Le petit alphabet illustré (1)
Rubrique(s) : Carnets de Pierre Cohen-Hadria / L'Employé aux écritures / Petits alphabets illustrés
16 juin, 2015 5(en page d’entrée de blog, le château de Sassy vu de la départementale 752 capturé par le robot)
Il y a dans le bas du buffet tout un bric-à-brac hétéroclite d’objets outils machines sacs et autres qui recèlent tous des histoires spéciales et personnelles ou objectives, peut-être, mais qui me sont inconnues. Le haut est tenu par les couverts, assiettes, plats et verres utiles aux repas de la maisonnée. Je commence ici une sorte de petit inventaire alphabétique qui se déroulera sur plusieurs épisodes, dont les deux premières grandes lignes seront 1961 et 1981, deux années de parution, puis (lignes secondaires) communs et propres, subdivisions que je tenterai de tenir. Je partage l’élucidation de ces illustrations en deux temps (de A à M, puis de N à Z), dans chacune de ces subdivisions : si on compte bien (tandis que dehors, il est 4 heures quarante cinq, commencent à chanter les oiseaux de ce début d’été ou de ce printemps finissant, tandis que dans quelques jours vont commencer certaines et certains afficionados des jeûnes frappés au coin d’une pratique vaine et illusoire, tandis que s’est immobilisé sous son hangar de plastique l’avion à l’envergure vertigineuse, tandis que le monde bouge et que mes soixante deux ans sont révolus, tandis que d’autres se taisent, s’en vont, ne disent plus rien, tandis que d’autres encore ne répondent pas aux questions qu’on pourrait avoir le front de leur poser, tandis que l’année scolaire se finit, tandis que), si on compte bien (pourquoi compter ?), on aura huit épisodes à cette série alphabetaire, que je commence donc aujourd’hui parce que le temps ne suffit plus, parce que des choses sont à faire et que ces images me sont, en un certain sens, chères.
Il y a donc au bas de ce buffet ce dictionnaire « encyclopédique pour tous » dit la page de garde (et toutes, hein), affichant un 1961 tout de rouge peint, et un « 6° tirage » du meilleur aloi; la page est tachée; déchirée; le livre repose sur une table, en plein soleil et en bois peint (zeugme), dans le jardin de la petite maison qui appartient à une vieille dame (que je salue et embrasse ici). Les fleurs embaument, c’est dimanche.
Il y a donc ces divisions du livre qui sont marquées par des images, des photographies d’emblèmes, probablement : quelque chose qui parle de cette année-là, Jacques Barbaut avait un an (croisé il y a peu dans le métro d’ailleurs, allant au marché de la poésie qui se tient sur cette place dont on a tenté, un dix huit octobre, c’était en 1974, d’épuiser le contenu, le passage, la réalité). Pour le A donc, une Caravelle, avec le France, le Concorde, peut-être d’autres choses encore, explosives et titanesques, choses qui marquent la réalité du pays sous l’autorité d’un chef de guerre, entamant alors et sans qu’il le sache encore, quelques années glorieuses… J’avais huit ans, je ne le connaissais que depuis moins d’un an. La légende dit « Avion moyen-courrier « Caravelle » à deux turbo-réacteurs ». Doit-on dire que les légendes sont toujours belles ?
La machine à nouveau est intitulée « FNRS-3 de la Marine française » il s’agit d’un batyscaphe, une sorte de sous-marin, le commandant Cousteau, le prix à Cannes, enfin toute une panoplie qui va au B comme un gant à une main agile. (FNRS / Fonds national pour la recherche scientifique, belge; le FNRS-2 -le précédent engin, donc- construit par le père de Bernard Piccard, qui à Nagoya aujourd’hui, tente le tour du monde en avion repris ici : on dira, pour la coutume, que « le monde est petit »).
Il y avait une chanson (était-ce Cookie Dingler, était-ce Jean-Patrick Capdevielle ? je ne cherche pas) qui entonne « ah, c’est qu’le vent qui la pousse par derrière et la tire par devant » (car, comme on voit, les chansons ont toujours leur mot à dire) : le vent, dehors, fait bouger la page du C comme « Centrale thermique » sans autre précision. La proximité de l’eau d’un fleuve, d’une rivière, me fait penser à celle de Mantes (Porcheville, je crois, écrit en toutes lettres sur la façade), mais ce n’est pas elle, il me semble. Il y a une autre chanson, pour le vent, de Georges Brassens, qui dit « les j’en foutre et les gens probes, le vent je vous en réponds, s’en soucie et c’est justice comme de colin-tampon ».
La voici mieux cadrée (j’aime qu’on voie l’image d’un dessin d’un câblier, en bas droite cadre « navire spécialement aménagé » commence et commente la notule).
