lettre modiano
c’est sans doute mon côté midinet qui m’a fait écrire cette missive avant les événements, fin février j’ajoutai un épisode aux hôtels Modiano – sur le dernier, offert à Noël, lu plus tard – repérés furent les hôtels, il me semble mais je ne sais plus – j’en suis sûr en regardant, mais le site est pourri : il faut que je nettoie mais je ne sais comment faire, je vais voir mon webmestre – pour mémoire à nouveau
À Patrick Modiano
le 2 mars 2020 (pour le début)
l’incendie a détruit plusieurs milliers de mes livres – si j’en ai récupéré cent, c’est le bout du monde – mais tout Balzac dans la collection Garnier que j’avais achetée petit à petit avec le journal – celui du vendredi – pour moi et pour ma fille E. la cadette – mais sinon, tous les vôtres non – des folio la plupart du temps – mon frère, une année, m’a offert le « Rue des boutiques obscures » dans la collection dite blanche quand même – je travaille depuis un moment sur l’assassinat d’Aldo Moro et vous me tenez donc compagnie. À l’anniversaire qui suivit, cette même fille cadette m’offrit le « Romans » de la collection – édition un peu salopée mais n’importe – c’est en vacances que j’emmenai le livre – bouquins ou omnibus – un seul livre en vacances de ces vacances là – dix romans dedans – je n’ai pas fait le calcul de ceux que j’avais lus et de ceux que j’ai découverts alors (au plus trois je crois me souvenir cependant) je n’ai pas rouvert le livre – je ne le trouve plus (je l’ai retrouvé,si
). Il y avait des choses dedans et me voilà un peu désolé : peu importe l’objet, en réalité je le retrouverai quelque part, je suppose. C’était à Eubée anciennement cette île se nommait Negroponte et c’était une tête de pont de la République de Venise, une escale pour ses bateaux venant de la mer Noire ou y allant – il y a un hôtel qui porte ce nom (93 e) – une résidence il me semble – c’est sur la route de la maison. Cette année j’y retourne – ce genre d’hôtel avec une plage plus ou moins privée privatisée interdite dans les faits, pas dans les actes : on doit pouvoir passer sur la plage – mais je ne sais pas, je ne m’intéresse pas vraiment à ce genre de choses bien que ce soient les hôtels, précisément, qui motivent un peu ce petit texte que je vous envoie.
Les raisons de cet envoi sont un peu sourdes – je ne tiens pas spécialement à m’en expliquer : peu importe, une espèce de reconnaissance de votre part certainement. Mais au vu de ce travail que j’ai mené, elle se trouverait presque accessoire – les choses sont faites, publiées éditées. Je n’ai pas relu cette suite de neuf billets (je viens de terminer le neuvième, j’aime cette suite, le premier date du 6 février 2017, le dernier du 29, même mois, de cette année – l’internet compte pour moi).
Mais peu importe : je reprends cette écriture à un moment spécial – le « confinement » est d’actualité (j’ai commencé à penser à cette lettre au début du mois de mars – les choses ont changé – tant que ça ? comment le savoir ? tout a changé, tout à changer) – un moment particulier, une stase, quelque chose qui nous indique que nous avions tort de n’avoir pas voulu freiner quand il le fallait – je tiens un journal internet depuis pas mal d’années – ces temps-ci il a comme un destin différent – ce qu’il faut comprendre certainement c’est le peu de goût qu’on porte aux grands mots.
Confronter la réalité à ce qui en est dit – sur Dora Bruder, les lieux où elle vécut par exemple – le triangle d’Ornano avec le cinéma – ces choses-là qui n’ont pas d’essence particulière (un peu comme la rue de biais qui relie le carrefour de l’Hôtel de Ville/rue du Renard à l’avenue Victoria, l’arrière du théâtre, le bureau de la préfecture) : ces choses-là (add. du 14 juin 2020 : c’est la rue de la Coutellerie).
Mais aussi vous remercier – d’exister : il y a des jours où on est heureux de vivre sur une planète qui porte aussi des gens bien – même si ce ne sont pas des choses à dire – les choses à dire, surtout, sont importantes comme celles à taire. Voilà tout. Je vous souhaite le meilleur qui reste, comme pour nous tous, à venir.
signé PCH coordonnées
postée le 10 juin, aux bons soins de wtf les éditions Gallimard, 5 (ou 3 ?) rue wtf gaston 75007 Paris (on a entendu le ceo de la boite il y a peu dans le poste, un dimanche matin durant ces événements et ce ne fut vraiment pas un honneur) (épisode 50 du journal de l’air nu).