pour du cinéma, ici le film magnifique « the clock » de Christian Marclay
et là, l’acteur Viggo Mortensen dans « Les deux faces de janvier » je crois me souvenir (Hossein Hamini, 2014)
et pour finir, quelques fleurs pour ma tante
et non, il n’a pas fermé les commentaires
zut, n’aurais pas dû essayer, que faire ? continuer ? que dire ? juste : mêmes réactions souvent, et un ou deux sourires un peu de travers
Tu aurais dû fermer les commentaires : je vais mardi soir (20 heures 30) écouter Boulez et Varèse au « furoncle » (5 euros pour mon fils qui a moins de 25 ans).
@brigetoun : non, je ne ferme pas les commentaires (s’ils m’indisposent, je les supprime seulement) :°)) Merci du passage
@Dominique Hasselmann : (voir plus haut) :°)) tu optes donc pour le « furoncle », il y a chez les musiciens la nouvelle coqueluche qui se dit « fila » tu en as entendu quelques uns en parler ? On peut aussi parier sur « protubérance maligne », mais (comme je disais plus haut) chacun fait comme il veut… Merci du passage mon cher Chasse-Clou…
@ PdB : le chien de Hollande s’appelle bien Philéa…
Je regrette simplement que La Cité de la Musique perde ainsi son ancienne dénomination (d’un point de vue marketing, cela faisait sans doute de l’ombre double à la Philharmonie)…
Mais même si la salle souvent fréquentée, avec Boulez parfois au pupitre, paraîtra désormais riquiqui par rapport à sa grande sœur, l’essentiel est bien que la musique y gagne – et avec des prix abordables ! – sur toute la portée.