Atelier 18 en ligne Pierre Ménard Ecriture et photographie – 1
Atelier 1.
Le portrait, la mémoire, l’identité.
Pour un panthéon personnel des acteurs, des chanteurs, des auteurs, des images ou des auteurs (couvertures de leurs livres) : un angle particulier pour les professionnels de la politique.
Choix effectué sans album familial – une seule (46) dans l’objectif d’une histoire à écrire sur mon grand-oncle E. 46 est la photo de son frère – mon grand-père.
Il en manque un nombre incalculable (Gian Maria Volontè, Stanley Baker, Sean Connery, et bien d’autres, dans le rôle de Popeye Gene Hackman, pour ne parler que des hommes).
(Réduire aux acteurs de cinéma peut-être, les réalisateurs aussi peut-être : mais les chanteurs).
1.
Elle se penche vers lui (la môme…), elle porte un habit de cérémonie, le surlignage des revers de sa veste, longuement pourtant lu sa biographie (l’image en est tirée) sans vraiment parvenir à oublier les bains dans le parfum Jacques Fath ou quelque chose ; la prise de vue contient ma date de naissance, le président et son gilet et ses chaines de montre, son embonpoint, il ne se lève pas mais elle se penche – au deuxième plan, le sourire de la femme de lettres, c’est surtout son accent, sa liberté de mœurs et le col de chemise – une autre image montrera les mêmes protagonistes dans des attitudes plus formelles – comme à l’accoutumée, c’est la légende qui crée l’exacte raison du choix. La voir, et se souvenir de ses nombreuses conquêtes, de ses nombreuses chansons frappées au coin de la plus pure mélancolie (jm’en fous pas mal/c’qui peut m’arriver n’importe quoi…), les amours déçues, la préférence pour le bonheur dans la mort, quelque chose de la petite dame en noir, ses obsèques alliées à celles de Jean Cocteau, « ça commence avec toi », et d’ailleurs d’autres clichés de la série sont rattachés à celui-là (Aznavour, Bécaud, d’autres peut-être) mais surtout la date
2.
Bandung c’était l’année dernière (du 18 au 24 avril 1955) ici, c’est à Brioni, c’est le 19 juillet 1956. Bandung, c’est en Indonésie (là où règne Soekarno, cet homme brun au fez) , là c’est une île, Brioni, au nord de la Yougoslavie de l’époque, il y a là Tito (Jozip) qui reçoit ses amis Gamal Abdel Nasser et Jawaharlal Nehru (celui qui a succédé à Gandhi après son assassinat, en août 48) afin de signer avec eux un protocole qui conduira au mouvement des pays ou des nations non-alignées (qui ne se situent ni dans l’obédience de l’union des républiques socialistes soviétiques ni dans celle des Etats Unis d’Amérique). J’aime cette fleur au revers de la veste de Nehru et sa main qui serre la manche de la veste de Nasser, le sourire de celui-là (on ne distingue pas sa coquetterie dans l’œil), et la pochette noire de Tito. Il y a une autre photo, en couleurs celle-là, le costume blanc de Tito, ses mocassins du même métal, Nasser et Nehru qui avancent vers l’opérateur. Il fait chaud sur l’Adriatique, seize ans plus tard, ce jour-là, mon père mourra à Paris.
3.
Louis Jouvet et son eczéma, ses gants blancs, sa résidence sur le quai Louis Blériot dans le seize quand même, la croisière du début des années quarante, son mépris du cinéma, mais ses rôles magnifiques : celui de Quai des Orfèvres, inspecteur-chef Antoine (tel le théâtre), sur l’image un bouton de son gilet assorti à sa veste n’entre pas dans la boutonnière idoine, une sorte de débraillé délibéré, la chaîne de la montre comme le nœud papillon, et puis et puis les photos de Simone Renant (Dora) son métier et ses moeurs non-orthodoxes, cette merveille des photos d’art comme on dit, le soir de Noël, tu te souviens les années soixante donc, plus tard, cette histoire qu’on ne comprenait alors que mal, ces soirs là où passait Belphégor à la télé, la neige, mais ce film, et le petit enfant (adopté ? sa mère disparue ? je ne me souviens plus) mais métisse, comme l’intitulé de l’histoire à venir, et de tous les seconds rôles qu’on voit là, celui de Brignon (Charles Dullin, compagnon de théâtre, cette merveille de Volpone, tu te souviens) tout le cinéma, toutes ses histoires, toute cette panoplie de sentiments et de situations, s’asseoir le fauteuil le velours, attendre, la lumière qui fuit, les cartons de la production, et la musique… (il faudra le revoir)
132 occurrences.
Début 2008.
