Journal des Frontières Travelling
On part par celle d’Italie, on revient par celle d’Orléans, c’est ainsi que les choses vont, il fait beau, c’est jeudi, il pleuvra peut-être, on roule on fonce (la caisse fait son bruit, avant gauche à voir demander au garagiste de vérifier quelque chose, porter, fermer le garage, avancer et continuer)
il faut bien dire aussi, à la décharge de l’appareil, que les vitres sont encore empruntes des pluies précédemment essuyées (ce qui fait sens, cependant ici, dans ce journal-ci, dans cette expression, ce compte-rendu, cette poursuite d’un aboutissement, ce sont ces fils haute-tension qui ploient sous leur poids trimbalent des milliers de milliers de watts, méga giga tera penta et qui, dans cette photo-ci
ou celle-là, ne présentent pas de solution de continuité (que penses-tu de ces éléments de langage ? moi je me sens boursouflé, abandonné, laissé pour un petit tas de poussière même pas dans un coin, j’écris, je passe, c’est samedi et tout à l’heure j’irai travailler)
(la chanson, ce sera « passent les jours et passent les semaines » il ne faut pas savoir pourquoi) et sortir de l’autoroute pour chercher la nationale sept (on avait, il y a quelques lustres de ça demandé au bon peuple de trouver des noms pour les autoroutes, tu te souviens, soleil alak ou je ne sais plus quoi, n’importe, on y a mis des chiffres à présent ou dès le départ ou ça ne change rien – on trouvera facilement une justification, car en Europe on glose dans une trentaine de jargons ou de dialectes et il faut bien, mobilité obligeant, démagogie galopant, que tout le monde -tout le monde…- comprenne), d’un département à l’autre
on sort, on sort, ça se fait par la porte, on n’a pas grand chose à dire du décor (« la joie venait toujours après la peine…« )
on passe devant des champs aseptisés d’hiver
la plaine, morne froide, rétroviseur
arbres dépouillés qui filent déjà derrière soi (« les jours s’en vont, je demeure…« )
tribord, babord, jardin cour, avancer sur le chemin de la résidence, de l’atelier
on croise le primeur
(« on dirait que ça t’gêne de marcher dans la boue » disait Delpech Michel)
les panneaux n’aident pas à la compréhension des images (« il pleut dans ma chambre/il pleut dans mon lit… » chantait Charles)
on ira voir ailleurs tout à l’heure
on passera à Vernoux-la-Celle-sur-Seine (c’est rive droite) (magnifique médiathèque où le deux avril prochain, seize,on tentera de faire quelque chose) (on en reparlera) (merci de l’accueil impromptu…), on aura essayé de trouver un panorama promis par un panneau, rien, sinon au bout de la route, Champagne-sur-Seine via la rue du Panorama donc, un peu comme celle du Paradis peut-être, on sera passé par ici, pour faire demi-tour par là (rive gauche, retour à Moret)
repas sans la moindre aménité, aucune tentative d’empathie mais petit jardin de cactus tout de même
on se souvient des nappes à carreaux (injonction forcenée du terroir, de la cuisine trade et d’un accueil supposément chaleureux) puis repartir rive droite
arbres verts, voitures grises, la joie et la gentillesse des bibliothécaires, le beige clair des murs, le rire des enfants, travailler à l’élucidation de quelques propos des jeunes gens
une bonne douzaine, tout à l’heure le groupe des filles chantera, tout à l’heure on me parlera de FIFA GTA 5 et autres joyeusetés de type manga, on dira ce qui est écrit dans les cahiers mais on ne fera pas de commentaires sur les mots choisis ou si peu (ici, ce sont des mots d’une jeune fille, des mots qu’on laisse reposer depuis qu’elle les a écrits, c’était en décembre)
le coeur dessiné à l’encre des mots c’est ça qui est beau, le matin, des collages réalisés en classe nous seront proposés
une rue de la pizza magnifiquement illustrée et c’est sans amertume qu’on s’en ira, Mathilde Roux et moi-même, au long de la route qu’on connaît sur le bout des pneus on s’entretiendra des suites, des aboutissants, des connaissances, des travaux prévus
