Oublier Paris #67.1 (rue Daguerre)
Je crois bien qu’il doit y avoir trois décors dans lesquels se trouvent pris les textes de cette série d’Anne Savelli – est-ce une série, je ne sais pas, un triptyque, comme il y a un diptyque sans doute – elle le dirait mieux que moi – et on a les ami-e-s qu’on peut. Elle se trouve ces temps-ci en compagnie d’une autre star mais pour ce livre-là (« Decor Daguerre » éditions de l’attente 2017) la star c’est la rue (et l’une de ses habitantes – elle y vit, dit-elle, la Varda, depuis 1952… Agnès V. on l’aime parce qu’elle fait du cinéma, du vrai, du beau, et dans ce monde ou cet univers gouverné par les hommes – ici comme ailleurs, mais plus encore ici celles-ci sont payées un quart de moins que ceux-là – le monde est cruel, c’est un égoût informe (ou alors sans fond ? je ne sais plus… comme disait qui, déjà, je ne sais plus non plus mais je me souviens de Guillaume L. qui disait ces mots d’Alfred de Musset, ça me revient, au cours de comment s’appelait-elle ? oui, Oyo L.)
L’irruption ici des souvenirs n’est guère fortuite (je pense à Mona), alors on ne va pas non plus en faire trop des kilos, on va mettre des photos, et sur le modèle (?) de ce qu’écrit un autre ami (François Bon en son journal centré sur un coin d’Oakland – je ne sais pas bien s’il s’agit d’un coin, j’ai du travail et je n’ai pas le temps d’aller regarder – je vais te poser une photo d’une vérification
c’est l’une des dernières du dossier « photos améliorées » qui en compte un millier, laisse tomber c’est la série d’ici « Sur le bureau », c’est en réponse à un billet d’Olivier Hodasava (il ne trouvait personne sur ce golf, si je me souviens bien, mais ces choses-là sont parties, et les retrouver…) – je m’égare, ça a un nom encore ça, le genre qui s’est éclot comme procrastination, incrémenter, obsolète et pérenne et tout ce bazar indigeste, cruel, blessant… N’importe, il y a dans le dossier « Oublier Paris » au quantième 67 deux dossiers, l’un de 22 documents, l’autre de 18 plus un autre dossier, de 7 documents, à paraître dans la maison(s)témoin qu’on fait vivre quand même -notamment mercredi prochain avec un billet rose. Il semble que Varda ait filmé les vitrines des magasins de son entourage, comme elle ne disposait sans doute pas de trop trop de trésorerie, elle ne pouvait se disperser plus loin que dans un voisinage de 50 mètres – on croit peu à ce type de raison, une rallonge électrique ne nécessite pas un emprunt bancaire, mais n’importe, laisse – on sait le 86 de son adresse voilà donc qu’on a décidé de s’en aller regarder : des pairs du 62 (coin Cassendi) à l’avenue du Maine; et des impairs du coin de la rue Deparcieux jusqu’à celui de la même avenue.
Pour commencer, je propose le générique du film, plan fixe au son le Magicien qui dit le générique, le numéro du visa de contrôle par une voix d’enfant (tout cela, images et le reste, en spéciale dédicace, évidemment, à Anne Savelli pour son livre magnifique)
Visite de la rue 1
La rue Daguerre est en sens unique (de l’avenue du Maine vers les petits numéros) (pour les autos) ici le coin de la rue Cassendi matérialisé par ce restaurant au titre emprunté à un best-seller (c’est Salinger qui doit toucher quelques royautés… que la paix repose son âme). On ne s’est pas trop amusé à recenser les restaurants mais il y en a toute une tripotée, et voilà qui changera sans doute d’avec ce qu’on pouvait voir en 1975
(le film date de cette année-là; t’en souvient-il ? je vivais rue de Lille, études de maths, les rats dans l’escalier, la folle du troisième, la concierge de l’immeuble d’en face – celui-là où vivait la maîtresse du futur ministre des affaires étrangères à tonton – stop).
