Pendant le weekend

2520 Mardi 21 Novembre 2023

 

 

 

 

« Employée vous vous trahîtes » – certes vous fûtes rive gauche, mais dans le 15…!? – vous me direz que rien ne vous en empêche, et vous aurez mille fois raison – toujours est-il que votre billet d’il y a peu m’a suggéré celui d’aujourd’hui et je vous en remercie (j’ai bien d’autres paires de chaussures à fouetter (ou à cirer comme disait cette première ministre prénommée Edith), c’est possiblement vrai mais) : comme vous, j’aime assez les vitrines, les expositions toutes faites, les traits caractéristiques de notre quotidien, et ici j’ai repensé à ce film de don Luis Le journal d’une femme de chambre (1964, adapté d’un certain Octave, certes) (Mirbeau qui plus est) où le père de la châtelaine interprété par Jean Ozenne (je suis allé me renseigner) fétichise l’accessoire dont vous parliez – talons hauts ou pas (rassurez-vous, j’ai été épargné par ce genre de conduite libidinale) (certain.es ont coutume (dit-on) d’y boire du champagne – un symbolisme de pacotille et de comptoir de PMU y verrait d’autres connotations) – vous vous trahîtes, dis-je, par le reflet, non pas de vous-même qu’on voit et devine apparaître par une espèce de transparence réfléchie, mais de l’échoppe située non pas « non loin du coin » comme aurait pu l’intituler le regretté Ernst Lubitsch  (l’intitulé français dudit film est Rendez-vous (1940) et comment s’y rendre sinon chaussé.es ?) mais dans ce reflet même, sur l’autre trottoir (je ne compte pas le fait – tout à fait capital, pourtant – que ce nom d’enseigne est aussi celui d’une rubrique que l’amie Kiki de Bayeux (alias KdB) offre à nos oreilles attentives via le collectif L’aiR Nu) (que d’emphase(s) dans ce prologue…) (en plus, pour illustrer votre sans parole ou presque… : quel manque d’à propos hein…) : voici l’objet

continuum en rétroplanning (à rebours du temps qui passe) et à remonter le temps en quatorze époques (étagère du bas dans la même disposition, semble-t-il, que la vôtre) (il n’y a que quelques mois)

plus tard (deux ans et une voisine sortant)

puis trois ans d’ici – c’est le mois d’août, excusez du peu

encore un de plus, avec quelques variantes (assez) pompeuses

achalandée de quelque clientèle putative (quoique peu intéressée par la vitrine longitudinale, vaguement désaffectée) (disparition du poteau : les vélos n’étaient pas encore à la mode municipale, en 2016) (voyez comme changent les choses…)

et puis un texto à envoyer

(il n’y a pas vraiment de trop grandes différences, je reconnais) un peu de laisser-aller quant aux soldes

le commerce est un semblable toujours recommencé

ici un camion bouche un peu la vue (mais la clientèle est là – la marchande aussi – et les soldes moins affriolantes, peut-être)

on reconnaîtra à nouveau la marchande

nous en sommes à dix ans de moins (l’hiver est, à n’en pas douter, là)  (on note, outre le judicieux placement des bottes, le singulier au nom du magasin (bien que le calicot l’indique au pluriel : il ne faut pas perdre complètement le pékin) (en l’occurrence, plutôt la pékine) ce qui en fait un article probablement de majesté – et en tout cas parfaitement singulier)

(bien qu’elles ne se vendent que par paire) (est-ce une cliente que l’on voit au reflet ?) – à nouveau des soldes

tout doit disparaître (on distingue bottillons, sabots, ballerines, chaussons enfin tout le kit)

et pour finir cette dernière, à l’affiche orangée dont on ne peut ni ne veut lire la teneur (c’est en 2008, au 29 de la rue, à deux pas de la rue Blomet)

Avec tous mes compliments, Employée.

 

 

 

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8 Comments

    bel écho, belle rencontre, avec l’employée, Mirbeau et Bunuel (il y aurait aussi les pieds bandés des chinoises)

  • Encore une fois vous m’épatez ! Merci. On pourrait en tirer un jeu des 7 erreurs et une étude de marché : quels modèles se sont vendus entre deux clichés ? Je m’en vais mettre un lien vers ce billet complémentaire sur mon blog.

  • Quel talon !

  • @L’employée aux écritures : serviteur…merci à toi

  • @brigitte celerier : merci à vous

  • @Dominique Hasselmann :Bravo !!! (tu aurais pu le mettre au pluriel) – merci à toi

  • je sais pas pourquoi j’ai cette tendresse pour les magasins de chaussures un peu ringards

  • @caroline diaz : c’est vrai, quelque chose de ces moments-là sûrement… Merci à toi