en contrechamp avec une lumière d’après-midi
les ciels d’Île-de-France comme si on y était (on y était, c’est vrai mais voilà qu’à peine le temps de se savoir soi-même en train de réaliser quelque chose, la vie sera passée, les temps s’en seront allés et qu’il ne restera plus qu’à se retrouver toutes les semaines pour envisager la clôture…)
travelling avant pano droite gauche, on avance sur la nationale 7 (« on est heureux » disait la chanson du fou), on parle, on décide, on se dit qu’il faudrait matérialiser cette affaire-là mais qui nous y aidera ? on rit des choses figées, (« chasse les aigreurs et les acidités/qui font le malheur des grandes cités« ) des passions sans amours ou des obsessions sans retour (je me souviens de cet homme, je crois qu’il est chauve, qui rangeait dans sa poubelle les diverses feuilles de papier qu’il désirait jeter, j’ai gardé de lui cette image un peu désuète, un peu inutile, peut-être attendrie), et puis bientôt (je n’ai pas parlé de l’accident qu’on avait vu là, à l’aller, les voitures rouges des urgences qui filaient dans leurs éclairs bleus sur l’autre voie, ni de cette peur, bleue elle aussi, qui me prend quand je conduis l’auto) mais non, voilà qu’on arrive
l’église, elle doit avoir un nom, une grue (ce soir, le président -sans majuscule, non- va parler dans le poste)
elle s’approche je vais chercher
contraste changeant, arrive bientôt le périphérique
sur le bord bas du cadre, on aperçoit un peu ces images que la COP vingt et un a fait poser là (on l’a déjà oubliée, celle-là), si je ne me trompe
le faîte se penche
et on le laissera derrière soi (c’est l’église du Sacré Coeur , à Montrouge jte ferai dire)
on mentionnera sans doute que quelque mariage a eu, ici, lieu voilà cinquante ans peut-être, puis de Paris, cette capitale, cette métropole, son lion de Denfert et son boulevard de la Santé (en vrai il est Arago, c’est un de mes préférés), je l’aime celui-là, on est rive gauche, on pense à l’Employée aux écritures, on passe le pont Sully et le boulevard Henry Quatre, et au loin
la colonne de la Bastille (on n’en voit pas le Génie)
le feu est au rouge, on s’arrête, on n’a pas mis de radio, on est à l’heure, on parviendra à se rendre au séminaire (on y apprendra que l’ex-ministre de la culture et de la communication a été informée de son congé (pas assez politique, dit la chronique) quelques minutes avant que le fait soit annoncé, peut-être par sms vu l’état d’urgence dans lequel se trouve le pouvoir, mais qui prouve, si c’était encore nécessaire, certainement le manque d’élégance – et donc la perversion – des temps actuels)
mais voilà, passez, avancez, continuer et surtout ne pas perdre espoir ni furieuse envie de tenir
ou comment faire de la pluie, des nappes à carreaux sans aménité, d’un trajet, un régal grâce aux mots, à l’intelligence et l’amitié
Brigitte a tout dit
et merci à toi
Brigitte dit tout bien, si bien (et les nappes et les chanson et Mathilde et les jeunes, et au retour l’église (reliée à moi en plus, c’est fou) et vrai de vrai « continuer et surtout ne pas perdre espoir ni furieuse envie de tenir » OUI
Les cactus et l’empathie n’ont jamais fait bon ménage.
Chère Pellerin : comme elle l’a dit, née abandonnée en Asie et recueillie par une famille de gens modestes… et devenue ministre de la Culture !
Remplacée par une copine de Julie G., dix ans au CNC, la politique serait donc du cinéma ?
Belles photos de l’IDF, la netteté leur va bien.
@brigetoun : trop d’honneur… merci
@Anne Savelli : merci aussi à toi (et ta ville au loing)
@cjeanney : c’est l’église de Gentilly, tu as raison
@l’Employée aux écritures : en effet, mais on attend quand même un peu de celle-ci chez une restauratrice, même en trouvant ceux-ci affichés là…
@Dominique Hasselmann : il est certain que le choix de la remplaçante de FP tient du politique autant que le président tiendrait du stratège… Bof bof… Passons à autre chose hein… Merci passage