- Amalia mais elle ne sourit pas ; ses mains serrées devant elle, et ses cheveux courts
- Martin Scorcese et quatre des affranchis : une bande cinq voyous
- Anna sa main droite retient ses cheveux, c’est dehors il fait soleil
- Antony Eden, penché en avant, légèrement souriant, dans son bureau qu’on ne voit pas
- Charles Aznavour, vingt-cinq ans, qui doute sûrement de l’amour qu’elle lui porte
- Robert Zimmerman et D.A. Pennebaker tournage soixante-deux ou trois lunettes de soleil clopo
- Lino accoudé à la caméra et Jacques Brel derrière lui qui rit comme lui
- Le guépard, son écharpe blanche et ses favoris (il arrive au bal) (ou alors il s’en va)
- Cary Grant qui ne veut pas qu’on le photographie
- Casque d’or et Manda, elle et son voile, lui et son foulard noué à la diable
- D’un film dont je ne me souviens plus bien, un garçon (il se nomme Cem, il est de dos) et sa mère de face qui porte un collier qu’il vient de lui offrir il me semble
- Cesaria qui chante cheveux courts et ces ors aux oreilles autour du cou en bracelet en bagues
- Claude Chabrol de face souriant, Michel Bouquet qui le regarde et sourit aussi
- Krisztina Rady est morte le même jour que Mano Solo
- Couverture d’un livre souvenirs de Pierre Brasseur (Merci !)
- (L’une des trois) Edith Piaf à qui Edouard Herriot fait une bise, derrière elle Colette qui sourit
- Erri de Luca il sourit devant un de ses amis qui brandit un drapeau « No TAV » une image de train barrée dessus
- Deux billets de cinéma sur l’un Fernandel qui fait un peu le pitre, sur l’autre De Niro soucieux
- Jean Gabin et Simone Simon la main dans la main, derrière elle et lui, la loco
- Ava de profil cheveux courts, regarde à gauche cadre, derrière elle Grace Kelly casque colonial sur la tête cheveux courts qui regarde Ava peut-être bien envieuse
- Harpo Marx qui met en joue une touche du piano (chapeau et rires à venir)
- Michaël Caine qui boit un thé je crois bien
- Irène Papas, voilée de noir, et Francesco Rosi qui sourit (lunettes de soleil aviateur, montre de prix) ils sont à l’église
- Richard Widmark allongé avec la blonde Doris Day sur un sofa (ils sourient, serrés)
- James Baldwin souriant (le marcel, la chemise à carreaux, les arbres)
- Jeanne Moreau est blonde floue et sérieuse (ascenseur pour l’échafaud)
- JMG le Clézio en image dans la vitrine Delamain – le reflet de l’immeuble et les inscriptions en blanc)
- Jorge Semprun quand il est mort cheveux blancs poches sous les yeux grave
- Une image de la mère du héros de l’Eclipse
- Deux fois Luciano Tovoli en couleurs en vrai en noir et blanc en photo
- Patrice Lumumba va à la mort (marcel pantalon, descendant d’un avion les mains derrière le dos entravés par des menottes sûrement – la torture)
- Pochette d’un disque de Mano Solo (Velours violence) (chapeau micro)
- Manoel de Oliveira chapeau lunettes gros plan chemise portugaise rayée bleu blanc beige
- Marcel Ophuls les mains cachent ses yeux, ses lunettes sur son crâne chauve
- Marcello dans 8 et demi et le jardin aux sculptures
- Marlon Brando cheveux mi longs clairs col roulé
- Max Roach jeune de profil sur fond jaune, lunettes et petit symbole sur la branche
- Paul Bley au piano de loin surex (il est en polo rouge, pantalon foncé, comme son piano noir)
- Marylin Monroe et Paul Newman envers de deux tickets de cinéma
- Peter Falk en Columbo (imperméable, dubitatif)
- (la deuxième) Nasser, Nehru et Tito (sans doute inauguration du barrage d’Assouan) (très floue très loin)
- Allain Leprest main gauche levée micro il ne chantera plus
- Robert Castel devant un mur main à la poche, gilet de sociologue et veste
- Pino Danielle qui regarde droite cadre, alliance menton en main
- Pol Pot avec son aide de camp et leurs écharpes fond rouge (télé arte)
- Grand père dans son habit d’avocat
- Sam Fuller à la fin de sa vie, il fume un cigare bâton de chaise
- Alain Delon dans Rocco et ses frères (ses frères derrière lui la casquette l’hiver le train)
- Willy Ronis autoportrait dans la glace et la cuisine
- Portrait de Roney Mara dédicacé (par le CC)
- Rosetta le rose aux joues le rouge de son habit
- Le jour de la mort de Hurricane (Rubin Carter)
- Anouar el Sadate (il va bientôt mourir assassiné) et son successeur Hosny Moubarak
- Klaus Maria Brandauer il joue le père de Tetro
- Théo Angélopoulos flou il est mort renversé par une voiture, sur le port du Pyrée, il tournait
- Bertrand Delanoé sur une affiche vantant la Tunisie
- Derrière Valéria Bruni-Tedeschi et sa mère dans une salle des ventes, on aperçoit Omar Sharif
