30 quai de la Marne (3)
Une petite chanson italienne (c’est que, vois-tu, je pense parfois aussi encore à Venise)
On procède par accumulation (untel a pondu deux mille cinq cents dessins mais est mort si jeune, une autre des milliers de pages dont si peu furent publiées : il s’agit de travailler, ou plutôt : s’agit-il bien de travailler ?). Il y a dans les ciels quelque chose, des objets (le dernier en date est nommé Leslie) qui ressortent de nos accumulations – on en fait trop, on en produit trop et on ne parvient pas même à se servir de cette masse (je pense aux vélos qu’on voyait sur certaines images; je pense au milliards quatre cents millions de Chinois, milliard deux cents millions d’Indiens), on entend dire qu’il faut cesser de faire des enfants, de manger de la viande, de prendre sa voiture – moins loin, moins souvent, moins longtemps : ces bruits , partout, ces morts bientôt, celle du petit Aylan il y a plus d’un an, les guerres, les forfaits, les meurtres… Et nous, avec nos machines, portables, toujours mobiles, on oserait presque le « nomade » et les factures électriques, hébergement, maintenance : faire moins avec peu, frugalité, maigrir et se soigner, le fameux « care » – il est trois heures du matin dehors il fait dix huit – l’étoile mystérieuse de l’enfance, passer un pull quand même, se réveiller en nage, divulguer ses rêves et les évacuer d’un mouvement de tête, la migraine – penser à autre chose – cette femme qui était tombée sur le trottoir, on attendait les secours, il y avait une amie à elle, plus deux jumelles dont l’une tenait une canne anglaise – une béquille si tu préfères – je lui disais « appuyez vous sur ma jambe ne bougez pas trop » elle me remerciait, elle avait mal à son côté droit et moi, j’allais boire un verre avec A. et G. les secours sont arrivés, le type demandait « quel âge avez-vous ? » tout en passant des gants de plastique bleu, elle répondit « soixante huit ans » je suis parti, une jeune fille (ils étaient en orange et bleu, quatre ou cinq, je ne sais plus) l’une d’entre eux tenait le dos de la dame qui avait mal à son côté, j’ai serré la main de tout le monde et m’en suis allé – alors Back to the street dans tout ça ? ces merveilles, portraits de contemporains, la relation qui unit la pause et la prise, deuxième série qui se termine, voilà tout, quelques sourires lumineux, quelques êtres chers, des amies, c’est ça, des amis – ils ne sont plus des inconnus – la dernière fois de cette série – l’amitié qu’on ressent pour ceux qu’on ne reverra plus, la générosité des gens qui parlent avec un inconnu, l’humanité parfois si belle, c’est ce qu’il cherche à capter et qu’il parvient, souvent, à nous transmettre.
ah ils y étaient déjà mais n’importe ils sont magnifiques
Pour finir, quatre amis suivi d’un écorché dirait-on, et de deux fois trois amies (espiègles, probablement)
B2TS (back to the street) une série cumulative pendant le week-end (le dimanche).
La sous-série 30 Marne d’une trentaine de clichés contrecollés sous le pont du chemin de fer entre les quais de l’Oise et de la Marne se termine.
Commencée par des photos elles-mêmes collées sur un des murs qui ceint l’hôpital Saint-Louis, rue Bichat, la première compte douze épisodes, qui regroupent un cinquantaine de clichés/portraits collés sur un mur et qui embellissent la rue comme jamais (elle en a, d’ailleurs, bien besoin – tout au moins ce mur-là). Nos remerciements vont à B2TS, au Chasse-Clou qui nous a indiqué cette magnifique exposition, et à toutes celles et ceux qui ont suivi ce feuilleton. Une deuxième sous-série (je ne la retrouve pas… : les clichés sont un peu disséminés durant la fin du mois d’août 2017 – sous ce lien B2TS si on cherche) composée de huit ou dix clichés a été réalisée avec la présentation sur un des murs (côté Jaurès) ceignant le canal qui, à ce point, devient Saint-Martin (un peu comme l’été que nous vivons ces temps-ci) (il me semble que les clichés se trouvent en très mauvais état, c’est pour ça) (c’est pour ça).
sans compter ceux photographiés avec des mots
Belle série sauvée sans doute non pas des tags mais du temps (intempéries), si l’auteur ne l’a pas fait lui-même…
On se demande quel peintre (de petits formats) oserait se lancer dans la même aventure : à voir ! 🙂
lire : « quel peintre » (le pinceau du clavier a dérapé)…
@Dominique Hasselmann : j’ai remis le pinceau sur la ligne droite
à vous deux, brigetoun et toi merci de passer
Et la transmission si précieuse et vitale d’amitié, générosité, humanité passe par vous : merci !
@l’Employée aux écritures : merci à vous, Employée