Vases Communicants #23 mars 12
« Pendant le week-end » a le plaisir de recevoir Pierre Ménard pour les vases communicants de ce mois de mars, tandis que lui accueille Piero Cohen-Hadria sur son site Liminaire
La ville est un texte à trous
Chantier place de Stalingrad, février 2012
Je ne regarde plus la ville de la même façon. Ce qui attire désormais mon attention est ailleurs. La ville en cheval de bataille, chantier à ciel ouvert. Ce qui s’écrit plutôt que ce qui est écrit. La ville est un trouble. Un texte à trous.
Chantier place de Stalingrad, février 2012
Un travail de l’écriture, qui cherche à faire reculer les limites du possible, en visant une transformation, restreinte certes, mais bien réelle.
Chantier place de Stalingrad, février 2012
L’addition des expériences ne tombe jamais juste. Si vous cherchez bien, vous verrez des visages.
Chantier du tram, Gare SNCF de Pantin, février 2012
La dialectique est partout. Et la marche est un trou noir à métaphores. L’incohérence d’une trajectoire peut menacer l’ensemble.
Chantier place de Stalingrad, février 2012
La ville se livre devant nous entre parenthèses. Cet entre-deux, sur lequel tout texte se construit, qui nous permet d’écrire un texte à partir d’autres textes, est cet espace de transition qu’en architecture on nomme dent creuse.
Chantier Chaufferie du Canal de l’Ourcq, février 2012
Le brassage favorise également la régularité de la transformation dans toutes les couches de son activité créative et permet d’obtenir un recyclage de qualité homogène. Mais le résultat ne compte pas. Ce qui reste m’importe peu, juste la transition, la trace de ce qui se construit, ce qui a lieu c’est le lieu. La forme que nous inventions sans nous voir l’inventer.
Chantier place de Stalingrad, février 2012
Ce que je vois, les souvenirs que cela éveille en moi, ce à quoi cela me fait penser, et comment ces pensées transforment à leur tour mon regard. Ce que je vis. Ce que je vois. Ce que je pense. Journal du quotidien (en ordre de bataille) repris entre les lignes d’un temps qui le dépasse, le transforme. A l’affût de ces transformations : toutes ces choses composent un ensemble hétéroclite, multicolore, polyphonique. Devant cet amas les saisons se couchent sans connaître leurs motivations.
Chantier place de Stalingrad, février 2012
Monde en métamorphose qui m’avale. Avec le temps suspendu qui déborde des lignes. La ville me construit.
Textes et photos : Pierre Ménard
Les autres vases, c’est ici. Merci à Brigitte Célérier qui, en son Avignon, oeuvre avec grande diligence à la liste de ces échanges.
Un texte est aussi un chantier (la déconstruction à la Deleuze, près d’Uzès, un vin délicieux porte cette étiquette), les mots sont des briques, des pierres assemblées et remises dans un autre ordre, le sens est architectural.
Ces photos (on retrouve certains visages chez l’amateur de Belleville) sont comme des pages relatant la disparition en cours, la transformation, le nivellement ou l’arasement : il manque (mais pas forcément) le bruit des engins, les cris des ouvriers puisque là on en voit encore, leurs casques indiquent la guerre qu’ils livrent pour une poignée d’euros au risque parfois de leur vie, les tranchées sont désormais civiles.
La marche est un trou noir, une dent creuse. Temps suspendu. Je vois ce que je vois.
« ce qui a lieu c’est le lieu » : j’aimerais signer cette phrase (et de nombreuses autres de ce texte)
à pierre et piero
si je puis d’amour, (aime beaucoup moi aussi ces machines, fers à béton / excavation qui montre la terre des villes sous le macadam, les couleurs, les tuyaux qui sortent provisoirement des dalles) ferai bien aussi, sous vos doubles impulsions, un petit journal chantier plus modeste avec images que j’ai beaucoup péchées en torchère iphone surtout, chantier qui se déroule sur une place de la république aussi, mais à orsay, non loin des jonquilles de gif et de celles du jardin mien / â suivre