le seul restaurant où j’aie jamais été dans cette rue (le 14 est loin de mes habitudes, de mes connaissances tout autant) : on distingue (à peine) la femme en blanc devant le tabac qui cherche ses clés, ses lunettes ou je ne sais quoi (en réalité ce sont les passants qui sont les plus intéressants, mais la prise de vue n’est assurée que par une machine – ce n’est pas qu’on la haïsse (comme certain…) mais enfin la tendresse à son égard en est légèrement teintée. On peut admirer la décoration et les couleurs, les plantes
ici montrée dans le sens de la marche de l’automobile (faire le lien avec l’hôtel qui jouxte immédiatement) et ici en 2008
certaines moururent, d’autres crûrent, la vie ou quoi d’autre ? Un hôtel tout confort à prix modérés
Télémaque au 64 (le fil conduit directement à la l’une des chaînes les plus de maçon du pays – surtout depuis quelque temps, mais passons on n’a plus la télé, on n’y a jamais été abonné, on agonit l’étrange lucarne – 81e la chambre) (je crois que c’est une enclave qui suit
le vide des rues est magnifique (dimanche matin, tôt probablement) ici la rue Roger. Sur l’autre coin de la rue (un autre moment, un autre jour, une autre lumière)
le café-tabac-bar-jeu-presse-billets-de-métro intitulé « Le Naguère » , rue Daguerre ça va de soi (certains commerçants sont, par essence,burlesques) (la femme en blanc cherche toujours quelque chose, on boit un verre entre amies, gauche cadre le type bossu à canne devant la poste qui tout à l’heure dira un mot au mendiant)
tout de suite, et un autre hôtel
de nos jours pour téléphoner, on sort de la maison, pièce on va dehors, les paroles s’envolent les passant entendent, la vie l’hôtel Denfert-Montparnasse (97e) et son bar restaurant chanceux
la femme téléphone (le jardin est ouvert dit la pancarte, les sandales indiquent l’été, les palmiers prennent l’air)
puis le coin de la rue Deparcieux (Antoine, matheux, 1703-1768), bar-restaurant, ce qu’on peut manger à Paris c’est à peine croyable (la rue est un restaurant de ce côté-ci, vers les premiers numéros une sorte de marché en plein air dédié aux non-démunis, les gens aisés n’ont pas d’histoires, la rue Daguerre, les vélos, les passants) sur l’autre coin de la rue truc moderne
restaurant tout autant (ne se ressemblent-ils pas tous ? des ardoises, des nappes à carreaux, Paris gastronomique ?) heureusement il y a du soleil encore, on avance un peu (maison d’architecte ou quelque chose : les baby-boomers s’emparent des dents creuses, les places sont chères tu sais et l’endroit est calme)
furieusement moderne, up to date, carrés verticales horizontales, la vague sur le dessus, vague nausée, à côté la boutique d’encadrements n’a qu’à se tenir (quelques années encore, quelques décès, quelques travaux… ainsi ira la vie : rendez-vous dans cinq ans ?)
on a quelque pressentiment pour ce 78, non ? Enfin connaissant cette ville (cette municipalité, ses moeurs, son amour immodéré pour la mode -l’édile vit dans le quinze je crois bien – et sa
La bien-pensance, on peut craindre le pire) on imagine bien ce que cela deviendra; et on approche des boutiques et des vitrines du film ‘Agnès Varda, les 50 mètres fatidiques, le Paris Accordéon (on trouve de nombreux intérieurs grâce à la machine, terriblement efficace chez les commerçants qui se répertorient comme un seul homme, c’est indigeste – je ne regarde guère – mais je sais que c’est là, et là, un peu comme la charmante réalisatrice de « La pointe courte » (1955) pour son film de 75, je lui dédie cette image-là
qu’on aime à rapprocher de ce photogramme (est-ce bien, d’ailleurs, un photogramme…? )
la suite au prochain numéro.
Je connais cette rue, il y a aussi un rempailleur de chaises, en face presque de la maison d’Agnès, qui ne saurait passer inaperçue (je suis même rentré dedans un jour…).
J’en avais mis des photos sur « Le Chasse-clou », à toi de chercher, tu n’es plus à une près !
25 janvier 2009… comme si c’était hier !!! 🙂
@Dominique Hasselmann : oui, mais elle a un peu changé…
@brigetoun : les gens les plus bêtes du monde ? (disait Sir Alfred; il leur disait aussi « avec ce que vous êtes payé, vous voudriez aussi que je vous dise ce que vous avez à faire ? » : drôle de Sir…) merci du passage.