2668 Mercredi 17 Avril 2024
Rubrique(s) : Carnets de Pierre Cohen-Hadria / journal quotidien / L'Employé aux écritures
17 avril, 2024 4
c’est vers quatre et demie que passe un avion à hélice – j’adore sauf le bruit évidemment – je me réveille et j’insomnise alors pas mal – et puis voilà qu’il devient cinq heures – une demie-heure plus tard il faut s’y mettre, c’est un peu comme une drogue – ou un amour – on ne peut plus s’en passer serait-il secret – ou alors faire des efforts – hier la pluie s’y est mise, j’ai ouvert le parapluie (neuf, acheté quatre fois le prix au monoprix (tu parles) du bas de la rue de Rennes (onze euros, attends) le truc s’ouvre avec peine et voilà ses baleines qui pètent – j’ai trouvé ça parfaitement extravaguant – (« agonir »et »extravaguant » appartiennent au vocabulaire de mon amie Mijo dont j’ai manqué le passage en capitale ces jours-ci – je tente de me rattraper mais je crains qu’elle n’ait rejoint ses pénates en Cévennes) – il y avait marché (mais le mardi est peu fréquenté) salade-persil-pommes de terre charlotte-pain italien – croisé celle-ci
applaudie silencieusement – le coup du parapluie m’a passablement énervé : j’ai pris (sur moi de perdre deux heures et) le métro (mes contemporains ont définitivement adopté la posture dominée
(on ne va pas pleurer mais ça fait peine et mal) ne regardent plus devant eux, baissent le front, courbent l’échine, manipulent avec une énergie absconse par doigts embagués interposés et manucurés à outrance ces petits robots qu’ils osent nommer « intelligents ») (ils prennent aussi des photos, certes) – arrivé au magasin on m’indiqua d’aller me faire voir à l’accueil (au premier sous-sol) ce qu’in petto je commis, la préposée me demanda si je tenais serré quelque part le ticket de caisse – je me suis retenu d’exploser en lui demandant si elle se foutait de moi (je suis resté assez poli car n’ai pas dit « de ma gueule » – elle m’assura que non, je savais pertinemment l’heure et la date d’achat, elle n’allait pas me la faire à l’envers (comme on dit élégamment) et consulta donc sa machine, laquelle retrouva le « ticket de caisse » en me disant de ne pas me fâcher – j’ai dit que les articles vendus revêtaient un état de complète abjection si on ne pouvait s’en servir qu’une fois, elle me répliqua qu’elle ne faisait pas partie des acheteurs, passait par là une autre employée, je lui ai demandé si elle était acheteuse, elle a ri me disant que non, elle faisait là le ménage et c’était tout – sa collègue m’a demandé si je voulais échanger l’article et en prendre un autre, neuf, j’ai dis « je ne crois pas non, dlamerde » ce qui a fait rire et l’autre collègue et elle – et moi – elle m’a remboursé via ma carte bleue – je m’en suis allé guilleret croisant ceci
et probablement immédiatement plus tard cela
reprise de métro – au changement de Chatelet j’ai conduit une femme aveugle (on dit non-voyante pour se la jouer prude) jusqu’à la ligne qui va à la Défense, elle me dit qu’elle était standardiste et qu’elle allait prendre son travail, j’ai dit « bon courage, vous y êtes, le métro dans deux minutes – au revoir » elle’ma souri « oui, c’est ça, au revoir… » a-t-elle dit obligeamment, « et merci » – j’ai pratiqué le changement sur le tapis roulant, mais la ligne cesse à Belleville (les travaux olympiens continuent foisonnent pléthoriques à Babylone), j’ai marché regardé des cartes postales, me suis payé un café au tabac puis un imposant sieston (comme vous dites, là-bas) dans mon lit, pas au tabac, non – le vert a définitivement gagné le prunus
ce fut tout sinon quelques clichés pour un à-venir épisode de dispersion (23 ou 24ième du nom quand même) en maison[s]témoin (24 – c’est fait)
énervant oui le parapluie de quoi pester (oui monoprix… la consolation est de penser qu'ils s'adressent à des travailleurs un peu moins exploités maintenant , juste un peu, que les autres c'est à dire avec les chinois)
et oui "(on ne va pas pleurer mais ça fait peine et mal) " – quant aux bidules dits intelligents ils ont l'intelligence de nous empêcher de l'être
bonne journée à vous cependant
Le parapluie est nécessaire en ce moment… Le métro est une source d’observations, « qui aurait pu prévoir » l’essor du smartphone (à moins d’avoir travaillé dans le secteur) ?…
Comme pour l’école, Macron – au nom de la lecture des livres (et du licenciement de la responsable des éditions Fayard ?) va sans doute nous sortir une nouvelle interdiction concernant ces petits objets de communication (oui, aussi)… 🙂
@brigitte celerier : pour vous, bonne journée aussi – et bon voyage
@Dominique Hasselmann : les agissements chez fayard wtfbolloré sont abjects comme les visées du patron… Merci de passer