Oublier Paris #47
Rubrique(s) : Carnets de Pierre Cohen-Hadria / Oublier Paris / Ville (ma) vue du sol
15 avril, 2013 2Ce billet, publié hier soir vers minuit, reste en l’état malgré les attentats perpétrés à Boston, drame, événement incompris, terreur et froid aux os. Le cours des choses changera, sans doute, et l’horreur n’en sera pas amoindrie. Les marathoniens croisés illustrent ici un propos d’espoir que je ne veux pas ôter : ce serait donner raison à ces faits inutiles et odieux.
Les vacances, quelle joie… Surtout quand on travaille… On a travaillé, et on arrête les frais… Il fait beau, le temps est au doux, on sort le soir, il fait jour, on se promène, il fait doux, au loin Paris, le ciel l’espace
souvent on prend le métro, les humains, là, marchent courent et s’apostrophent
c’était il y a un moment, ils en étaient au bleu
plus de quarante kilomètres, à toute allure
il avait plu, ils passaient, dans le métro les muscles tendus, les yeux cernés, la fatigue, par la fenêtre, la gare
au loin, ce drapeau, les tours de cette église que longe la rue La Fayette, on est passé à la Chapelle, deux femmes assises, deux cadres enlacés, les sièges bleus, les appareils à qui on se confie, les parents, les ami (e)s ?
ici bientôt un cinéma sur les traces du précédent (est-ce donc cela, la culture, revenir sur ses pas, refonder un lieu qui était tombé, en refaire un semblable, ne rien inventer ?)
(j’aime la polémique, quoi qu’il en soit), on ira voir, il ouvre jeudi je crois (18 avril 2013, réouverture du Louxor, le palais du cinéma au coin du Magenta et du boulevard de la Chapelle), ici une photo automatique, comme il en est des écritures
avancer, s’en aller, discuter le travail, les émoluments, les honoraires, les frais et les charges, salaires, pourcentages, « les relevés bancaires de janvier 2013 pour valider les opérations non débitées au 31/12/12 », oui d’accord, oui voilà, on porte, on part on va voir sur les lieux
il pleut un peu en Normandie (le vert est à peine saturé), au ciel les nuages
ah le contraste, partir, revenir, le métro, toujours
les accoutrements, les gens qui passent et pensent occupés d’eux-mêmes, avancer, se placer, prendre position
bousculer s’il le faut, avancer, se placer, attendre et entrer, ce n’est pas la presse pourtant (l’âge de ces deux-là témoigne), on va à son rendez-vous, on retrouve untel, on parle, on enregistre et on prend des notes, puis on consultera des livres qui passeront devant soi
on ira voir cette exposition, où on croisera un corbillard E type
un livre sous vitrine (le carré noir en bas du cadre est l’ombre de l’organe de capture photographique)
on apprendra que l’auteur (Raymond Roussel, ici) en a terminé de la vie au Grand Hôtel et des Palmes, à Palerme, surdose de barbituriques je crois, on regardera au dessus de soi, ces machines qui fonctionnent à des tâches qu’on ne conçoit pas
dehors il fait bon, il fait chaud, le quartier n’est pas le mien, n’importe, on peut aller où nos pas nous porteront, laisser l’Alma et ses Zouaves, laisser derrière soi ce triangle d’or, ces champs, cet arc, laisser derrière soi, regarder au loin, en haut de la rue cet immeuble blanc
coin de Julien Lacroix, et penser à l’affiche collée derrière la porte (ces toiles, ces lieux, ces couleurs, se souvenir de la musique, se souvenir des roses que je lui porte chaque semaine, se souvenir et oublier, transformer mais garder, en soi, affleurants pourtant, et la joie de vivre et le plaisir de retrouver le soleil)
C’est que c’est le printemps : ce billet est plus particulièrement destiné à Maryse Hache.
faire un bouquet de tout cela et nous l’offrir
Vu et lu trop tardivement… le prochain week-end est arrivé.
La brochure « De la misère en milieu étudiant », je l’ai là, sur mon étagère (on la distribuait à Besançon en 1967, elle n’était pas destinée à devenir une pièce de musée).
Le Louxor : il paraît que la grande salle est très mauvaise du point de vue « réverbération » et reflets pendant la projection sur les décorations maintenues – avec un écran petit.
Je ne pense pas néanmoins qu’il ne faille jamais « réaménager » (tu aimes la polémique, moi aussi) ce que le passé nous laisse – heureusement parfois ! – comme traces et invitations à prendre appui sur lui.
J’irai au Louxor quand leur programmation sera au point (« mise au point »).
Sinon, les photos dans le métro (ils l’ont aussi réaménagé, même s’il ne vaut pas celui de Moscou !), c’est toujours chouette.
A part le marathon, et ces types en chasubles bleues font trop penser à une prochaine manif des « anti-mariage pour tous » !).