Premier jeudi de printemps
Jeudi, c’était le printemps, après on voterait, lundi bruiraient les résultats, grand chelem pour la France samedi ? Lundi ? On ne sait pas, on espère les deux, c’est comme ça. Je suis descendu à Bastille, un tour à Pensées Classées (« tu DOIS lire Fuck America » m’a dit O. lundi dernier, « et le suivant est encore mieux », « je ne sais pas je ne l’ai pas encore lu » m’a dit François Morice, mais les injonctions des libraires…) et je me suis retrouvé sur le quai,
à l’Institut du Monde Arabe, invité par Marie-Claude Char (éditrice aux Editions des Busclats, du catalogue de l’exposition) pour visiter avec H. « Orient Hermès » – titre trouvée par M-C Char -, regroupant les vitrines créées pour ce maroquinier de luxe par Leïla Menchari. Ca m’a plu, j’aime la Tunisie, j’y suis né, j’y ai retrouvé ses fauves,
en son désert si proche,
ses verreries
et ses mosaïques. J’aime l’IMA pour sa terrasse.
Nous sommes redescendus pour aller boire un verre en terrasse sur le boulevard. Un écossais passait, un homme aux dreads enmêllées, un petit homme noir, chapeau, raybann, cigare et chaîne en argent au cou, sous une chemise noire, un pantalon blanc. La marée chaussée passait, elle aussi.
Ensuite, je suis allé écouter Christian Delage
parler de l’exposition dont il est le commissaire, au mémorial de la Shoah, « Filmer les camps ». On peut y découvrir le cahier des charges des films à réaliser pour produire des preuves à Nuremberg, parce que la photographie, comme le film, ce sont, peut-être d’abord, des preuve de notre présence en ces lieux, avant d’être l’enregistrement de ce qui ne sera plus.
Ces films ont été réalisés par Georges Stevens, Samuel Fuller et John Ford. Je suis passé près du mur. Les noms y sont inscrits en noir.
Plus tard encore, je suis allé voir l’exposition de Marie Lepetit à la galerie Briobox,
rue Quincampoix. Elle l’a nommée « Séquence 2010 ». J’ai pensé au cinéma, j’ai pensé aux réseaux,
à l’Internet,
à nos blogs… Et à nos couleurs… C’est en regardant un autre site que je me suis aperçu qu’elle est gauchère.
Je ne savais pas pourquoi je prenais cette photo, maintenant, je le sais C’est peut-être ça, Internet..
Il commençait à faire nuit. Après le métro, à Jourdain, j’ai pris la rue de Belleville.
Au loin brillait le faisceau de la Tour Eiffel.
J’ai marché , les gens aux cafés fumaient, riaient, s’entreglosaient comme dirait l’autre. « Il faisait si chaud, il faisait si doux » aurait chanté Jean-Roger Caussimon. Le samedi précédent, Jean Ferrat s’était tiré sans voir ce printemps-là.
Voir les choses que les autres font, vitrines et livres, mosaïques et verres, selles ou sacs, films, expositions, tableaux en réseau, et tous ces gens, toutes ces personnes si différentes et semblables, venues là admirer ou critiquer, et ces artistes, généreux, ces artisans habiles et habitués, ces intellectuels confrontés à ces dures réalités, tout autant, toutes ces personnes m’ont sans doute donné, malgré toutes les émotions ou grâce à elles, je ne sais pas bien, l’envie et le désir de poursuivre et de continuer.
Beau
jeu
di.
Et aujourd’hui, lundi, météo semblable… Merci d’être passé derrière ce hublot, PhA…
Une déambulation de charme et les images, leurs couleurs, une manière si particulière d’évoluer vers une sorte d’abstraction chaleureuse.
[…] je me suis promené avec mon amie. Nous sommes allés voir l’oeuvre que l’une de ses amies, sur un mur, a réalisée, mur situé entre deux cafés, dans le troisième arrondissement de Paris […]