Oublier Paris #14
Rubrique(s) : Carnets de Pierre Cohen-Hadria / Oublier Paris / Ville (ma) vue du sol
18 août, 2010 1Evidemment, je mélange tout. Je me suis promené vers la place de la
ce matin. Non loin de là, rue Boulanger, il y avait un tournage
(on aime tourner en été).
Je mélange tout, c’est pourquoi je marche, je me promène, je me balade, je regarde les murs de ma ville (à moi ? dans ce pays, la France, qui est le mien).
Sur l’ancien
vivait Gustave Flaubert. Rien de spécial.
J’arrive sur la place et je découvre une plaque,
puis deux, puis d’autres.
C’est vrai, je mélange tout : par exemple l’Etat profite de l’été, souvent, pour agir.
Je me souviens de l’été 42 (non, je n’étais pas né, non ma famille ne vivait pas à Paris) (c’est une des raisons qui font que je suis là aujourd’hui) : les 16 et 17 juillet, cependant, la police française rafla une quinzaine de milliers de juifs, enfants compris, qui furent envoyés en camp de concentration et y furent assassinés ( je mélange tout). Ces jeunes gens de 20 ans, 25 ans, avaient perdu la vie sur cette place, non loin, pour que des choses semblables ne se reproduisent jamais. Ces gens-là s’étaient battus pour la dignité de l’humanité.
Ces temps-ci, mes amis (je n’ai pas d’amis romanichels, gitans ou quoi que ce soit, mais ces temps-ci, ils le sont, mes amis, tous) se font reconduire à la frontière sur les ordres d’un ministre.
Un autre intime aux maires de cesser leur laxisme.. Ces mots m’en rappellent d’autres.
Je marchais dans les rues. Sur cette place, on croise des hôtels.
Les gens sont en vacances.
Un théâtre.
Des injonctions.
Comme quelque chose du dégoût s’est emparé de moi.
Je ne sais pas, de la honte aussi je crois.
J’ai repris la rue du faubourg : elle est en travaux.
Un peu plus haut, comme une invitation.
Foutre des gens dehors, au milieu de l’été, simplement par l’autorité du prince.
Révoltant.
Vu samedi dernier, à côté du Pont-neuf, un appartement, tout en haut d’un immeuble, affichant cette inscription : « Sous la plage, les pavés »… Je mettrai peut-être cette photo sur mon blog – puisque tu t’occupes maintenant de « mon » quartier !