Oublier Paris #59 (le 33 des faubourgs)
Deux ou trois choses que je sais d’elle, ma ville (enfin ce possessif est outrecuidant, celle où je vis, je survis plutôt parce que plus ça va, et moins j’y ai droit financièrement parlant), c’est qu’elle est constituée de voies, rues, allées, sentes, impasses et passages, avenues boulevards (on n’a pas droit ici au mail mais peut-être finalement ? je ne cherche même pas), voies chemins places, quelques villas et squares, et sur la Seine jetés ses vingt six ou vingt sept ponts et passerelles, le tout bordant, délimitant immeubles cours et autres bâtis humains.
J’écoutais comme sans le savoir, c’était en février, il me semble me souvenir, ce documentaire à la radio : amusé, peut-être avais-je à l’idée les visages de certaines personnes, peut-être quelque chose avec le mixage de ceux de ce côté-ci (maitres d’hôtel, chef de rang, directeur général ou responsable de l’accueil : apparemment, cent cinquante salariés du cercle) et ceux de ce côté-là (avocats, écrivains, présidents, éditrice ou teur, chef d’entreprise : trois mille quatre cents membres du cercle, deux tiers d’hommes (cravate requise obligatoire : une simple question de savoir-vivre) un de femmes (pantalon de jean proscrit.))
(Certes, il manquait à ces commentaires soyeux et sucrés le montant annuel de la carte de membre mais on ne peut pas tout, toujours, et partout, tout et toujours tout dire) (quelle vulgarité).
De longtemps, depuis mes études de sociologie (début deux mille, mais avant aussi), j’ai quelques atomes communs avec ce couple de retraités, les Pinçon-Charlot : rencontré un jour chez « Peuple et Culture » (une officine de la rue Saint Maur, Paris 11), un autre dans la cave de la librairie « Compagnie » (j’étais avec mon amie HC (je l’embrasse, tiens), c’était au temps où nous travaillions pour mélico). Et puisque l’adresse de ce cercle est 33 rue du faubourg, dans ce documentaire radiophonique, j’ai eu cette idée sotte d’aller voir :
1. combien de faubourgs compte donc cette bonne vieille ville de Paname ? 8 mon général (je dis « mon général »car le cercle a été fondé par l’ami Foch, durant les dernières années de la grande guerre (1917) : pendant ce temps-là, certes, « les Sentiers de la Gloire » (Stanley Kubrick, 1957), ou « Pour l’exemple » (Joseph Losey, 1964) on sait ce qu’il en était de la chair à canon);
2. chercher avec ce robot complaisant les diverses façons (disons) de représenter ces adresses.
Il s’agit d’un exercice, les 8 faubourgs en question sont nommés (longueur, largeur, classés au monuments historiques) :
du Temple (996m) 20m
Montmartre 635m 20m (anciennement Montmarat)
Poissonnière 1408m 11m (au 121 lycée Lamartine)
Saint-Antoine 1810m 17m (aucun génie, il n’apparaît-peut-être au dessus des toits gauche cadre que du 53)
Saint-Denis 1672m 20m (aussi nommé dans l’histoire Saint-Lazare ; Gloire ; Franciade)
Saint-Jacques 600m 12m (7 Hôpital Cochin ; 38 à 70 : Observatoire ; 38 : Hôtel de Massa (hum))
Saint-Martin 1886m 18m (au 11 cinéma Eldorado)
et enfin
Saint-Honoré 2070m 14,5m (55 Palais de l’Elysées ; 85 hôtel de Vaupalière ; 152bis église Saint-Philippe du Roule)
Certes, le robot n’est plus à son affaire, ces derniers temps (il y a là quelque enflure, hein : on ne sache pas que cette rue du faubourg fasse ce type de coude…). Mais voilà, c’est ainsi, j’ai regardé un peu vers l’aval (comme on sait (ou pas) à Babylone, les numéros de rues parallèles au cours de la Seine croissent d’amont en aval-pour les autres, ah bah…), j’ai vu en voisin l’ambassade de sa très Gracieuse Majesté
(elle est au trente sept – l’ambassade, pas la reine), plus haut, celle des Etats comme disent nos cousins
c’est la résidence de l’ambassadeur au quarante et un de ce faubourg décidément fort bien fréquenté, et évidemment, au cinquante cinq
le palais du PR comme on dit.
Je ne veux pas généraliser (!) mais en regardant ces photographies avant de rédiger ce billet en forme de galéjade (je galège, oui), je me suis rendu compte que, dans celles illustrant celui qui porte aussi le nom d’un gâteau, on ne voit guère d’humanoïdes (sinon ceux qui, dans leurs habits de lumière, gardent et ceignent les entrées de ces édifices institutionnels). Il s’agit, très probablement, de temples à ne pas laisser sans surveillance. A moins que ce faubourg-là n’en soit plus guère un.
Je peux vous dire que, rue du faubourg Saint-Jacques, ils ont, depuis, rebouché le trottoir.
@ L’Employée aux écritures : merci du tuyau… et du passage donc.
[…] respirent, leurs yeux bougent encore, regardent passer le temps, il fait froid à présent, sur le faubourg Saint-Antoine, un peu plus loin sur la place, les crèmes des crèmes attendent, après avoir entendu et écouté […]