Treize deux trois cent quarante neuf
ce samedi à Bobigny, pendant que j’étais au turbin, au bout de la ligne qui part de la place d’Italie, la police et les manifestants étaient les uns devant les autres, plusieurs milliers (quatre ou cinq sans doute) on s’est battu, on a ri
on a protesté contre ce qui se passe à propos de ce jeune Théo
dont le sort, terriblement contemporain, a été sans la moindre vergogne requalifié par une inspection générale qui n’a aucune honte (on appelle ça depuis le temps du minuscule nano un bientôt peut-être sous les verrous – on a le droit de rêver – une police décomplexée) et qui est censée faire la lumière sur des faits inqualifiables.
On se souvient de Clément, assassiné par ces brutes immondes probablement affiliées à on sait bien qui : on se souvient aussi de Romain D. blessé dans les manifestations contre la loi travail (cette honte encore de ce pouvoir), on s’en souvient parce qu’ils sont blancs. On se souvient tout autant d’Adama et de tant et tant d’autres comme Zied et Bouna, et cette idéologie qui frappe toujours et encore les jeunes, tous des jeunes, qui affrontent donc l’ordre établi et la violence légitime.
La réponse du pouvoir (je regardais au café le ministre intérieur qui y allait de ses « calme », « tranquillité » » la justice passera »), et cette nuit vers Argenteuil aussi encore. Le temps de Malik Oussekine mort par la grâce des policiers, j’en passe et des terreurs, j’oublie je préfère, j’écoute de la musique, je lis des livres, je mène mon travail, j’essaye de surnager, je négocie des échéanciers, les enfants grandissent, les vieux périssent, il y a de l’ombre sur les photos, c’est lundi
tout à l’heure j’irai porter des fleurs à ma tante (j’espace les visites, elles me blessent mais pourquoi ? je les espace), les types qui se confrontent pour la place de président sont dans un sale état (celle qui est sur la ligne départ tient sur ses appuis : la police a raison – cette nausée, cette horreur) et auront-ils nos suffrages ?
Il faisait assez beau, tout à l’heure près des bassins, les mouettes cherchaient quelque chose à grignoter j’imagine, je rentre je m’en vais, je pars, non pas tout de suite, encore et encore et encore travailler…
Croisé dans le « Voyage de noces » connexe aux dix romans deux ou trois occurrences (dont un « Souza » à Rio de Janeiro) : sans le savoir d’avance, cette piste est féconde et on verra ce qu’elle donnera – la liste est arrêtée, sera publiée dans la rubrique incessamment).
Hommage à lui, qui s’en est allé hier, Al Jarreau, salut l’artiste (cette voix…)
merci pour la beauté des images