Vingt deux cent quatorze (an II)
C’est petit à petit aussi que les choses changent : par exemple dans ce journal, il ne se trouve plus d’images, ou de photo ou d’illustrations de ces gens qui nous côtoient jour et nuit
c’est à se demander comment on occupait nos mains dans le métro voilà vingt ans – nous ne sommes pas digital native comme dit la vulgate (elle le dit moins, c’est vrai), nous avons appris en allant et personne d’autre que nous n’a voulu nous acheter ce type de « petit robot qui va venir/il est joli ton avenir » c’est une chanson de Le Forestier ça – la vulgate ces temps-ci a adopté un « on ne va pas se mentir » poisseux et aussi obscène que le « décomplexé » d’il y a quelques années
hier soir c’était ciné (dans cette enseigne, on a eu droit – c’est la climatisation qui attire le pékin (moi, en somme) et il entre un peu avant la séance de vingt heures, pour un film qui doit durer ses quatre vingt dix minutes réglementaires (en vrai 85) – à une quinzaine de publicités aussi odieuses et malsaines que les neuf ou dix films annonces – la place est à 6.9 si tu en achètes cinq d’un coup, c’est la pire des vulgarités, celle du commerce – en entrée de cinéma des gens t’offrent un (on ose à peine intituler ça un) journal si tu t’abonnes (ou pas je suppose qu’ils ne vont pas te le refuser) (c’est ce monde-là : c’était la fête du bruit, hier soir)
des types faisaient la manche, on devait avoir aux épaules dans les trente cinq celsius et le soleil baissait, c’était « Nothingwood » (Sonia Kronlund, 2016) qui raconte le voyage d’un réalisateur de films dans une Afghanistan en guerre (depuis peut-être tente ans) : dans le film, recommandable – mais comme on sait (?) le genre documentaire me fait profondément braire – ça tombe bien, ça rime – j’ai distingué trois lignes narratives, celle de la sexualité, celle de la guerre et celle du cinéma; particulièrement allégorique de la place de la femme dans cette société, l’interview d’un combattant vêtu comme eux, ces combattants, ordonnent aux femmes de se vêtir (sinon dit-il, on le tuera : comme elles, donc) : une espèce de burka lunettée de soleil; la présence en voix off et à l’image de la réalisatrice est assez préoccupante sinon envahissante mais on s’en fout (OSEF en spéciale dédicace à l’amie d’Avignon) un petit peu. Ici un cliché pris (site de la quinzaine où le film a été présenté) après (je suppose) la projection au dernier festival de Cannes
le réalisateur, acteur principal (deux femmes, quatorze enfants : il nomme « mister Sonia » la réalisatrice) du film de la réalisatrice (elle fut scénariste de « Rai » de Thomas Gilou, (1995) avant de produire des émissions de radio (« Les pieds sur terre » france cu vers 13.30 en semaine)), heureux tous les deux. (je ne trouve nulle part les noms des autres acteurs de ces films (parmi lesquels figurent des enfants de ce réalisateur) et c’est très dommage, je chercherai sans doute, seul reste celui du premier rôle (et de la réalisatrice) : le film, pourtant, regorge des fictions produites par l’acteur principal).
Et là, le même en faisant, comme à son accoutumée, des tonnes dans le registre d’un bonheur qu’il est bien obligé de montrer (mais non de mimer : la guerre tue tous les jours, tous les jours, tous les jours, et les flots de sang la colorent : une horreur…) (à l’arrière plan, deux des acteurs récurrents des films de Salim Shaheen)
On en reparlera peut-être dans la maison(s)témoin (où on a changé la photo de Sam Fuller en celle qui le représente donnant le cri de « action! » avec un lüger de bien triste souvenir).
On s’en va un peu à la campagne, back in Babylone dimanche ou lundi (buvez de l’eau…)
et vous profitez de la fraîcheur verte
Les cinés réfrigérés, mais il faudrait voir des films qui se passent au pôle Nord ! 🙂