Pendant le weekend

Oublier Paris #27

Elle va au boulevard de la Villette en se jetant dans la rue Rebéval, en descente, elle vient de Bolivar, là où on trouve un café au Virage.

Ce n’est pas qu’elle soit si agréable, pentue, mais son nom, cette chaîne montagneuse qui s’étend du Maroc et son anti, à l’Algérie, son Haut et Moyen, pour finir vers la Tunisie et les Aurès (où on a eu vingt ans), Lyautey peut-être ses guerres coloniales, de Dunkerque à Tamanraset, ce genre de réminiscence sans doute… La rue de l’Atlas.

 

Jouxtée par le passage.

Au coin duquel se tient l’hôtel

 

Mon oncle demandait souvent aux passants du nord, « vous connaissez la rue kitourne ? » et guettant le moment où l’étincelle viendrait à leurs yeux, comprenant la blague avant d’embrayer en riant, je me souviens, ici aurait demandé « la rue kidescend ».

Et c’est vers ce numéro bizarre

que se trouve (probablement le 7 a-t-il chu) cette entrée : la cycliste s’en va,

venant de ce fond de cour

On entre, une usine

des pavés disjoints, des ocres, des bleus, on regarde

un lieu vide, inhabité

 

à droite, une fabrique à l’intitulé étrange

mais on s’en va, on pense à ces gros livres où se dessinaient des pays et des couleurs, des frontières et des fleuves, je pense à mes amis, là-bas sur l’île, il y fait beau, ici gris, le bitume

au loin, la rue descend, est-ce cette vertèbre, ici mon cou, ce colosse qui aux épaules tenait notre globe, ce mot, doublement A, l’as, qui vient des Buttes Chaumont pour aller au boulevard, la plaine, l’enceinte du Paris des années 1850, du petit Napoléon, le mur des fermiers généraux, la barrière de la Chopinette, entre celle d’Athènes et celle d’Aubervilliers dans l’Hillairet, cette rue du dix neuvième qui de Botzaris me mène à la Fontaine au roi…

 

 

Addenda daté du 22 juillet 2011 vers 21h30 : il semblerait, d’après ce qu’en dit le linguiste Pierrot, qui le relève (à l’occasion de l’un de ces commentaires dont il a le secret) dans W un souvenir d’enfance de Georges Perec que ce dernier serait né au 19 de la rue, numéro sous lequel alors était basée une maternité. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ici une photographie de l’entrée de l’immeuble, qui regroupe les numéros 17 et 19 (merci à PdB pour la photo).


photo PdB©

 

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5 Comments

    Absolument magnifique ! tout le monde le dit sur twitter – d’où je viens – et retourne faire chorus…

  • Merci pour ce site qui m’a permis de découvrir l’adresse exacte de la maternité dans laquelle je suis née en février 1954… le 5 !
    Et quelle émotion de découvrir que Georges Pérec, pour lequel j’ai beaucoup d’admiration, est né à la même adresse.
    Bien cordialement.
    Fabienne Waxin

  • welcome…

  • je suis née également dans cette maternité le 25 décembre 1951! Ne s’appelait-elle pas :
    « Villa ANNETTE » ?
    La « très gentille sage-femme », comme disait ma maman, était une dame antillaise.
    J’aurais bien aimé la remercier (je suis sage-femme – vivent les sages-femmes -(que vivent les SF !!!)
    salut à tous

  • c’était Noël dites donc…! (pour le nom de la maternité, j’en parle avec l’association Georges Perec et je vous informe). Merci d’être passée.