C’est sûrement à cause du froid…
C’est sûrement à cause de l’hiver.
Ou alors parce que ces temps-ci ne sont pas si agréables à vivre (par exemple, ces attaques toujours répétées contre la culture – avec le discours déculpabilisant qui indique que oui, la culture est l’arme la plus puissante contre la pauvreté dans les vœux, et puis la mise en coupe réglée de l’Education nationale ; ou alors la mise en place de portiques et de caméras de vidéo-surveillance dans les collèges et les lycées à la faveur d’un fait divers ; ou bien la reconduite aux frontières de toujours plusieurs dizaines de milliers de personnes dans des pays en guerre ; ou alors encore les plaintes déposées contre Gérard Mordillat ou d’autres… Non, j’arrête).
C’est sûrement à cause du froid, voilà, le froid des caveaux. Le froid de la corde, la solitude, la mort, les dimanches, et celle de Mano Solo, justement parce que on en a marre
de ces maladies, parce que on en a marre de savoir que l’argent ça n’a pas d’importance (les cinquante millions de doses de vaccins contre l’épouvantail du début de l’automne, promis, craché, on ne les a pas achetées – on cherche seulement à les revendre, où est le mal ?). Parce que tout ce qui se passe, ces derniers mois, est de plus en plus écoeurant et qu’on attend les échéances démocratiques…
J’avais dit : j’arrête ! Et puis ça n’a rien à voir.
C’est à cause de cette neige, de tout ce gel, de ces congères et de ces embouteillages : le froid qui s’insinue, le verglas et les accidents de la route. Voilà, la mort rode, elle nous ôte nos joies parce que ces batailles menées contre elle sont toujours, à jamais, perdues d’avance.
Alors, le froid, c’est vrai. La neige et les intempéries. Oui, c’est vrai. Voilà, c’est ça.
Le froid. J’écoute depuis hier soir ses chansons, je les découvre, je les connais, « Les Gitans » quelle merveille, ce testament « Je suis venu vous voir », cette présence qui rayonne sur nous, parce que la vie, oui, est là, la vie malgré tout.
On n’attend pas, on regarde les œuvres d’art de ces artistes qui ici nous ont précédés, et qui s’en sont allés, laissant derrière eux ces images (ici Le Cantique des Cantiques IV, Marc Chagall, 1958, Nice) et ces musiques, ces joies de vivre que la mort ou ses serviteurs ne nous enlèveront pas. Perdues d’avance, ces batailles : mais la guerre, jamais. On est là, et on y reste : on parle, on dit, on sait ce qui est vrai.
Salut l’artiste. Et merde.
« On est là, et on y reste : on parle, on dit, on sait ce qui est vrai » mais on a des doutes, on se ronge, puis on lit quelqu’un, un inconnu, il dit et soudain de déroule une frêle passerelle de mots sur de mornes étendues de solitudes, merci.
Bienvenue, Elise… Merci d’être passée.
oui mais quand même, des fois, les bras sont lourds, la guerre abime un peu et on fatigue.
(commentaire à classer dans la catégorie déprimons ensemble, désolée)
C’est notre condition : mais l’union fait (aussi) la force. Je ne déprimerai donc pas (cette fois-ci)… :°))
merci du commentaire