Pendant le weekend

Projet DF 4

 

il s’agit sans doute de l’histoire d’un type qui a une danseuse (elle est mannequin, ça ne fait rien) (ou alors on parle de la profession : ce serait le jazz, peut-être  et sans doute pas n’importe lequel – une musique savante et érudite, une espèce d’aristocratie : il y a beaucoup à faire avec cette musique qui vient des esclaves, un peu comme les castes si inférieures de l’Inde, reprise par les dessus du panier – pour lui, ça lui vient de son père et de son oncle qui envoyait des galettes par cartons, avant guerre, à son frère – d’ailleurs cet oncle d’Amérique n’avait pas l’heur de plaire à la famille – une histoire de famille, oui : mais ici, ça commence par une histoire de cul d’ailleurs il s’en défend, de cet adjectivation – j’ai recherché un peu l’image elle est là) – c’était en 2012 que se diffusait cette série d’émission, #MeToo n’était pas passé, n’était pas ancré et ce type de magasine commence à sentir un parfum d’obsolescence (il me semble) (par exemple, pour Union je ne sais pas exactement : il faudrait voir aussi dans cet axe-là – en tout cas, en fin d’épisode, il y a comme un léger flou sur la propriété du titre) (il y a dans le livre de nombreuses références aux femmes qui travaillent avec DF ou ont travaillé : il faudra voir probablement dans quelle mesure cette gent-là fait partie des directions : j’ai noté quelque part le nom de la rédactrice en chef de Playboy (pour la France peut-être bien seulement)  je ne la retrouve pas, ça viendra). En tout cas, des images des affaires, comment elles se nouent, se concluent, se réduisent à des relations humaines (avec ses concurrents étazuniens, ses amis français) : apprendre encore.
Outre le jazz, il y a aussi le cinéma (chacun ses goûts à ce niveau aussi…)

4° Épisode
Régis Pagniez (directeur artistique Lui)
Jean Demachy (illustrateur)
Jacques Lanzmann
Labro (Philippe)
Gianolli (Paul)
Jean-Paul Goude
Matton (Charles)
Topor (Roland)
Guccione (Bob)
Hefner (Hugh) et Christie Hefner (sa fille)
John John Kennedy
Rupert Murdoch
Orson Welles
(Buster Keaton) Harry Langdon
Jean-Luc Lagardère
Jean Prouvost
(Pierre) Lazareff (et Hélène Lazareff)
Vincent Auriol

Numéro 4
l’empereur du cul

Alors pourquoi vous vous êtes toujours caché d’ailleurs, pour on ne …
Bof je ne sais pas la radio ça suffit, c’est bien…

« À voix nue » avec, on peut le dire, l’empereur du cul, on peut le dire, est-ce que c’est un titre qui vous honore ?
L’ex-empereur du cul (rires)

Oui l’ex-empereur du cul il y avait une une de l’Événement du jeudi (octobre 86 -ndc) avec un très très mauvaise photo d’ailleurs l’empereur du cul et vous dites dans votre livre que vous préfériez être l’empereur du cul que…
Que le roi des cons, oui j’ai dit ça un jour à la télévision suisse, la seule fois où je suis passé à la télévision, c’est affreux la télévision, vous êtes obligé de faire l’acteur, on vous maquille, il faut faire des grimaces, il faut être présent il faut…

Alors comment devient-on l’empereur du cul ?
Eh bien, c’est venu je suppose du magazine Lui principalement, cette réputation, idiote parce que ça ne veut rien dire mais enfin bon, parce que Lui je ne sais pas si vous êtes d’accord mais Lui ce n’était pas vraiment pas seulement un magazine de cul, il y avait autre chose, il était fait par des gens extraordinaires, il y avait Régis Pagniez en tête

Alors Régis Pagniez c’était votre directeur artistique, c’est lui qui vous a…
Oui, voilà le directeur artistique que j’avais connu à Match, Jean Demachy, Jacques Lanzmann

Jacques Lanzmann on dit maintenant qu’il est le frère de Claude mais à l’époque c’était le contraire…
(rires) Ouais… oui,oui… non mais il y avait de très bons journalistes, il y avait Labro, il y avait Gianolli, et les dessins j’étais très amateur de dessins je mettais beaucoup de cartoons, ce que j’appelais cartoons à l’époque, et ça faisait à mon avis un ensemble très intéressant, très valable pour Lui… Jean-Paul Goude, Matton étaient des gens qui collaboraient très régulièrement au journal…

