William
Paris. Je ne sais pas bien, on parle depuis sa propre chambre, on regarde les choses passer de sa propre fenêtre, on ne peut pas faire autrement, c’est ainsi qu’est notre vie, on est là, on passe…
J’ai regardé ces photos
On reconnaît de gauche à droite Vittorio de Sica, Roberto Rossellinni et Frederico Fellini
(mais la femme de dos…? l’homme grimé en soldat allemand ?)
avec tant de plaisir, disons. Je me souvenais de ce qui se passait, au milieu des années soixante, assistant de réalisation, « les Grandes Vacances », Louis de Funès… les hauts de l’Auvergne, était-ce à ce moment de cure, Murol peut-être, tu te souviens, le lac Chambon, alors je me suis souvenu de ces années là
et ces photos qui se remémorent Rome, l’année dernière,
Gènes cette année
l’Italie, qu’est-ce que c’est que cette Italie-là ? Je suis allé voir, il y avait là
toutes sortes de photographies, certaines au grain mouillé presque, cette vue de Rome au loin, je me souviens bien de Latina, la fresque qu’il y avait au mur du premier étage, on y accédait par un escalier extérieur, un peu comme dans la maison de Carthage, ces souvenirs-là restent
les choses qui se passent aujourd’hui, abjectes, ces injonctions ignobles, oui, mourir seules voilà tout, après tout telle est cette loi, il y aura non loin Ostia, il y aura la saison et puis l’automne, est-ce cette raison qui fait qu’on remise les chaises, qu’on les range,
qu’on attend que la saison revienne, les enfants viendront avec nous, mais voilà que le temps s’en est allé et qu’ils partent seuls ensemble oui, faire une vie pour eux, oui
un père et son fils
l’escalier qui mène aux étages, je me souviens de celui de la maison du Belvédère et je revois le jardin, les boutargues qui sèchent sous l’escalier, je me souviens, je regarde cette lettre, là, et je me dis que toi, là-haut ou là-bas, ma mère, ou toi mon père, là-bas ou là-haut, vous préférez regarder le ciel, et de voir comment se passent ici les choses, je me dis que j’ai honte pour vous… La vie parfois, je vous assure, vous deux partis
William Klein est comme éternel, on ne sait plus si ce sont ses photos qui demeurent ou lui qui vient de les accrocher, il est sans doute passé rue de Fourcy et son sillage s’est inscrit sur la gélatine du temps.
… et leur vie quand nous l’ (les) abandonnerons… mais foin de mélancolie, des mots et des couleurs pour célébrer le miracle de notre présence et convoquer ces absents qui glissent parfois vers nous, douceur alors de les sentir au fond si proches
@ TàG : Rome plus encore est aussi est éternelle hein…
@ Elise : on ne les abandonnera jamais, non ?