Bleu

Ces jours-ci, c’est la comptabilité qui m’a happé : tous les ans, il y a des comptes à faire, des milliers d’additions, soustractions divisions, pourcentages et calcul de tva, de nombre d’heures, de part exploitant/salariés… Moi qui n’aspire qu’à la tranquillité, Venise (quelle chance…!), le calme du canal ou du bassin de laVillette, je m’arrache les cheveux, le truc ne tombe pas juste, au centime près.

Je suis allé voir le libraire de Pensées Classées (rue Jacques Coeur, Paris 4), faire un entretien avec lui au sujet d’une boîte de diffusion de bandes dessinées. Puis celui de l’Atelier 9 (rue des Martyrs, Paris 9), et celui de Super Héros (rue Saint Martin, Paris 3).

Le métier consiste à comprendre en quoi la problématique qui nous est imposée a quelques résonances sur ceux à qui nous la soumettons : en clair, pensent-ils la même chose que nous ? Ou non ?

Que pensent-ils ? Qu’en disent-ils ? A un inconnu, sans doute poli et courtois, propre sur lui et coiffé lavé rasé, mais inconnu, et pourquoi parler avec un inconnu ?

On comprend bien qu’une certaine paranoïa puisse s’emparer de nos interlocuteurs, c’est pourquoi nous précédons toujours (très souvent toujours) notre venue de carte blanche (ou blanc seing) donnée par des personnes que nous connaissons, comme elles connaissent ceux et celles que nous allons interroger. Nous sommes précédés par cette connaissance préalable : avons-nous, alors, le goût de ces autres ? Existe-t-il une diffusion de ce qu’ils sont pour nos interlocuteurs ? Nous nous devons d’être transparents, nous n’avons pas à apparaître mais voilà bien une chose impossible…

Samedi, je suis allé à un rendez-vous au café de la Mairie place Saint Sulpice, puis le soir j’y suis retourné. Dimanche, au ciel il n’y avait ni nuage ni traînées de jets. Rien que le bleu.

J’ai tellement aimé ce calme : il y avait sur ma table ces multiples papiers, ces comptes à n’en plus finir, mais qu’importe, au ciel le bleu était mis.