Topor…
Oui… Mais le concept de Playboy qui était nouveau, et qui était il faut bien le dire à mon avis génial, on l’a adapté en France avec des gens de talent qui ont fait les choses un peu à l’européenne, différentes, mais ça a d’ailleurs marché à peu près, ça a été l’équivalent si on compte le succès de Playboy aux États-Unis, l’équivalent et peut-être même plus…

Oui parce que le tirage enfin la vente de Lui ça a été jusqu’à sept cent mille exemplaires…
Ouais…

Et après vous avez décliné la gamme de ces journaux-là en réussissant à réconcilier les deux plus grands ennemis de la presse américaine, enfin des magazines de charme américains qui étaient le sicilien l’amricano-sicilien Guccionne et l’américain Hefner, de Chicago
Je ne sais pas, je ne crois pas les avoir réconciliés mais en tout cas en France, ils ont accepté d’être édités par la même personne, c’était assez étonnant oui

Alors comment étaient ces gens-là ? Enfin comment comment ont-ils vu arriver le français sur leur territoire ? Parce que vous avez fait vous même là-bas des adaptations aussi de Lui qui a été adapté aux EU
Oui enfin, ça a été beaucoup plus tard, mais ça ça s’est mal passé dans la mesure où le succès a un peu… si vous voulez gêné un peu Playboy, le succès de Oui

Donc ils ont tué » le journal
Ils l’ont un peu tué oui, ils ont eu peur, ils ont un peu paniqué, ce que je comprends d’ailleurs

et humainement vous aviez quel type de relation avec Heffner
Écoutez de très bonnes relations, mais il y avait surtout des gens de son équipe des gens très gentils, très bons, des gens qui travaillaient pour lui il y avait le président de Playboy, sa fille d’ailleurs aussi Christie, qui était très sympathique… il y avait de très bonnes relations

Vous n’avez senti aucun protectionnisme américain dans votre arrivée aux EU vous n’avez pas senti de rejet de l’apport français
Non. Non.

Mais vous aujourd’hui vous êtes français ou américain ?
Mais moi je suis français, j’ai toujours un passeport français.

Et vous avez un passeport américain ?
Non, non,je n’ai pas de passeport américain... mon fils est américain, mais je ne vois pas pourquoi de toutes les façons e n’y crois pas à toutes ces histoires de nationalités ou de passeports

Mais vous ne sentez pas un peu apatride comme votre père l’était
Oui je ne me sens pas appartenir vraiment à une nation, je ne vois pas pourquoi

Vous avez toujours refusé d’avoir des journaux qui parlent de politique, enfin de vous engager politiquement
Oui, c’est même pas que j’ai refusé mais c’est que je ne savais pas quoi faire, je ne sais pas comment on parle de politique…On en fait dans Match mais quand même ce ne sont pas des magazines politiques

On m’a raconté que vous aviez un jour dîné avec un président de la République qui s’intéressait beaucoup à vos collections de peinture et quand il a demandé à voir vos tableaux vous lui avait dit que vous n’aviez que des reproductions, c’est une légende ou …?
Oui je ne me souviens pas de cette histoire, mais c’est pas impossible j’ai pu dire ça,oui (rires)

Mais le secret c’est pour vous quelque chose d’essentiel, quelque chose de co-substanciel à votre vie ?
C’est pas le secret, mais c’est plutôt d’éviter qu’on vous casse les pieds avec des trucs voilà, c’est tout, c’est pas le secret, je n’ai rien à cacher mais je veux dire en plus…

parce que vous avez exporté vos magazines et en particulier aux EU où c’était un très gros groupe de presse magazine et c’est ce groupe de presse magazine vous l’avez accompagné avec de jeunes talents qui s’appelaient par exemple John Kennedy junior sur ce magazine qui s’appelait Georges et qui était pourtant un magazine politique
Oui… Oui, c’est peut-être pour ça d’ailleurs que ça n’a pas marché.. Oui, euh… non, le la chose exceptionnelle que nous avons réussie aux EU et ailleurs, c’était Elle et ça c’était grâce à Régis Pagniez qui était d’ailleurs installé là-bas alors le cas de Georges est un peu différent c’était une idée de John John qui avait peut-être une idée derrière la tête, c’était un type très gentil, très sympathique je l’ai tout de suite adoré mais

