Oublier Paris #68 (172 st Jacques)
Billet en spéciale dédicace et à L’Employée aux écritures et à Marcel (« j’ai fait la vaisselle/j’ai descendu la poubelle ») Proust.
Se saisir d’un billet (mais non de banque) de l’Employée aux écritures qui erre en son cinquième constitue la première partie d’un travail (quel temps perdu…!) acharné mais suivi (on tape dans la pointe Cardinal Lemoine, on y vaque, on y fut). Une recherche à rebrousse-temps, une période de dix années pour faire revivre ce qui fut (voilà qui est bien présomptueux, mais tout à fait dans l’ordre de pensée de la firme qui appointe le robot et son servant…)
Aujourd’hui (c’est bien aujourd’hui), voici un presque coin de rue capturé en mai
puis en août 2008 (le robot a de ces lubies : à trois mois d’intervalle, aller se baguenauder en ces lieux latins, drôle d’idée du temps qui passe) (on porte à la connaissance des lecteurs que les deux coins de cette rue Soufflot, de ce côté-ci de la rue Saint-Jacques, sont occupés par des « agences » bancaires)
(On aperçoit la cabine téléphonique, droite cadre). Le type qui fume est sans doute le libraire et l’état de la marquise suggère une sorte de laisser-aller (cette échoppe avait ce caractère un peu jm’enfoutiste) (ou un signe avant-coureur de la cession espérée prochaine) et aussi cette chanson de Georges Brassens (emprunté à je ne sais plus quel poète) « marquise si mon visage… » etc… (on peut, à raison, indiquer au comptoir qui s’installera ici qu’on lui dédie la dernière strophe -ce sont les mots de la marquise- de cette chanson qu’on aime) (« on m’a vu ce que vous êtes/vous serez ce que je suis… »).
Un peu plus tard (on repère, on capture, on taille, on contraste, on redimensionne, on range: voilà le travail) c’est septembre 2010 (excuser les raccords image un peu défaillants)
tandis qu’un type kostar s’affaire à essayer de comprendre les tenants et aboutissants de la location temporaire d’un biclou municipal en surcharge pondérale, les deux types sous la marquise un peu vieille ourdissent sans doute quelque chose (ou rien) (les caves qui jouxtent auraient mieux fait de capillariser sur leur gauche si vous voulez mon avis – alors que si je comprends bien, c’est l’établissement de droite qui a eu cette manie- car à l’argent on préfère le vin, il en est ainsi). Autre chose :
juin 2012 (le type main en poche si jamais il voyait un livre à acquérir (en solde ou d’occasion), la marquise tendue semble aller un peu mieux mais les étals sont toujours assez négligés), où en est-on ?
patatra !!! c’en est fini (les touristes empruntent les vélos, juillet 2014), l’enseigne existe encore mais plus pour longtemps (la jeune fille au casque, le type au sakado chauve, mais la cabine téléphonique toujours) mais
c’est mai 2015 : le bail désormais « à céder » (on en ignore la surface mais le numéro de téléphone n’est pas flouté : malheureusement pour appeler, point de cabine… on décèle son existence sur le sol encore meuble, mais plus pour longtemps) (j’ignore si le type debout, là, est un ectoplasme posé là pour faire joli, mais il ressemble à celui de la dernière image…), on continue en juillet 2015
de face. Le matin, le soleil pointe, personne : seul un triste vélo contemple la nudité cruelle du rideau de fer. Enfin
on a gommé le « à céder » car l’endroit l’a été, le type emprunte son vélo, reste une vague trace sur le bitume (une date bituminique existe sans doute : à voir), nous sommes en avril 2016, le type (je vous le donne au zoom, décadré) sakodo
baskettes emprunte ou dépose comment savoir ?, les petites diodes vertes clignotent, et les bouteilles dans la vitrine du caviste se sentent (peut-être ?) menacées.
Photos courtesy of (wtf) GSV.
allaient bien avec les livres les bouteilles
iront bien d’une autre façon avec une banque de plus
Magnifique ! Merci ! Je m’en vais faire de ce pas un additif-correctif à mon billet puisque « Le temps retrouvé » était toujours ouvert en 2008 et jusqu’en 2012…
« Le temps retrouvé » à céder: belle confrontation et offre picturale !