Arthur, Jean, Emmanuelle et les autres
» C’est un trou de verdure où chante une rivière » dit le poète.
C’est là (mais de rivière, nenni). Clocher, mairie, habitations, peut-être un gîte rural (cette « vente de miel » pourrait peut-être y faire penser :
peut-être pour cette histoire de ruralité que de nos jours nous, les urbains, recherchons). Du haut de la colline, on aperçoit une maison en train de se construire (style indirect : sait-on qui vit ici ? – trois lettres, comme une île)
Sans autre raison que la curiosité, j’ai cherché à savoir qui donc vivait ici, je n’ai trouvé que peu de monde. Ici quelqu’un
gauche cadre, vers le bas, quelqu’un de bleu vêtu. Le cimetière : le journaliste, peut-être héros de ce livre (il se nomme Pierre) commencera son article par : » Aujourd’hui, je suis allé à un enterrement… », qui m’a fait penser (allez savoir pourquoi) à la première phrase de « L’étranger » ( » Aujourd’hui, maman est morte »). L’article qu’écrit ce journaliste de fortune, on ne le lira probablement jamais (il fait penser au MacGuffin de sir Alfred Hitchcock ou de Robert Aldrich dans son « Kiss me deadly » (1955) film formidable) et j’avais pour projet de l’écrire ici. Mais non.
J’ai préféré chercher dans ce village qui y vit, habite, marche (et c’est effrayant comme ça ressemble à n’importe où) : j’ai trouvé ce personnage vêtu de bleu, donc, qui tout à l’heure (quand le robot montera la rue Haute)
sera accompagné d’un autre, plus jeune. Peut-être des habitants du bourg. J’ai cherché un peu partout, une voiture venait à droite
est-ce un château qu’on aperçoit au fond ? Je ne sais ni ne crois, la voiture a disparu au virage : c’est que le robot se permet (très souvent, il n’a aucune légitimité et donc aucune contrainte, loi, ou raison), il se permet de changer, le temps d’un plan, et la date et l’heure. Ici, la même image (la maison fait face à l’église : est-ce celle de cette femme ressemblant à un petit rongeur ? je me le suis demandé)
peut-être est-ce le printemps, la fin de l’hiver (les personnages du roman dont il est question ici – « Faux Nègres » de Thierry Beinstingel, Fayard, 20 euros – ne sont pas dans les images du robot, elles sont prises il y a quelques années, sans doute avant que ce petit village rural du cinq deux ne fasse la une des actualités par les prises de position qu’on sait : c’est effrayant comme il semble que cela puisse ressembler à n’importe où…)
et ici la même, quelques mois après ou avant, comment savoir ? On me dira que les dates sont inscrites sur les images, mais quelle confiance leur accorder ? Proche de zéro, tout comme proche de zéro est la ressemblance avec la réalité de ce bourg, situé non loin de Colombey-les-deux-Eglises.
Continuant l’exploration de ces rues, on y trouve comme souvent un cantonnier, là-bas au fond
pas très au point, approchant et le dépassant
on s’aperçoit qu’il s’agit peut-être de quelqu’un d’autre (au fond le château ou quelque chose), une autre fonction peut-être, quelqu’un en tout cas (est-il d’ici ? A-t-til été voter dans l’école -qui est aussi une mairie ?)
à gauche « école de filles »
à droite celle des garçons
empruntant la « rue des écoles » on découvrira la cour de récréation (en service ? hors service ? on ne sait)
au loin le clocher, panoramique à droite, descendant la rue, deux chiens aux gueules non flouttées
plus loin deux chevaux qui n’ont pas eu l’heur de plaire à l’algorithme
flouttés donc, mais plus haut dans cette rue, j’ai découvert la maison d’Emmanuelle, en vente en effet
et donc, en face celle de Jean
sont-elles situées ici (3 lettres)
ou là
je ne saurai le dire, non plus que répondre à la question qui hante ce livre, dont on discerne quelquefois une réponse, la guerre, la faim, d’autres choses encore. Et puis, j’ai regardé un film, avant hier, à la campagne, de Quentin Tarantino « Inglorious Basterds » (2009), où il est permis de rire, malgré l’horreur et l’uchronie revendiquées. J’ai lu ce livre, dans le même temps, cent trente chapitres, deux ou trois pages chacun, il y est aussi permis de rire, malgré l’horreur que peut inspirer le parti pris des habitants de ce village (tellement semblable à n’importe quel autre…).
en saurait on plus en marchant là sans le robot ?
« effrayant comme il semble que cela puisse ressembler à n’importe où », vertigineux même, je ne l’ai pas encore lu mais bien sûr je devrais (et les chevaux floutés, ça c’est d’une logique…)
Le livre de Beinstingel est sûrement très bien.
J’en viens à me demander quand on mettra en vente des romans « floutés » eux-mêmes par les robots de l’industrie informatique mondialisée…