Très beau gosse
Aussi… Il voulait peut-être devenir président un jour, c’est pas impossible… alors ce magazine politique n’a pas été… les Américains c’est très difficile, le marché américain c’est très difficile pour la presse, alors euh… il était pourtant assez intéressant son journal et en plus John avait un avantage formidable c’est que grâce à son nom tout le monde le recevait, tout le monde l’aimait bien, d’abord il était très sympathique et tout le monde l’aimait bien, alors il avait accès à tout le monde mais ça n’a pas été suffisant…

Et dans un pays aussi protectionniste que les EU, le fait que ce soit un groupe d’origine française qui édite ce magazine…

Je ne sais pas pourquoi vous dites que les EU c’est un pays protectionniste mais ça c’est pas vrai…

Non, mais je.. dites-moi le contraire…

Regardez ce sont les Japonais qui règnent à Hollywood… Si Sony est installé là-bas c’est parce que les Américains ne sont pas suffisamment protectionnistes, si on vend plus de Lexus … et pour la presse je n’ai jamais senti la moindre animosité, non, d’ailleurs Guccione il venait d’Angleterre, non c’est un marché difficile parce que c’est compliqué c’est tout…

Et l’expérience de Look

Ah alors l’expérience de Look je peux tout de suite vous dire que ça vient d’un manque de patience et de moyens aussi peut-être mais je… alors il fallait de la patience mais ça aurait marché, au bout d’un moment …

Et la patience, ce n’est pas votre qualité première ?
C’est à dire que là je n’avais pas les moyens non plus je ne pouvais continuer plus longtemps à moins de…

C’est que l’échelle américaine aussi c’est tellement grand…
Ben oui…

Alors vous vous êtes associé avec l’australo-américain Rupert Murdoch pour lancer Elle aux EU comment ça s’est passé la rencontre avec Rupert Murdoch ?
Écoutez très très bien on s’entendait très très bien, mais Murdoch n’était pas quelqu’un que la presse intéressait beaucoup, il était venu là-dedans un peu par sympathie, un peu pour… je ne sais pas pourquoi

Pourtant il avait démarré là-dedans, son père avait été là-dedans aussi
Oui mais il pensait que il pensait que c’était une autre époque lui c’était la… il a très bien compris la télévision et voilà c’était la télévision

et le cinéma, mais vous vous n’avez jamais été tenté par le cinéma avec votre goût pour le cinéma ?
Non…

Et pourquoi ?
Je ne sais pas parce que ça ne s’est jamais… je ne sais pas peut-être parce que justement mon goût pour le cinéma m’a empêché de mettre les mains dans le cambouis parce que c’est quand même un sale boulot de faire des films, c’est quand même pénible…

Pourquoi ? Pourquoi c’est un sale boulot ?
Parce que on n’est jamais maîtres de la situation vous voyez, jamais

Vous pensez que c’est votre mauvaise expérience avec les Cahiers du cinéma qui vous ont…
Ah non, non, mais ça c’est de la presse, les Cahiers du cinéma

Non mais c’est le final cut, le fait que ce soit donné au réalisateur en France, vous n’avez jamais pensé réaliser, vous même ?
Enfin je ne serais jamais passé à l’acte, je pense que c’est un rêve, on en réalise jamais rien soi-même c’est un travail d’équipe le cinéma beaucoup plus que le reste…

Comme les magazines, aussi c’est un travail d’équipe…
Ouais… beaucoup moins quand même… on choisit les gens, au moins, là dans le cinéma on ne choisit même pas les gens, c’est très compliqué mais vous ne le savez pas ça ? Je ne vous apprends rien quand même…

Mais au cinéma on choisit les gens… Non, non

c’est-à-dire qu’un homme qui comme vous a réuni des talents, au cinéma on réunit des talents aussi…
Oui et puis d’abord faire un film ce n’est jamais que faire un film

À plusieurs… Non, justement pas plusieurs justement, un film c’est un film, un magazine, c’est dix quinze vingt ans si vous avez un peu de chance… Non, j’ai toujours trouvé que c’était… et puis on ne peut pas faire trente six choses à la fois, et puis un film ça passe dans les oubliettes, vous faites un chef d’œuvre et puis… plus personne ne s’en occupe plus personne ne le voit, c’est un peu triste… quand vous créez quelque chose comme un magazine, c’est un peu comme un enfant, ça vieillit ça devient adulte puis ça vieillit mais ça dure quand même… un certain temps, un film c’est rien… les plus beaux films du monde…

