Carnet de voyage(s) (115)
ce sont toujours les mêmes images – « quand on arrive en ville » chantait-on avant, bien avant – du temps où l’autoradio fonctionnait dans la voiture rouge – je me souviens plus des « princes des villes » – toutes choses n’ayant rien à voir avec cette ville éternelle dit-on
(apparition de la trois cent cinquante neuvième occurrence du roi des animaux en effigie ici) (j’avais préparé un petit dossier avec ceux repérés cette fois-là (c’était au début du mois) mais cette image-là – ou celui-là – y a échappé) c’est au coin de la via del Corso (non au coin du Corso Vittorio Emmanuel deux), quelque chose avec cette ville, la via Frangipane comme Veneto ou Ripetta, l’Aventin que je gravis un jour à la recherche de la succursale bancaire de ma mère – quelque chose avec cette ville
la piazza Navona, ses baraques de Noël, ses manèges, son obélisque et ses fontaines, ses cafés – on logeait à proximité, un rez-de-chaussée donnant plus ou moins sur la poubelle d’un restaurant – juste là (je n’ai pas réussi à me représenter le plan des rues, ici là ailleurs, comment où se trouve le Tibre ? il serpente et coupe en deux la ville)
on croise un vendeur de marrons, on va au musée ? (je crois bien que le lion de cette première image date de ce musée-là – celui de la ville)
un faux plafond, un prêtre qui lit il semble
ou peut-être pas,il admire le paysage j’imagine, à l’ombre des grands arbres
on marche dans les rues, on marche beaucoup c’est qu’on aime ça, on entre dans les librairies, on en ressort, on avance sur les rues et on est parfaitement étonnés de la courtoisie des automobilistes – on a laissé derrière soi les ennuis domestiques financiers professionnels tant d’autres encore – une nouvelle vie
(une des fontaines de la place) c’est une histoire de famille (ma tante, son mari, mon père et son dernier voyage – relié sans doute à son attente à Tarente année quarante quatre où, il n’avait pas vingt deux ans mais quatre mille kilomètres au nord-est…) – les gens, les choses, les ciels
(l’ambassade du Brésil gauche cadre) même s’il a quelquefois plu, on s’en fiche un peu, on marche, on prend un café ?
on marche, le ciel, les églises, toute cette société sainte et mère et sacrée, les ministères, la rue des Boutiques Obscures et la piazza del Gésu – la 4L rouge – la ville ouverte d’Anna Magnani qui tombe sous les balles
oui c’est Marlon avec sa guitare – ça ne me gêne pas, Federico et sa fontaine aussi, Anita et Marcello, tout le monde est là –
le fleuve tout autant
toujours les mêmes images – on passe rive droite ?
on dispose partout en ville de quelque effigie, des anges ou des démons, des oiseaux qui volent
(non,là c’est une feuille…) des constructions alambiquées, neuves, anciennes, vieillies qui changent moins vite que nos âmes – on passe
viens, on escalade cette colline, il y a un point de vue, on va voir ? on marche, à gauche un mur infranchissable interminable serpente le long du coteau – à droite de la ville et des jardins, fermés enclos dans des grillages, on avance, on monte, la statue de Garibaldi (fatalement)
à cheval, un oiseau irrespectueux, c’est Rome en sa rive droite, au loin les multiples coupoles
changent les cieux
on téléphone aux enfants, on redescend, on s’est assis un moment, bientôt le jour aussi descendra, viendront des ombres – il fait doux – on attend un peu – et puis
on repense à la réalité des choses, marcher, acheter deux ou trois cadeaux, revenir sur terre
ici ce serait aller à Belleville en ses jardins, découvrir au loin
on reste encore un moment – on oublie, on se laisse griser par l’étranger si proche – on avance en âge tu sais bien – on sait bien le reste du monde existe – fermer le manteau, il fait frais
la machine à écrire, oui, comme à Belém le monument aux « Poussez pas derrière » – on aime à rire, se moquer un peu de nos si longues existences
il fait nuit, viens on rentre…
MERCI
ai revécu un peu mon second séjour dans La ville, avec justement la place Navona le soir du 24 décembre (avant le Vatican d’où j’étais repartie, petite que je suis perdue dans la foule, dans un bus joyeusement bondé pour mieux la voir sur la télévision dans ma chambre) (ai marché une dizaine de jours chaque fois dans cette ville, sans m’en lasser)
moi et l’orthographe ! (et pire encore avec les noms propres)
La place Navona n’a pas été défigurée par un « artiste » du genre Jeff Koons, c’est toujours ça !
Je me souviens de la première fois où j’ai découvert à Rome l’impressionnante (si j’ose dire) « machine à écrire » : Internet et les ordis n’existaient pas encore… 🙂