Vingt deux Trois cent quatre vingt sept
souvent beaucoup de scrupules m’accablent : la légitimité de dire ce qu’on pense, sans doute, pourquoi pas d’ailleurs, je reste et je regarde passer le monde, ici une moto à trois roues a brûlé
je me dis « ai-je le droit de prendre cette photo là, ici ? » (c’est aussi, surtout, que depuis quelques temps déjà je vis dans un lieu où l’ambiance m’étreint, j’en hais les tenants, je n’aime pas cette façon de ne pas dire bonjour, de regarder ailleurs qui me fait tant souvenir de celle de la Tunisie, une sorte d’ostracisme, un dégoût vraiment du fond du passé qui revient qui ne passe pas (Henry Rousso, je me souviens)), qu’importe je documente, là la grue de la rue plus bas
de même pour cette photo, je la prends je vois le monde me regarder faire, quelque chose d’indigeste, et puis les divers bruits qu’on perçoit toujours quand on marche dans les rues, ces mots « j’ai pris deux places pour les fourberies et le lendemain on ira au planétarium » ou les « je pars en Australie pour un tournage » ou ailleurs, ou qu’en sais-je, je passe, j’enfonce dans mes poches mes poings, je lis en marchant parfois
et puis celle-ci qui s’en va son chemin sur la rue des Pyrénées…
J’asq 17. iktsuarpok signifie, en inuit « attendre avec impatience et regarder sa montre toutes les trente secondes » et que « la lumière qui filtre dans les cerisiers en fleurs » se prononce komorébi en japonais (merci pour ces traductions à CJ)
vais essayer de retenir ikrsuarpok mais ne me garantis rien
komorébi aussi j’aime, mais comme j’ai du corriger deux fautes de frappe en le recopiant, je crains qu’il ne soit qu’un sourire passant
(et j’ai scrupule de m’appliquer, ces temps ci, à ne pas entendre et à filtrer ce que vois… sans d’ailleurs y arriver parfaitement
« Les poings dans les poches »… un beau film !