Oublier Paris #109 | 2509 Vendredi 10 Novembre 2023
Rubrique(s) : Carnets de Pierre Cohen-Hadria / journal quotidien / Oublier Paris
10 novembre, 2023 6
c’est vers ces jours-ci – il y a un an nous étions vers Montmartre, lisant pour Maryse Hache, qui voilà dix ans, disparaissait – il pleuvait un peu j’avais sur la tête une casquette que j’ai depuis perdue – E. me l’avait offerte je me souviens – au pub irlandais qui fait le coin de l’avenue, j’ai bu un kir à la santé de Maryse – au souvenir plutôt – hier était une journée blanche enseveli que je fus sous des tombereaux d’injures – marcher encore alors (j’adore ça, et c’est heureux) (sur l’arrière de mes deux mollets, cependant, deux plaques rouges que je traite d’une pommade blanche et, peu à peu, un peu comme les gens, elles disparaissent et se perdent – ces gens qu’on voyait, on partageait des repas : le sanaryote comme le photographe), on faisait des projets qui aboutissaient, ou parfois qui étaient remis – un verre de vin blanc – dans le vin se perd la mémoire – blanche et le chemin peut-être toujours semblable
il y a dans le petit livre d’à peine cent pages la mention de quelques hôtels, dont le Petit Ritz de La Varenne-Saint-Hilaire
oui, je ferai un truc – « vous êtes comme moi » a fait la serveuse derrière son bar
c’est probable – j’ai pensé à TNPPI dont la mémoire reste stable (je l’aime toujours) (les travaux ne sont pas accomplis – de loin, de l’autre rive (j’étais dans le 69)
je les ai aperçus – je suis descendu) dans la cour du musée
c’est sans s’en rendre vraiment compte qu’on passe d’une rive à l’autre – un type s’affaire à la fenêtre – il y avait là les bureaux de crâne d’œuf –
et puis on a doublé le siècle et le millénaire (ça n’en fait pas plus quelque chose de si remarquable) (les billets de vingt euros qui sortent de la trappe de ce qu’ils appellent un distributeur, ce premier janvier deux mille un, j’étais avec E. il était une heure du matin et elle avait huit ans) – marcher
les gens, disponibles, penchés sur leur petite machine qui fait tout sauf couteau suisse – les gens inconséquents qu’on tente de joindre et qui se taisent comme si ça les faisait exister –
un autre café peut-être – vers Étienne Marcel, Jean-Jacques Rousseau, rue du Louvre, ce couple plus ou moins mal stylisé (#425 et bis)
ce fut sans pluie (G. Detou proclame l’enseigne – Georges, Gustave, Guy ? – sans doute à peu d’escient – bon appétit quand même) (Gilbert ?) (il paraît qu’elle est fine : ça n’en reste pas moins un épicier)
j’ai fermé ma veste, noué mon écharpe (la chypriote dorée que j’ai failli perdre l’autre soir au ciné Linder) – ici l’autre café
peut-être aurais-je dû indexer aussi ses roses – il y avait dans la boîte aux lettres l’assignation à comparaître (cette moquette qui depuis des années m’empêche de dormir – wtf procès en février) (saloperie) écœurement – marcher encore
un coup de téléphone dans le vide – Montorgueil (à gerber) achalandée de tourisme assez malodorant – passage à La petite Egypte qui est une bonne adresse mais ne disposait pas du Bombay (Marie Saglio, chez serge safran éditeur) – je finirai par le trouver – ceci
puis cela
marche en avant – pendant
la capuche du type devant bord cadre – une femme buvait du whisky, discourait sur les macarons qu’elle vendait sur les Champs-Élysées, la charte d’habillement, les gants qu’on l’obligeait à porter et les regards salaces des types, le luxe, le monde, elle buvait et parlait avec un type qui disait des horreurs –
Paris est en travaux continuels et constants – marcher encore, monter le faubourg encore, marcher – plus tard
je me suis retourné; sur le trottoir d’en face, le type mendiait assis sous son linge mauve, se tenait les yeux
vu B. et sa mère, pensé à la mienne, remonter encore – marcher encore un peu, lecture doucement – souvenir de Moon Martin et de son Firing Line assez indigent – j’oublie, je laisse, je passe
Et moi lisant j’ai le coeur serré, Maryse, les injures, ce que ne comprends pas vraiment, les fleurs que vous portiez, la moquette même etc.. etc… et mes jambes et les hautes chaussettes violettes que le sang dessine sur leur peau saluent et grondent vos mollets.
Bonne journée. Marchons (mais ici pas de problème pour une éventuelle cohabitation avec des indésirables usurpateurs, il n’y a à ma connaissance rien de prévu)
Bonne journée
à vous lire étreinte d’une sourde mais douce mélancolie, et c’est beau, oui, marchons tant que le pouvons
G Detou (style la Farfouille), il faudrait en faire une chaîne « low cost »…
Belleville toujours vivante. 🙂
@brigitte celerier : oui avançons (de concert)- merci à vous
@Élise : tant que rien ne s’y oppose… Merci à vous
@Dominique Hasselmann : j’ai vaguement le sentiment qu’il s’agit de mon quartier préféré… bizarrement. Merci à toi