Oublier Paris #77
c’est à la nuit, vers six et demi, la rue, les lumières, les bureaux se libèrent
bus voitures motos humanité couverte emmitouflée pressée marcher et avancer ne pas chercher autre chose que la lumière
sensiblement égaux les uns aux autres barbes de trois jours entretenues pimpantes et maquillées sentier startup quelque chose de ce monde-là nouveau peut-être
un verre s’en jeter un attendre sur le trottoir qu’une table à l’intérieur se libère entre soi boire se détendre attendre
rire téléphoner écrire lire capuches gants écharpe clope i grec, j’ai à l’oreille – sans casque, non merci – cette chanson magnifique
tellement américaine , et cette femme qui fait « vous les préférez à point ou grillés ? » son tablier et sa spatule, derrière le comptoir
un bar comme il y en a des milliers, et ça dégorge sur le trottoir parce que fumer à l’intérieur tu te souviens c’est fini ça importune le reste de la clientèle
comme au cinéma, comme un peu partout, la « précaution » dont on s’entoure, cette horreur de tentative de contrôler quelque chose comme sa santé, son souffle, son rythme cardiaque, courir le matin, entretenir sa forme et pour cette peine porter des baskettes à cent euros la paire dans des tons tellement originaux et personnels
on aime à se savoir unique, on passe, le métro en dessous est bondé suit le chemin de la rue du 4 septembre, on dépasse cette débauche de lumières en pensant à cette place, Santa Maria dei Fiore, et au cocktail qu’on y dégustait au printemps de quelle année, déjà, je ne sais plus, il y a un temps pour tout, aller dans ces rues, fumées des autobus qui ne fonctionnent plus qu’au gaz, « invitation to the blues » et son piano qui se déhanche, « plaisanter avec les clients, merci merci monsieur Percy, ne laisser rien à Jersey derrière soi qu’une jalousie bafouée et un type, resté là-bas, un rêve, oui, un rêve et une bataille contre la picole »
une flûte de champagne, une olive, un sourire et un peu de chaleur
« LIght is Life » (le peintre américain Frank Stella, né en 1936)…
#Dominique Hasselmann : comme dans ton billet du jour, alors… (merci aussi) :°))
on peut aussi refuser de penser à sa santé et vivre sans (bon on risque de le payer – et en ce cas il reste le blues, pour autres causes que cette retenue)