Carnet de voyage(s) #11
Rubrique(s) : Carnets de Pierre Cohen-Hadria / Carnets de voyage(s) / Ville (ma) vue du sol
10 novembre, 2011 2C’était il y a peut-être un mois, moins d’un mois,
c’est un port
qui domine la mer,
en haut on trouvera une église, colorée,
on verra l’astre briller au loin, les voitures garées, les falaises s’oranger, au loin vers le nord, c’est le soir la nuit, quelques jours,
deux seulement probablement, on verra le matin les oiseaux garés sur le toit de la capitainerie qui abrite un club, une exposition de peintures, le passe-temps du retraité, embarquement immédiat,
un tour en mer, caboter et les photos, des cartes postales,
se souvenir des beaux lieux peut-être, un billet de dix pour chacun de nous (merci) le nettoyage du pont par le capitaine et son mousse qui tout à l’heure dans une casquette tendue « n’oubliez pas le guide » on ira vers le sud, longer la côte, approfondir les bleus, laisser
derrière soi le ferry, « Sept Soeurs » – quelle famille !- se souvenir de Ouistreham où Florence Aubenas fit des ménages, un temps, faire des photos
pour ne pas penser sans doute,
les gens, bleu profond, le bateau « Ville de » file sur l’eau, laisser le quai derrière soi, embarquer et croiser, bleu le ciel l’eau le vent,
commencer l’automne le beau temps,
au loin les falaises,
l’Aiguille Creuse de Maurice Leblanc, « prince des monte-en-l’air et de la cambriole »,
au loin cette petite église, là où le peintre Braque est enterré, les vitraux qu’il y réalisait, on pense à Nicolas de Staël aussi bien précipité de sa tour, on pense
que la vie d’artiste « tu leur diras que tu t’en fiches » on pense à Léo Ferré, c’est que l’eau, claire, verte et bleue, porte à rêver, les bateaux blancs,
le soleil et la terre, peu de choses,
le bruit du moteur et le souffle de l’eau
irisée en vapeur, le long de la côte, risque-t-on de périr en mer, brave-t-on les flots, on pense puisqu’on aime le cinéma aux « Contrebandiers du MoonfLeet » (Fritz Lang, 1955) comme à « la Taverne de la Jamaïque » (Sir Alfred, 1939, Charles Laughton et Maureen O’Hara) et par contagion probablement, à Daphné du Maurier,
ses oiseaux
et sa Rebecca, c’est que le mouvement prête au rêve, on s’échappe,
la ville est loin, les ennuis et les lettres recommandées, les accusés de réception, seuls restent l’astre et son vent, son air et quelques gouttelettes, le sel,
regagner la terre ferme, le ferry s’en ira tout à l’heure,
quatre heures et demi plus tard, au royaume de sa Majesté en son île, du haut de cette colline la petite église nous regardera,
on pensera à Gènes et à ses cinq terres
qu’on ira voir, c’est promis, on ira voir ce qu’on distinguait au loin, et du haut de ce promontoire, on distinguera
ce petit point point blanc qui s’en retourne vers la ville, l’après-midi s’étirera doucement,
on pensera un peu à Balbec, dans le soir on regagnera la plage, quelques frites, le bruit des vagues,
partir revenir et garder, au fond de soi, quelques images, quelques sensations, quelques illusions aussi bien qui nous rappelleront, quelques semaines plus tard, que le monde n’est pas qu’avidité, mensonges et travestissements, mais aussi, parfois liberté et tendresse. A toi.
OH MERCI
Traversée calme, bleue (pas à l’âme), sans mal de mer (Vertigo est loin)…