Citizen Kane que vous avez vu…
Ben Citizen Kane, d’abord ça a été un bide au départ, ils se sont ruinés quand ils ont fait Citizen Kane, Orson Welles a pu faire un film après, c’est un miracle parce que c’était vraiment un type qui avait une dimension et un tonus exceptionnel…

Vous l’avez connu ?
Un petit peu, oui, à la fin oui…

Et est-ce que le personnage de Charles Foster Kane, c’est un personnage auquel vous avez pensé, vous dans votre vie de patron de presse ?
Non. Non d’abord il avait des ambitions politiques, ensuite il mêlait l’amour et les affaires, non, je ne suis pas du tout comme ça

Vus n’avez jamais mêlé l’amour et les affaires ?
Non.

DF c’est un peu comme Buster Keaton, c’est l’homme qui ne sourit jamais
(rires) Je suis très flatté,vous auriez pu dire Harry Langdon ou…

Harry Langdon, c’est bien aussi (rires) Vous avez vu un fauteuil pour deux ? Le film de John Landis avec Eddy Murphy et Dan Akcroyd ?
Je ne crois pas non.

Ah c’est un film que je vous recommande chaleureusement, c’est deux…7
(coupant) c’est un film de quelle année ?

C’est un film d’il y a trente ans
Ben oui alors j’ai du le voir… Quel est le titre anglais ?

Trading places
Ah oui, oui, je l’ai vu oui… Oui, oui

Avec Frank Ténot, vous ne jouiez jamais à ce jeu, on prend un gars, on voit ce que ça donne et on change pour voir si..
Ah oui, oui un peu oui,…ça marche, souvent…Oui,oui…

Et Jean-Luc Lagardère, c’était un ami à vous ?
Très bon ami, oui, là aussi nous sommes devenus très bons amis après avoir travaillé ensemble…

Parce que sur le papier ça a l’air très surprenant de voir cet homme qui était très lié à la politique…
(coupant) On n’avait pas du tout les mêmes goûts, il aimait le football, il aimait la politique, mais on s’entendait très très bien, on n’avait jamais aucun problème

Mais quand on vous écoute on a l’impression que vous n’avez jamais eu de problème avec personne…
Euh… ben… j’ai toujours évité les gens qui pouvaient me créer des problèmes, oui

Ça c’est une philosophie de vie qui n’est pas mal aussi
Ben oui, oui…

Mais comment vous faites alors vous ne les voyez pas ?
Ben je ne sais pas, c’est peut-être l’instinct… j’ai tout de suite senti que je m’entendrais très bien avec Jean-Luc, les gens étaient très surpris d’ailleurs, ils ont prévu… des amis à nous ont prévu des catastrophes, ça allait se terminer dans un bain de sang mais pas du tout il n’y a jamais eu le moindre problème entre Jean-Luc et moi

Et comment ça s’est passé votre association tous les deux ?
Ben je l’ai connu peut être comme vous le savez à Europe numéro un dont il est devenu le directeur, il avait pas mal de difficultés alors on a sympathisé à ce moment-là, et puis quelques années plus tard, il est… il est venu me trouver avec la possibilité de reprendre Hachette, qui était euh… qui était en grande difficulté, avec les banques, il avait besoin d’argent, mais c’était pas l’argent qui l’intéressait chez moi, c’était plutôt mon équipe et la connaissance…

Ce qui est très frappant c’est que vous partagez l’un et l’autre cette idée que ce sont les gens qui font les choses qui est une idée qui a l’air un peu désuète aujourd’hui
Vous trouvez ?

Oui en tout cas…
En tout cas lui voyait ça comme ça, on a mis les choses très nettement au point je lui ai dit par exemple moi je ne veux pas m’occuper de télévision, il ne faut pas me parler de télévision, moi c’est la presse, je veux bien m’occuper de la presse… magazine principalement bon, il y avait aussi le problème des quotidiens, mais ça je me disais que je pourrais toujours trouver quelqu’un qui s’en occupe et ça s’est très très bien passé jusqu’à la fin, même au moment où il s’est lancé dans des trucs catastrophiques comme la Cinq et tout ça, ben… bon, ça arrive hein, moi aussi j’ai fait des tas de journaux qui se sont cassé la gueule c’est pas pour ça qu’on va se fâcher… On ne s’est jamais fâchés