« Forêt de derricks dans un champ pétrolifère » dit le texte, dont on se doute qu’elle devrait se trouver, cette forêt (donc), quelque part aux Amériques, peut-être en Arabie, qui peut savoir (la présence de l’eau, d’un pont élégant au deuxième plan, suggère cependant autre chose qu’un désert à proximité). On peut se perdre en conjectures (on se perd toujours en conjectures, mais ce que j’aime dans cette image, c’est l’herbe du fond).
La 5° lettre, un peu écornée, révèle des « circuits électroniques pour multiplex » ce qui ne laisse pas d’interroger.
La fusée est précisée « américaine » on en donne le petit nom « Honest John » soit Honnête Jean (il y avait « Petit Garçon » et « Gros homme » qui en août quarante cinq, probablement inutilement pour mettre un terme à un conflit perdu d’ores et déjà, illuminèrent les ciels du pays du Soleil Levant, ou du Matin Calme, combien de morts je ne sais plus, on comptera en centaines de milliers). Illustrations courantes.
Notre-Dame-de-Paris, le soleil fond sur la page, illustrant le « Gothique », une messe à Notre Dame, GIna Lollobrigida et Anthony Quinn, ou encore cette cour des Miracles incarnée par Philippe Clay (Jean Delannoy, 1956) qualité française haïe et agonie par les jeunes gens de la revue Art ?
Le type (dessin au centre de l’image attrapé par l’ombre) illustre un « habit » j’aime ça, j’aime le repose-plat carré blanc Malévitch, la photo est celle de l »Héliport de l’Allée Verte à Bruxelles« . Deuxième mention de la coopération franco-belge, la communauté du charbon et de l’acier, une sorte de brouillard peut-être du Nord, quelque chose de la modernité des rapports internationaux, Maurice Couve de Murville, ses cheveux frisottants, qui vivait rue du Bac-on y trouve une plaque- tenait le quai d’Orsay, le premier ministre d’alors n’avait pas encore, sur la tête, son si seyant entonnoir, la France donc…
Le Comte de Monte-Cristo, l’île du Chateau d’If où il rencontrera l’abbé Faria, ou peut-être seulement pour Dumas, Alexandre, était-ce Jean Marais, « île d’If et son château« , la mer noire du noir et blanc, et le dessin de l’ibis
« à la française » ce « jardin du château de Sassy (Orne) » est-ce un parangon ? On dit que le méridien de Greenwich traverse son aîle nord, ou sud, ou enfin par là, mais pourquoi lui ? Tout comme l’illustration du K par ce tableau de Rubens
pour cette kermesse (aux allures de foire, culbutes et danses, carnaval) Pierre Paul musée du Louvre (le noir, gauche cadre est celui de l’appareil photo)
on n’y a pas encore posé le pied (grand pas pour les uns tout petit pour l’autre), la légende indique « La lune dans son dernier quartier » et par parenthèse (« le sud est en haut ») une sorte de volte face que j’ai des difficultés à comprendre, n’importe on parvient à la fin de ce premier chapitre en forme d’exercice
avec ce type à casquette militaire presque, qui commande à distance son laminoir moderne
Je pose ici, à la treizième lettre de l’alphabet, un terme à l’épisode 1 des noms communs de ce dictionnaire. Des machines, des hommes (peu, celui du « M »), une cathédrale, un jardin de château, un autre en forme de prison. Illustrations du début des années soixante.
Pour combler un peu plus l’édification des jeunes gens (moins des jeunes filles je présume), on trouvera ici des illustrations de « l’alphabet du petit soldat » qui propose des dessins à ses (jeunes probablement) lecteurs.
Les illustrations (on vient de reparler de la Caravelle) sont comme l’alphabet des images et sans doute avec des centaines de milliers de lettres de plus.
On pourrait imaginer des dictionnaires purement « imagés », à chacun d’inventer ses légendes (comme tu dis, elles sont souvent belles car ramassées).
Un dictionnaire de la diction, ça existe ?
il y a trois raisons au rail émotif :
1/ La correction du « Larousse »,
2/ La lettre A,
3/ L’année 1960.
La quatrième étant cette impAlpAble Amitié…
@Dominique Hasselmann : de l’addiction, peut-être… (je le lisais à ces âges imagine-toi…)
@le piq amour monsieur : Acceptons lA donc comme elle est…
Merci du passage, vous deux, les autres (prochain épisode : demain) (jeudi)
[…] la même manière que pour le h commun (« héliport de l’allée verte ») on voit ici la capitale de Belgique […]
[…] pour l’ensemble de ce moment de la recherche, Jacques Hillairet est l’auteur des articles relatifs aux diverses voies empruntées (lesquelles voies bifurquent parfois par l’entremise du rédacteur) : sont-ce fantômes qui hantent ces lieux ? les autres peut être italiques explications viennent d’un petit Larousse édition 1961 (on en trouverait les frontispices ici) […]