Atelier d’été 18.38
où lire et relire (un nouveau plan intitulé oler – en spéciale dédicace à Anne Savelli et à mélico – on n’oublie pas) : isoler quelque chose dans chacune des contributions – ça ne donne sans doute pas un titre à l’ensemble (donné par F. Bon lors du premier envoi, et je le remercie ici aussi) – c’est bien joli d’écrire mais se relire, voilà qui fait aussi quelque chose comme un certain effet – je me disais « le vrai bonheur c’est de dormir avec les gens qu’on aime »; je me disais aussi « l’important n’est pas d’écrire ni d’être lu, l’important c’est de publier »; je me suis endormi, je n’ai pas fait mon billet, il y a une espèce de langueur qui me noie, j’attends que le reste veuille bien passer – il faut que j’aille chez le coiffeur et chez le dentiste – et chez le médecin – je me disais un titre ? et je me souvenais de ce monsieur Desmars, libraire sur l’avenue Bosquet (il me semble) qui, lors de ses premiers emplois en librairie (dans le seize dans les années trente) ainsi que sa femme (cette dame dont les yeux brillaient en évoquant le livre qu’elle lisait alors…) (les fleurs, je me souviens) ce monsieur donc qui nous racontait la venue de Cendrars dans cette librairie et son avant bras manquant et son sourire… (ii image de David Wallard, Blaise Cendrars de trois quart dos, son ami Fernand Léger de face en chapeau)
consigne 38 : jamais dire jamais : en adieu à Cendrars, depuis son texte programmatique « le roman que je n’ai jamais écrit », 10 à 15 titres ou résumés en 2 lignes de livres possibles (ou pas) sur la ville dont vous parlez
1. une des plus belles chansons du monde
2. des livres sur le cinéma (téléphone blanc)
3. compter les entrants
4. ah oui disait-elle, lire j’aime tant ça
5. la chose a trente ans passé
6. cinquante cinq hectares
7. le pêcheur et les écrevisses
8. donne-moi la main
(« je me souviens de vous/de vos grands yeux de jade… »
mais où donc êtes-vous / pour chanter vos aubades… »))
9. conventions collectives (1)
10. « c’est comme si j’avais posé mes valises » / « croyez-vous ? c’est tout droit… »
11. la vitesse de la pensée
12. le sens de la vie, de la mienne peut-être
13. l’écriture des fois on dirait que ça épuise (dedicated to Maryse Hache)
14. bal dimanche après midi
15. réécrire la ville en manteau vert
16. la conscience au travail
17. donner la mort afin que la ville mange
18. le cinéma la chanson le parc
19. merci à la vie
20. c’est ma nature, c’est un peu la même chose
21. tout est souple et simple
22. sans moi
23. le premier travail
24. remplacer la centrale
25. pain beurre sel et poivre
26. on ne joue pas le jeu
27. l’escale – un grain, une douceur, un pli
28. un stade dans la ville
29. aller retour Montbard
30. le fonctionnaire du sixième, la dame avec son chien et la bibliothécaire
31. pour y aller
32. un peu d’histoire
33. dédié aux activités de l’esprit et du loisir
34. 35. la rose des vents
36 (convention collective 2)
37. Jeanne
38. c’est ici
on continuera jusqu’à la fin
il y a un trouble qui s’installe dans cette histoire-là, c’est qu’elle serait censée représenter autre chose que ce qu’elle est : un travail d’une certaine manière achevé, poli, il faudrait tout relire (c’est fait chez soi) mais tout relire aussi un peu partout, il faudrait demander à chacun ce qu’il lit, à chacune ce vers quoi elle tend, quelles sont les distinctions qu’on suppose pouvoir poser sur son propre texte, sur ses propres textes, ce n’est pas un texte, ce sont des idées de textes – il y a des titres qui iraient avec le reste du monde (j’ai lu qu’il se trouvait trois mille trois cents contributions, comment veux-tu ?) nous autres lecteurs, comment veux-tu ? même les miens j’ai une certaine difficulté à les comprendre – le temps passe et l’oubli ombre la mémoire – le point d’interrogation, est-ce que c’est d’abord un point ? et est-ce qu’il finit une phrase ? je ne crois pas mais je continue et j’avance et à chacun j’ai donné un titre pris dans le développement du moment – je n’ai pas ici fait tourner Moondog
– la consigne des vingt minutes s’est évaporée comme toutes les consignes – tu te souviens, dans les gares, avant qu’on les ôte pour cause de précaution vis à vis des attentats, il y avait des consignes où on cachait des trucs et des machins : une ressource presque inépuisable de trucs de scénarios un peu comme les immeubles à double entrée comme le 1 de la rue Lord Byron – j’ai mis Moondog c’est un gimmick, une aide, un soutient – « donner la mort afin que la ville mange, c’est ma nature, c’est un peu la même chose » – on avance en âge, les articulations, les hanches, les genoux, les coudes et le cou, tout se grippe et fait mal au réveil – j’ai attendu un moment avant de savoir ce que c’était que cette misère du corps – je me baigne entre l’île et le continent, en face de moi au loin je distingue si je regarde bien l’Olympe – j’ai entendu qu’on irait jusque quarante cinq, je me méfie des dernières lignes droites – boire un ouzo sur de la glace pendant que le ferry accoste, descendent les autos, remontent celles qui s’en vont – il est tard, il est huit heures et demie, l’industrie, la ville, le vent, le ciel, le monde, les gens, il fait doux, Malou
– ça ne fait pas un titre non plus tellement évident ni représentatif – un titre, le truc, la façon, la main, le signe, l’espèce et le témoin – c’est midi, début septembre, c’est un mois vaqué chômé les portefeuilles et les comptes en banque sont vides dans la classe moyenne – on rentre à l’école on pleure, les courses ensuite les cahiers le reste toute cette détestation par laquelle on ne peut éviter de passer – il sera tard, on entendra rire deux ou trois mouettes, il fera doux en cette fin de saison « il y a une éternité, il y a un siècle, il y a un an » disait Joe Dassin, souviens-toi – il était tout en blanc avec sa coquetterie dans l’oeil – j’ai tout oublié – un titre de chanson, une voix, des mots, un rythme – « tu ne me trompes pas, va avec ton cinéma, ta robe et tes chaussures de la couleur de ta voiture » – le soir au coucher du soleil au loin là-bas sur la mer (revoilà
la photo de Mimizan faite par le robot que je posais hier) – j’ai tout oublié mais je me souviens de tout et d’autres choses encore – travailler, écrire, chanter, respirer – vivre
moi je m’étonne et m’agace de moi-même parce que la pagailleuse s’est, cette fois, appliquée, à volonté contrariée, à créer un lien plus ou moins naturel entre les différents textes qui n’étaient pas faits pour ça (les 20 minutes vu la longueur de certaines contributions je me reprochais de les respecter quand le faisais, me traitant de paresseuse, trouvant que j’effleurais tout avec mièvrerie (comme les remarques familiales m’ont habitué à le faire) – quant au titre trouvé par François Bon j’ai essayé deux fois de le changer (et ceux trouvés n’auraient plus été en phase au bout de trois ou quatre autres propositions) sans qu’il me suive et me suis habituée à sa proposition
la plus joyeuse proposition je pense cette 38 (et vous en avez tiré une grosse bibliothèque)