Vous ne vous êtes jamais fâché avec Frank Ténot, vous ne vous êtes jamais fâché avec Roger Thérond…
Non… Mais je savais, je savais que je ne me fâcherais jamais avec ces gens-là…

Vous pensez que votre qualité première DF c’est le pif
Sans doute je ne sais pas si c’est une qualité première mais c’est une qualité importante, l’instinct

La chance aussi… ?
Alors la chance j’y crois un peu moins mais ça joue aussi… La malchance aussi…

Vous demandiez des curriculum vitae aux gens qui venaient vous voir ?
Oui enfin c’est intéressant de savoir ce que les gens ont fait avant… c’est assez intéressant, ça donne une idée quand même…

Quels conseils donneriez-vous aux gens qui voudraient se lancer dans une aventure de média aujourd’hui ?
Écoutez je ne peux pas donner… je ne peux pas donner de conseils, je n’ai aucune… je ne sais pas… Il fait faire, il faut faire ce qu’on a envie de faire, il faut faire ce qu’on aime il faut faire ce qu’on comprend, il faut faire aussi ce qu’on sent qui peut être dans l’air du temps… mais bon, c’est pas des conseils, c’est assez stupide de dire ça mais je n’ai rien d’autre à dire…

Non ce n’est pas très stupide… Vous m’avez dit un jour que vous aviez arrêté parce que justement vous aviez l’impression de ne plus comprendre certaines choses…
Ça c’est arrivé très nettement oui, à une certaine… à un certain moment je me suis rendu compte que ma vie consistait pratiquement à dire non à tout parce que je ne comprenais plus rien, tout ce qu’on me disait je disais non non non, alors je me suis dit c’est pas possible il faut arrêter

Et vous m’avez dit aussi que vous aviez arrêté parce que lorsque vous entriez dans votre groupe, les huissiers à l’entrée ne vous reconnaissez pas ?
(rires ) Ah oui… Ah oui, enfin ça c’est un peu une blague… au début ça ne serait pas arrivé parce qu’il n’y avait pas d’huissier…

Vous m’aviez dit aussi que l’exemple de Jean Prouvost vous avez aussi encouragé à arrêter
Non, c’est vrai, oui… c’est vrai que Jean Prouvost aurait du vendre son affaire quand il commençait à avoir l’âge, 70 je ne sais pas quel âge c’est le bon âge pour ça je pense qu’il aurait pu éviter la catastrophe finale

Parce que ce qui est assez frappant, c’est que en vendant votre affaire de magazines vous avez fait une très très bonne affaire…
Ben… je pense…

Donc l’instinct… l’instinct toujours…
Ben oui, peut-être euh… une bonne affaire je ne sais pas parce que c’était quand même beaucoup de travail, ce n’était pas non plus du vent ce que je vendais…

non, non, mais quand on voit…
Je vendais quelque chose qui était vraiment bien… une bonne affaire, oui, pour l’acheteur…

Ça ne vaut pas la même chose aujourd’hui…
Je ne sais pas, c’est peut-être que les temps ont changé, je ne sais pas…

Vous avez l’impression d’être quelqu’un de modeste, DF ?
Non, pas spécialement, non… je ne me sous-estime pas spécialement

Vous ne vous mettez jamais en avant…
Ben là si, vous voyez je suis en train de parler au micro…

Dans un monde très macho, qui est celui dans lequel vous avez créé vos magazines DF vous avez très souvent confié bien avant que ce soi la mode de la parité le rôle principal à des femmes, pour quelle raison?
Écoutez je ne peux pas vous dire mais j’ai toujours beaucoup aimé les femmes ce qui est curieux d’ailleurs c’est que mes grands copains ce sont des hommes mais malgré tout je me suis toujours senti très à l’aise et plus en confiance avec les femmes très souvent… et je pense que les femmes euh… peut-être à cause de mon père et de ma mère j’étais quand même beaucoup plus proche de ma mère finalement, j’admirais mon père mon père m’épatait mais enfin c’était ma mère qui comptait et je pense que les femmes sont… très importantes pour moi… dans le travail je parle… je ne parle pas du reste, parce que le reste évidemment…

Évidemment quoi ?
Évidemment c’est important.