- (la troisième) Louis Jouvet à Simone Renant « vous êtes un type dans mon genre »
- Delphine Seyrig et la soupière de Jeanne Dielman
- Umberto Ecco et son chapeau et son sourire
- Abbas Kiarostami son sourire et ses lunettes fumées
- Al Jarreau la radio la voix
- Aurore Clément en Anna et ses rendez-vous à la gare de Bruxelles Nord
- Ava (Gardner) et Lana (Turner) robes du soir décolletés floues en plan américain
- Charles Aznavour (versez, versez m’en encore pour que je m’enivre) la cravate dénouée les yeux fermés
- Bette Davies (cette merveille en Eve) et son mari ami (Gary Merill)
- Charlotte Delbot son collier et son fume-cigarette
- Brooke Ayward et Groucho Marx en gilet
- Cary Grant (au studio 28) je crois que c’est une clé qu’il a à la main
- Chris Marker et des images de chat et autres
- Christian Bourgois et des auteurs (Suzan Sontag, Salman Rushdie, Toni Morrison)
- Trois pochettes de disques : Colette Deréal (en bleu), Colette Renard (entend-elle quelque chose) et Cora Vaucaire (grand prix Charles Cros 1955)
- Dalida laissez-la danser
- Dave Johns en Daniel Blake devant le mur tagué du pôle emploi anpe locale
- Alain Resnais et Delphine Seyrig, c’était l’année dernière, à Marienbad
- Denise Glaser et le livre de Didier Daeninckx
- Dorothea Lange qui sourit en 35
- Charles Dumont et la fleuriste « comme vous lui ressemblez »
- Quatre personnes dans le vent (STGM2, son prince qu’on sort, son fils et sa roturière de femme)
- Ella
- Elli
- Robert Bober devant Georges Perec devant Manhattan
- Sophia Loren qui tient la tête de Marcello, une journée particulière, celle du 21 janvier 2015 où mourut Ettore Scola
- Frederico Fellini plus Anouk Aimée plus Marcello, huit et demi
- The voice (le micro)
- Les Rita Mitsouko dans l’expo
- Freddie Mercury et son régime
- Gena Rowlands qui veut chasser le démon (soit sa belle-mère)
- Gene Tierney (mais pas en Madame Muir)
- Grace Kelly et sa belle-sœur (le vieillard derrière, en noeud papillon)
- Groucho son cigare et son t shirt Mickey mouse
- Un homme au chapeau pris par Walker Evans années 20 ou 30
- Marcello sur le toit de la voiture huit et demi
- Elle chante en s’accompagnant à la guitare, une femme magnifique et géorgienne
- Ingmar Bergman avec son œilleton (comme Delphine)
- Ingrid Bergman au studio 28 comme Cary Grant
- Jacques Becker étranglé d’une pellicule – et son sourire
- Jacques Lassalle dans un couloir blanc comme sa veste
- James Joyce quelque part sur l’eau
- Jane Fonda qui n’y croit pas ou qui a peur
- Jean Renoir à la fin de sa vie (il n’y croit pas on dirait)
- Jeanne Moreau et Luis Bunuel « le journal d’une femme de chambre »
- Jean Gabin et Jules Berry¸ le jour va se lever plus tard
- John Cassavetes et Ben Gazzara, un bookmaker chinois sans doute
- Johnny qu’on lui donne l’envie
- Katherine Mansfield morte à 33 ans
- Lady Diana sur un objet dérivé
- Humphrey et Laureen, apparaît John Huston en bas 1948
- Le duc de Windsor et son épouse espionne du Reich numéro 3
- Le séant de BB qui permit la production du Mépris (Michel Piccoli en scénariste)
- L’homme au chiffon rouge
- Lyndon Johnson, la guerre du Vietnam et le néon du bar
- Marceline Loridan (peut-être pas encore Ivens faudrait voir) qui interroge un type « êtes-vous heureux ? »
- La merveille de la fin de Huit et demi
- Marguerite Duras qui rit, profil lunettes col roulé
- Maysaloun Hamoud, réalisatrice palestinienne et son tatouage probablement faux, le titre de son film (les couleurs des ongles)
- Audrey Hepburn plus Truman Capote plus Mel Ferrer (cliché photomaton Richard Avedon)
- JP Melville sans lunettes bureau abat-jour fauteuil clouté
- Nicolas Bouvier et Thierry l’usage du monde
- Otto Preminger derrière Kim Novack
- Pablo Neruda et sa pochette contre plongée
- Patti Smith douze ans de face elle sourit
- Peter Lorre si bien coiffé
- Peter Sellers si docteur Folamour ou la Party
- Pablo Picasso le dernier des mohicans
- Monsieur Cent Mille Volts
- STGME2, son prince consort et le président kazak et sa fille
- Lui a offert des costumes à François Fillon
- De dos, le Samouraï
- Le secrétaire général de confédération générale du travail devant les LIP en 1973 (Georges Séguy)
- La moitié de Jacques Demy devant la pâtisserie de la rue Daguerre
- L’abruti (crâne d’œuf et ses cheveux) dans son costume cintré et étriqué qui sort, tellement fier de lui, de l’hélicoptère – l’image animée prise par Depardon est certainement meilleure
à déguster en y reconnaissant des souvenirs (quand notre génération constitue presque une famille)