C’est de l’amour
Il y a deux duos dans ce film : Simon et Mickey, et en face Frédéric dit Johnny et Marx. Quatre acteurs (respectivement Jean Yanne, Yvon Back, Mathieu Kassowitz et Jean-Louis Trintignant). On ne sait pas à qui s’adresse l’injonction qui fait le titre de ce film.
Louise (Bulle Ogier) se démaquille (un rôle vide, mais la voix off raconte des bribes d’histoire)
Un quatuor, probablement. Une ambiance lourde faite de jeux de cartes et d’argent, de tortures et de mort. Rien de très nouveau (le nouveau, en même temps, on s’en fout). Fait-on jamais du nouveau avec ce genre de sujet ? On y parle d’amour : Simon recherche des tueurs, probablement par amour pour Mickey auquel on vient de flanquer deux ou trois balles dans le buffet (c’est à ce moment que passe un chien qu’on est en train de soigner et qui porte cette collerette qui fait penser à une fraise Henry 4).
Mickey au premier plan, Simon au fond
Simon recherche, et c’est un peu son périple dans une sorte de France assez gourde et prolétaire qu’on suit. Une belle image, des dialogues cinglants, et Simon qui descend.
Simon, au début, encore habillé proprement
Tandis que le couple, duo, binôme, ménage formé de Marx et Johnny, lui, remonte la pente. Le film fonctionne en montage parallèle : tandis que Simon les recherche, eux remontent le temps. De ce fait, en un sens, ils expliquent leur geste qui n’est qu’un travail, après tout : s’il fallait payer une dette au premier meurtre, ensuite, il s’agit plus de confort. Marx devient l’agent de Johnny et lui procure des contrats. Il l’aide, tandis que celui-ci exécute. Comme on dit.
Leur rencontre, au bord de la route.
A la force du poignet, lequel ne tremble jamais quand il s’agit de réaliser un contrat (parfois, alors qu’il commet un crime, un chien passe devant Marx qui l’attend dans la voiture, comme un mari, sa femme allée faire une course). Alors Marx se vêtit de mieux en mieux, ils roulent dans une voiture luxueuse, mais descendent toujours dans des hôtels plutôt miteux : l’ambiance y devient un peu confortable à mesure que les crimes sont perpétrés.
Simon recherche et trouve par hasard l’indicateur de Mickey (interprété par Marc Citti)
Ces deux-là aussi sont ensemble par amour. Ils s’aiment comme s’aiment des hommes : ils ne couchent pas ensemble, il ne s’agit pas de sexe, ou de sexualité. Ou alors sublimée. Ou inconsciente, innocente presque. On en trouvera cependant : Marx qui se paye une fille dans une caravane (extrait du dialogue qui ne fait pas, comme on dit, dans la dentelle :
Marx à Johnny : Tu l’as jamais fait ?
Johnny à Marx : Je sais pas…
Marx : Oui, bon ben tu l’as jamais fait alors.
Johnny : Pourquoi, c’est obligé de le faire ?
Marx : Ben non, tu fais ce que tu veux c’est tes couilles après tout… – fondu au noir)
; la femme de Simon qui, dans le rêve de son mari, fait l’amour – au lit, missionnaire- avec une silhouette à cinq mots de dialogue (« qui c’est celui-là? ») parce que Simon la délaisse. Dans la réalité, Simon s’en va.
Simon descend, tombe, recherche deux tueurs.
Un jeune et un vieux qui boite.
Découvre que son ami Mickey, dans un comas probablement dépassé à présent, avait de drôles de moeurs, sado-masochistes, homosexuellles probablement.
Johnny et Marx, table du petit déjeuner (Marx boit du cognac) : le haut de la pente
Ce n’est pas exactement dit, mais le film roule dans la perversion, et tente de s’en sortir par l’amour. Simon tue par amour Marx afin de prendre soin de Johnny.
Ce n’est pas à proprement parler un beau film.
Si Simon (
Jean Yanne, le « Boucher » – Claude Chabrol, 1969 – , la bête de « Que la bête meure » – le même, même année-, ignoble sosie de Pïalat dans « Nous ne vieillirons pas ensemble » – Maurice Pialat, 1972-) par amour donc, décide de se lancer à la recherche des agresseurs de son (peut-être) assez ami Mickey, si Johnny et Marx
sont « potes » comme dit le vieux boîteux joueur impénitent, si Johnny est un peu inconscient et s’en fout du moment qu’on l’aime, probablement, il manque à ce scénario quelque chose peut-être de tragique, ou de lyrique. Et vous savez quoi ? Si Bulle Ogier (elle interprète la femme de Simon) ou Christine Pascal
(qui interprète leur fille) sont si absentes, c’est que le film s’en débarrasse, et qu’ainsi privé d’une moitié de l’humanité, il ne parvient pas à combler un manque si criant, quand même la voix off serait celle de Louise/Bulle Ogier.