Oui parce que on n’en a pas beaucoup parlé mais votre maman a été une visionnaire aussi…
Oui… oui c’était quelqu’un de créatif et ça aurait très bien pu ne pas se limiter à son domaine, qui était celui donc qu’elle avait mis plus ou moins au point, celui d’un village de vacances genre euh…

Oui parce que il faut dire donc elle a d’une certaine façon inventé le village de vacances…
Oui

avec le club Olympique près de Calvi qui était euh… précurseur du club Méditerranée quelques années avant le club Méditerranée…
Oui c’est à dire que au moment des jeux olympiques de Londres elle a eu l’idée toute bête ce qui n’avait jamais été fait à l’époque de proposer à des gens d’aller là-bas de les loger enfin d’abord de les transporter à bas prix, de les loger de les nourrir de leur fournir les billets pour le stade et ça c’était nouveau,les jeux olympiques ce n’était pas des vacances mais enfin c’était le même système le même principe,elle avait inventé le petit bracelet pour que les gens n’aient pas d’argent à sortir… vous voyez ?

Mais oui je vois très bien… et elle n’a pas eu envie de développer cette idée ?
Alors non. Elle avait un caractère, non. Elle n’aimait pas déléguer, elle voulait faire les choses elle-même les surveiller de près être sûre que c’était impeccable. Non. Et à l’époque mon père c’était le livre chez Hachette et de l’autre côté c’était Lazareff et c’était deux façons très différentes de travailler, la presse et l’édition, dans l’édition on compte chaque sou on est obligé d’être très prudent, dans la presse il faut faire obligatoirement des extravagances et des dépenses qui paraissent tout à fait stupides et extraordinaires… et ça énervait mon père, j’ai appris ça de lui mais j’ai appris aussi de Lazareff qu’il fallait aussi laisser justement ses dépenses exploser un peu parce que sinon ça ne débouche sur rien…

Oui, qu’il fallait investir…
Sur les gens surtout,oui.

Sur les gens… et vous avez très bien connu Hélène Lazareff,vous avez travaillé pour elle,avec elle ?
Non. Non, mais je l’ai très bien connue comme amie, j’ai fait du ski avec elle…

Vous êtes allé en Amérique aussi avec elle ?
Je suis allé en Amérique oui, avec elle, oui, mais je travaillai, j’étais le photographe sur la bateau avec le président de la République où il y avait les Lazareff…

C’était le président Auriol…
C’était le président de la République à cette époque, oui, c’était Vincent Auriol.

C’était votre première découverte de l’Amérique ?
Absolument.

Vous aviez un peu plus de vingt ans ?
Ah oui… C’était donc en 51, j’avais donc 23 ans.

Vous étiez l’envoyé de Paris Match…
J’étais l’envoyé de Paris Match oui, Paris Match qui se vantait d’ailleurs d’avoir cinq journalistes sur le bateau alors qu’il n’y avait que moi…

C’est important de.. de… d’exagérer ?
Qu’est-ce que vous voulez dire ?

Ben Paris match se vantait d’avoir cinq journalistes
Ah je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça mais parce que ça faisait effectivement… ça faisait luxueux d’avoir cinq journalistes, bon

Vous aviez dans la centaine de magazines que vous pu diriger ou créer vous aviez des préférés en dehors de Jazz magazine ?
Ben mes magazines préférés… ben oui c’était enfin oui Lui, enfin j’aimais beaucoup Salut les copains aussi en fait j’étais à peu près content de tous mes magazines, y compris Union que j’aimais beaucoup…

Union qui était l’une , qui est toujours je crois l’une des plus belles affaires de presse euh…
Oui, enfin ça marche toujours bien, oui oui…

C’est toujours votre magazine d’ailleurs ?
Euh non, enfin non, plus ou moins…

Vous vous considérez que dans vos qualités il y a le fait de savoir déléguer ?
Ah ben oui… oui

parce que vous en fait c’est tout le contraire
C’est tout le contraire, moi quand je fais confiance à quelqu’un je ferme les yeux et je ne m’en occupe plus… et en général ça marche… j’ai été rarement rarement déçu… je dirai même jamais quand j’y pense…

 

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2 Comments

    et vous arrivez (peut-être par admiration pour l’effort) à m’intéresser à un monde qui, ma foi, m’est totalement étranger…

  • @brigitte celerier : totalement, quand même pas – nous sommes assez contemporains hein (probablement une affaire de classe (sans doute sociale)) – et merci pour l’intérêt porté…